samedi 7 mai 2011

LE CINEMA AMERICAIN DES ANNEES 80 #39 - TONNERRE DE FEU

Réalisé par John Badham - Sortie US le 13 mai 1983 - Titre original : Blue Thunder.
Scénario : Dan O'Bannon & Don Jakoby.
Musique : Arthur B. Rubinstein.
Directeur de la photographie : John A. Alonzo.
Avec Roy Scheider (Frank Murphy), Warren Oates (Capt. Jack Braddock), Candy Clark (Kate), Malcolm McDowell (Colonel F.E. Cochrane), Daniel Stern (Officier Richard Lymangood), ...
Durée : 109 mn.
Vétéran de la guerre du Vietnam, pilote d'hélicoptère de la police de Los Angeles et tête brûlée, l'officier Frank Murphy est choisi pour piloter le Tonnerre de Feu, un hélicoptère expérimental spécifiquement conçu pour combattre les menaces terroristes. Il va bientôt découvrir qu'un vaste complot se trame derrière ces essais, ...

Notez que cette pré-affiche annonçait une sortie en février 1983, finalement décalée au mois de mai, période traditionnelle des blockbusters américains.

Deuxième film de John Badham pour l"année 1983, TONNERRE DE FEU est un polar offrant une réflexion sur l'insécurité en zone urbaine et les manipulations politiques qui s'articulent autour. 
Comme presque tous les films policiers de l'époque, TONNERRE DE FEU va chercher son inspiration dans la série des INSPECTEUR HARRY. C'est particulièrement évident au regard du héros interprété par Roy Scheider. Un homme de terrain insoumis, en conflit permanent avec sa hiérarchie. C'est aussi un célibataire endurci ayant des relations conflictuels teintées de machisme avec une femme, et auquel ses supérieurs adjoignent un jeune coéquipier fraîchement sorti de l'académie de police et dont la mort en fin de deuxième acte semble évidente dès le début. Seul réel différence avec le célèbre inspecteur incarné par Clint Eastwood, Frank Murphy est un vétéran du Vietnam (c'est à la mode depuis RAMBO, sorti l'année précédente) dont il en a retiré un traumatisme, véritable talon d'Achille prêt à ressurgir au moment le plus inopportun. Pas très bien exploité, le trauma en question est aussi la grande faiblesse de TONNERRE DE FEU, un "truc" de scénariste qui alourdit le récit. 
L'intrigue, également, tient de la recette érpouvée. Comme dans MAGNUM FORCE ou L'EPREUVE DE FORCE (encore Eastwood !), les vrais méchants ne sont pas dans la rue mais évoluent en fait dans les plus hautes sphères policières, financières et politiques. Le "vrai" flic Murphy se retrouve donc contraint d'enfreindre les ordres pour rétablir la justice. Refrain connu certes, mais servi avec un vrai professionnalisme hollywoodien.
Là où TONNERRE DE FEU se distingue, c'est dans son discours sur l'insécurité et ces mesures paranoïaques et technologiquement avancées qui sont mises en places pour lutter contre. Engin de télésurveillance ultime, le Tonnerre de Feu est un paradoxe. Il est à la fois une arme redoutable et un objet de manipulation. Lors de sa première apparition, durant un vol de présentation, l'hélicoptère, en raison d'un mauvais paramétrage, abat même des cibles cartonnés représentant des civils innocents. La fascination pour les gros calibres et le recours systématique à une technologie surpuissante sont remis en cause et le cinéaste plaide pour un usage raisonné de ces méthodes. Comme dans WARGAMES, il démontre que retirer le facteur humain de l'équation est une grave erreur et que les conséquences peuvent s'avérer tragiques.
Le troisième acte, spectaculaire course-poursuite aérienne truffée d'effets surprenants et même inédits, emporte également le morceau et vient briser la routine de ce qui a précédé. Le héros se transforme explicitement en hors la loi et combat à la fois ses démons et sa Némésis (le salaud de service interprété par Malcolm McDowell). 


 N'oublions pas non plus de saluer la performance de Warren Oates, parfait dans le rôle d'un capitaine de police forcément fort en gueule. Il s'agit là du dernier film de celui qui fut l'un des acteurs fétiches du grand Sam Peckinpah.

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