mercredi 4 mai 2011

LE CINEMA AMERICAIN DES ANNEES 80 #36 - UN FAUTEUIL POUR DEUX

Réalisé par John Landis - Sortie US le 8 juin 1983 - Titre original : Trading Places.
Scénario : Timothy Harris, Herschel Weingrod
Musique : Elmer Bernstein
Directeur de la photographie : Robert Paynter.
Avec Dan Aykroyd (Louis Winthorpe III), Eddie Murphy (Billy Ray Valentine), Ralph Bellamy (Randolph Duke), Don Ameche (Mortimer Duke), Jamie Lee Curtis (Ophelia), Denholm Elliott (Coleman), ...
Durée : 118 mn.

Magnats de la bourse, les frères Duke, Randolph et Mortimer, s'ennuient. Pour s'amuser, ils décident alors de se lancer un pari. Ils feront de Billy Ray Valentine, petit arnaqueur sans domicile fixe, un homme riche et respecté. A contrario,  Louis Winthorpe III, leur protégé, sera dépouillé de sa fortune et transformé en personnage infréquentable, ...


L'iconoclaste John Landis ajoute, avec UN FAUTEUIL POUR DEUX, une nouvelle comédie culte à son palmarès déjà impressionnant. Il y rend un bel hommage aux comédies de Frank Capra, d'Howard Hawks et de Billy Wilder, ainsi qu'aux écrits de Charles Dickens et transpose ces influences dans l'univers (forcément impitoyable) du Wall Street contemporain, symbole de la richesse retrouvée des États-Unis. L'éternel discours de la lutte des classes (à peine) revu et corrigé mais défendu avec une sincérité inattaquable.
Quatre ans avant le WALL STREET de Oliver Stone, Landis brocarde avec férocité l'immoralité des boursicoteurs new-yorkais et des yuppies. Comme dans BLUES BROTHERS, il prend fait et cause pour les classes populaires et dénonce l'hypocrisie des riches, ces grands manitous déconnectés de la réalité et qui s'amuse des souffrances des pauvres. La forme, néanmoins, diffère. UN FAUTEUIL POUR DEUX affiche un classicisme et un rythme proche des comédies de l'âge d'or hollywoodien. Reposant sur des contrastes forts, le film de Landis prend bien soin de séparer les riches et les pauvres, par leur environnement, leur code vestimentaire mais surtout leur psychologie. Ces deux univers ont beau user et abuser du mensonge, les objectifs ne sont clairement pas les mêmes. Les combines foireuses et hilarantes de Billy Ray Valentine (Eddie Murphy, à l'époque tellement lointaine où il était VRAIMENT drôle) et son bagout incessant sont un mécanisme de survie. Par opposition, les complots des frères Duke sont bien moins inoffensifs.


Conte morale faisant le va et vient entre le comique millimétré de Dan Aykroyd et la prestation génialement foutraque d'Eddie murphy, UN FAUTEUIL POUR DEUX opère le mariage de la comédie old school et de la comédie moderne façon Saturday Night Live. Une vrai tour de force cinéphilique.

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