mercredi 25 mai 2011

LE SURVIVANT - 24 mai 2014 (épisode #60)

Passer son chemin. Détourner le regard et tailler la route. J'ai bien retenue la leçon et je l'applique sans la moindre arrière pensée à présent. Traitez-moi de lâche encore une fois si ça vous chante. Mais tout le monde a mis la chose en pratique, au moins une fois dans sa vie. L'instinct de survie est le plus fort de tous nos instincts. Il nous d...irige. Il nous définit.

Voir un mec se faire déchiqueter par une horde de morts-vivants, c'est une chose. C'est lent, c'est sale, ça vous marque à vie. Mais voir un mec se faire tailler en pièces par une meute de chiens affamés, c'est une tout autre chose si vous voulez mon avis. Les griffes et les crocs qui déchirent les chairs, les aboiements frénétiques, ces regards d'animaux enivrés par le sang. Le meilleur ami de l'homme, notre esclave, notre victime parfois, s'est finalement retourné contre nous. C'est un peu comme un énième pense-bête. Nous ne sommes plus l'espèce dominante. Nous ne sommes plus rien. Et les chiens se sont joint à la fête pour finir le travail. Je ne leur en veux pas.

Je pensais être la proie, mais je me trompais. Les aboiements n'ont cessé de se rapprocher depuis le début de la journée. Je me suis refusé à courir. J'ai gardé le même rythme de marche. Inutile de leur montrer ma peur. Mais je suis resté tellement concentré sur les chiens que je n'ai même pas remarqué que je n'étais pas le seul survivant dans les parages.
Un adolescent, quinze ans, peut-être seize. Lui ne s'est pas privé de courir. J'ignore sur quelle distance la meute l'a coursé mais c'est la fatigue qui a eu raison de lui. Soudain, au milieu des aboiements, je l'ai entendu chuter lourdement au sol. J'ai vite compris. Le bruit venait de ma gauche. Je me suis mis à l'abri derrière un remblais. Là, j'ai vu. Le jeune se débattant à terre, entouré de huit chiens au poil tâché de sang. Un berger allemand, un golden retriever, un dogue argentin et d'autres. Je ne me suis pas attardé. Ils étaient occupés, autant en profiter.

Passé le milieu d'après-midi, j'avais mis suffisamment de kilomètres entre moi et la meute pour me détendre à nouveau. J'ai tué les quelques zombies qui se présentaient à moi sans vraiment y réfléchir. Le geste est devenu mécanique depuis un bout de temps. A nouveau, j'ai parcouru plus de 50 kilomètres. J'ai trouvé mon refuge pour la nuit dans la commune de Faverolles. Le temps est à la pluie. La pluie lave le sang et se débarrasse des odeurs. C'est une bonne chose..

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