mardi 17 mai 2011

LE SURVIVANT - 17 mai 2014 (épisode #53)

Ma progression de la journée a été considérablement ralentie. Pas par le météo. Pas par la fatigue. Mais plutôt par un groupe de survivants auquel j'ai eu le bon sens de dissimuler ma présence. J'ignore combien ils sont. Je dirais une bonne cinquantaine, même si je n'en ai aperçu que la moitié. Ils contrôlent une zone de 7 à 8 km2 à proximité de Saint-Yorre.

Ce territoire n'est pas délimité par des barrières, un grillage ou un mur d'enceinte. Il est délimité par des cadavres. Des cadavres éventrés, les yeux crevés, la bouche cousue et pendus aux arbres. Par groupe de trois. Ce sont des zombies et les voir se tortiller ainsi au bout de leur corde n'a rien de rassurant. Il y avait des pancartes sur certain. Avec des messages tirés de la Bible, et surtout de l'Apocalypse. Un m'a particulièrement marqué : "Voici ce que dit le Premier et le Dernier qui a été mort et a repris vie : (...) Ne crains pas ce que tu vas subir : un de ces jours le Diable va mettre en prison quelques uns des vôtres ; c'est pour que vous soyez mis à l'épreuve en traversant dix jours de tourmente ...". 
Les pendus ne sont cependant pas les seuls à faire partie du décor. Il y a des croix un peu partout, de tailles variées,couvertes de sang. Des nuées de mouches tournent autour. Il y a aussi des restes de bûcher. 
Cette zone est aux mains d'une bande de fanatiques. Des fanatiques qui se déplacent à cheval et utilisent des armes du Moyen-Âge. Je les ai vu sans être vu. Mais d'autres n'ont pas eu cette chance.

Tôt ce matin, mon chemin a croisé celui d'un autre groupe. Deux hommes et une femme. La femme portait le voile et les deux hommes la chéchia. L'un des hommes devait être son mari, l'autre un membre de la famille (frère ? cousin ? oncle ? je l'ignore). Ils n'avaient pas du tout l'air dangereux mais j'ai décidé de ne pas les aborder et de les suivre car ils allaient dans la même direction que moi. S'ils étaient vraiment de nature amicale, je me serais sans doute joint à eux la nuit tombée, histoire de partager un repas et la sécurité du nombre. Je n'en ai pas eu l'occasion. Ils sont passés outre le premier arbre aux pendus et se  sont fait capturés par six cavaliers une centaine de mètres plus loin. Ce ne sont pas les cavaliers que j'ai vu en premier. Mais l'un des hommes du trio s'est effondré subitement, une flèche dans le dos. D'instinct, j'ai dégainé mon arme, prêt à faire feu. Là, les cavaliers ont fait irruption. Je me suis caché et j'ai remis mon arme à sa place. Quelques coups de bâtons plus tard, ils avaient maîtrisé l'homme et la femme. Puis ils les ont ligotés et attachés aux chevaux avant de les traîner. Enfin, un cavalier à mis pied à terre, a tiré une grande machette d'un fourreau en cuir et a décapité l'homme à terre, pas encore tué par la flèche qui le transperçait. 
Aussi discrètement que possible je les ai suivi. Ils se sont arrêtés devant une chapelle. Une dizaine de personnes, hommes, femmes, enfants, en sont sortis aussitôt avec, à leur tête, un prêtre. J'étais trop loin pour entendre ce qu'il a dit. Mais ce n'était surement pas un exemple de bonté chrétienne. Les membres de cette étrange congrégation se sont de suite mis à l'oeuvre. Ils ont érigés des bûchers. Je ne me suis pas attardé pour le reste du spectacle. Je n'ai pas voulu en savoir plus. 

Il m'a fallu des trésors de discrétion pour fuir sans me faire repérer. Malgré le calme apparent, ces tarés patrouillent en permanence, menant leur petite guerre de religion personnelle. Sur le chemin, j'ai croisé un enclos. Mais au lieu de vaches ou de montons ou de cochons, il y a avait des zombies.
Après une bonne quinzaine de kilomètres sans croiser d'arbres à pendus, j'ai su que j'étais tiré d'affaire. Mais il était déjà tard. La nuit tombait. Je me suis trouvé une petite caravane. Les propriétaires, partis depuis longtemps, ont laissé une bouteille de vodka. Tant mieux, j'avais besoin d'un remontant.

J'aimerais pouvoir me bourrer la gueule mais, par mesure de sécurité, il est préférable que je me limite aux quelques gorgées d'usage et pas plus. Il y a dans les parages toute une bande de fanatiques persuadés que les Croisades reviennent à la mode.

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