Réalisé par John Carpenter - Sortie US le 14 décembre 1984.
Scénario : Bruce A. Evans et Raynold Gideon.
Musique : Jack Nitzsche.
Directeur de la photographie : Donald M. Morgan.
Avec Jeff Bridges (Starman), Karen Allen (Jenny Hayden), Charles Martin Smith (Mark Shermin), Richard Jaeckel (George Fox), ...
Attiré sur Terre par le message de paix et de bienvenue de la sonde Voyager, une entité extra-terrestre s'écrase près de la maison d'une jeune veuve, Jenny Hayden. Afin de pouvoir communiquer avec cette dernière, l'entité prend l'apparence du défunt mari de la jeune femme, ...
Étiqueté comme spécialiste de l'horreur, John Carpenter s'essaie, pour la troisième fois de sa carrière (après la comédie DARK STAR et le biopic télévisuel LE ROMAN D'ELVIS), à un changement de registre. Ainsi, il n'est pas interdit de considérer STARMAN comme l'antithèse absolu de THE THING, autre film de science-fiction où le contact avec une forme de vie extra-terrestre promettait l'extinction de notre civilisation. STARMAN, au contraire, prophétise des lendemains meilleurs.
Ce n'est un secret pour personne, l'échec sans appel de THE THING au box-office américain face au messianique E.T., L'EXTRA-TERRESTRE de Steven Spielberg fut une expérience amère pour John Carpenter. Sanctionné pour sa violence et son extrême noirceur, le premier gros film de studio du cinéaste échoua à l'installer parmi les réalisateurs qui comptent à Hollywood. Sincère dans sa démarche, STARMAN n'en sonne pas moins comme une revanche en bonne et due forme. Au huis clos de THE THING, STARMAN oppose les grands espaces américains sous la forme d'un road movie. Au casting choral et exclusivement masculin de THE THING, STARMAN préfère une approche intimiste (trois personnages principaux, les autres ne sont que secondaires) et un point de vue exclusivement féminin, celui de Jenny Hayden (magnifique Karen Allen), jeune femme brisée par le décès de son mari. La liste des oppositions entre THE THING et STARMAN peut continuer encore longtemps. Pourtant, pas de doutes, derrière le caméra, c'est bien le même homme.
S'il partage le même optimisme que Spielberg et son E.T., STARMAN se veut bien plus lucide, terre à terre. STARMAN n'a rien d'un conte où l'on s'émerveille et on retrouve son âme d'enfant. C'est un drame incroyablement adulte centré sur le deuil, ainsi que sur l'ignorance et la peur de l'autre. En choisissant d'investir le corps du mari décédé de Jenny Hayden, le Starman devient une incarnation physique de la douleur de cette veuve. C'est en côtoyant ce fantôme, d'abord contre son gré, que la jeune femme va trouver l'opportunité de dire adieu à l'homme qu'elle aimait pour embrasser une nouvelle vie et un avenir qui pourrait bien changer le cours de l'humanité. C'est un concept rendu totalement évident par la mort puis la résurrection de Jenny Hayden à l'issue d'une confrontation avec l'armée et la police qui traquent l'extra-terrestre.
Comme tout bon film de science-fiction, STARMAN profite du décalage qu'implique la découverte des mœurs terrestres par un extra-terrestre naïf et curieux pour mettre en évidence la violence et les contradictions de notre société. C'est en observant les réactions du Starman face à l'hostilité et l'incompréhension de ses congénères cyniques que Jenny Hayden, auquel le spectateur est appelé à s'identifier, prend conscience de l'absurdité de la civilisation humaine. Une civilisation qui "invite" les formes de vies venant d'autres galaxies puis qui cherchent à les capturer pour les disséquer comme des bouchers (ce plan glaçant de la table d'opération qui attend le Starman). Toutes ces situations sont rendues crédibles par l'interprétation spectaculaire de Jeff Bridges, tantôt hilarant, tantôt hypnotisant dans la peau de cet alien candide et foncièrement bon.
Joli succès qui engendra une série télé pas vraiment transcendante, STARMAN est un bel exercice de style de la part de John Carpenter, cinéaste impliqué et professionnel, qui prouve là qu'il est bel et bien capable de faire pleurer son auditoire avec la même efficacité dont il use pour les effrayer. On appelle ça être un artiste complet.
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