lundi 9 mai 2011

LE SURVIVANT - 9 mai 2014

A défaut de pouvoir être tous exterminés, les morts-vivants peuvent se rendre utiles. Malgré eux. Trahissant ainsi leur congénères. Les morts-vivants que le capitaine Verney a ordonné de stocker dans nos cellules ont été reconvertis en gardes du corps. Enchaînés à chaque soldat désirant évoluer à l'extérieur tout seul, ils offrent une couverture idéale. Au plus proche d'un vivant, l'odeur du zombie agit comme un masque ou un bouclier. Or, nous savons que les zombies ne s'attaquent pas entre eux. Bien sûr, ce n'est pas sans risques et c'est loin d'être le camouflage parfait, mais les essais pratiqués ce matin avant la sortie du blindé et de la camionnette se sont révélés plutôt concluants. Une bonne coordination est nécessaire car les zombies, mêmes incapable de mordre ou de saisir de leur proie ne sont pas domestiqués. Leur tendance à coller leur "partenaire" est autant un bénéfice qu'un handicap.
Toutefois, rendons à César ce qui appartient à César. L'idée n'est pas de Verney, ni même d'un autre soldat, mais de Morrison comme il nous l'a expliqué lui-même durant le repas. Il l'avait soufflé à Thibault, il y a de cela bientôt un mois. Ce dernier avait dû le noter et Verney a recyclé l'idée. 

Il a plu toute la nuit et une partie de la matinée. Les soldats ont été forcés d'attendre une éclaircie pour conduire les essais et, enfin, mettre le convoi en branle. Outre la recherche de vivres; leurs missions a consisté a réparer l'alimentation en eau du camp. Notre eau est fournie par un énorme puits situé à 800 mètres du camp. De par sa taille, c'est une version expérimentale des puits domestiques. Mais le principe reste le même. En cas de sécheresse du puits, l'alimentation du réseau normal prend le relais via des clapets et des vannes, le tout assisté par électronique. Ce sont ces clapets et ces vannes qui étaient en panne, causant depuis quelques jours des coupures d'eau inopinées. En tout, il aura fallu trois bonnes heures pour tout remettre en état. Le convoi n'est pas rentré avant la tombée de la nuit.

Ils ont ramenés de belles réserves de papier toilettes, trois cartons de médicaments divers, une chiée de céréales pour le petit déjeuner (mais presque pas de lait pour aller avec), un grand nombre de conserves de légumes et de plats cuisinés (surtout de la choucroute, infecte si elle n'est pas réchauffée) et quelques briques de jus de fruits. Frédéric avait demander des livres, des magazines, ... bref, de la nourriture pour l'esprit. Mais le concept n'étant pas vraiment prioritaire pour ce brave Verney, cette commande est passée à pertes et profits. Pour le reste, l'expédition n'a pas été de tous repos. Comme en attestent les quelques impacts de balles sur la camionnette. D'après Deschain, il s'agissait d'un pillard à moto. Il a ouvert le feu sur le convoi à bonne distance. Lorsqu'il a compris qu'il avait eu les yeux plus gros que le ventre, il a détalé aussi sec. Mais ce n'est pas dit qu'il ne s'agisse pas d'un éclaireur, faisant parti d'un groupe plus conséquent. Cette nuit et pour la semaine à venir, juste au cas où, les rondes seront doublées. 

Alors que l'infirmière Gueydan était plongée dans des manuels divers de médecine, tentant d'ingurgiter un savoir qui pourrait lui permettre de pallier à la perte du docteur Denoy (ce qui ne sera jamais le cas), je suis passé rendre visite à Thomas. Il est plutôt courant que les personnes en proie à des délires, ou sous l'effet de tranquillisants maousses, fixent le plafond, les murs ou tout autre point indistinct. Ce n'est pas son cas. Il m'a vu entrer dans la pièce et ne m'a pas quitté du regard, me fixant intensément. Ses yeux sont rouges, injectés de sang, bouffis à force de pleurer. Mais il a trouvé la force de me sourire. Un sourire affreux, rempli de tristesse et de démence. "Tu n'es pas réel", s'est-il contenté de me dire.

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