Scénario : James Cameron, Gale Ann Hurd et William Wisher Jr..
Musique : Brad Fiedel.
Directeur de la photographie : Adam Greenberg.
Avec Linda Hamilton (Sarah Connor), Michael Biehn (Kyle Reese), Arnold Schwarzenegger (Terminator), Paul Winfield (Lieutenant Ed Traxler), Lance Henriksen (Detective Hal Vukovich), Earl Boen (Dr. Silberman), ...
Durée : 108 mn.
Serveuse sans histoires, Sarah Connor est traqué par un cyborg venu du futur, le Terminator, car elle est sensée être la mère du sauveur de l'humanité après le Jugement Dernier, holocauste nucléaire opposant les machines aux hommes. Pour la protéger, la Résistance a envoyé Kyle Reese, un soldat, ...
Armé d’un budget bien faible au regard de ses ambitions, d’une volonté farouche et d’un script en acier trempé, James Cameron efface la déconvenue de son premier long-métrage (PIRANHAS II, LES TUEURS VOLANTS – sans commentaires), puise dans la culture cyber-punk et dans ses propres cauchemars et livre avec TERMINATOR, un fascinant modèle de blockbuster sci-fi.
Cyborg invulnérable envoyé du futur par la toute puissante intelligente artificielle Skynet, le Terminator (incarné par Arnold Schwarzenegger dont le charisme physique en impose) a pour mission d’éliminer Sarah Connor (Linda Hamilton, prototype inoubliable de la femme selon Cameron), la mère du futur sauveur de l’humanité et ainsi d’assurer aux machines une victoire totale. Face à lui, un soldat lui aussi en provenance du futur, Kyle Reese (Michael Bienh, tout simplement parfait). La bataille peut alors faire rage. Et James Cameron de foncer pied au plancher. Sans une seconde de répit.
Parce qu’il opère une fusion totale de ses scènes d’exposition (généralement conçues pour faire respirer le spectateur et faire le point sur la situation) et de ses scènes d’action et de suspense, James Cameron impose très vite à son film une mécanique de rouleau compresseur. Une méthode narrative d’un pragmatisme absolue, remédiant à tous les problèmes et questions que pourrait soulever une histoire à base de paradoxes temporels. A l’image de Kyle Reese face au pointilleux et cynique Dr Silberman, Cameron balaie les questions qui se mordent la queue et impose les faits : le Terminator a une mission dont il ne détournera jamais et il est impératif de lui survivre. S’il est permis de se prendre la tête, c’est à la sortie du cinéma que ça se passe. Mais là où il y a un authentique tour de force, c’est que TERMINATOR oublie totalement d’être un film idiot. L’expérience sensitive, physique même, voulue par Cameron est aussi une expérience intellectuelle subliminale. Baigné de références totalement digérée à la littérature de science-fiction (Asimov, Ellison, Dick, Bradbury, Matheson, Gibson, Heinlein et bien d’autres encore sont des sources évidentes) et nourrie par une réflexion fascinante sur la place et l’avenir de la technologie dans le monde moderne, TERMINATOR est une machine à dissertation quasi-inépuisable. Le plus intéressant aujourd’hui reste encore ce mélange de fascination et de mise en garde féroce vis-à-vis du Terminator, fantasme terrifiant de la machine parfaite.
Filmé tel un dieu grec (et lorsque l’on se souvient que Arnold avait auparavant incarné Hercule en personne – dans un bon gros nanar – ça prend toute sa saveur, je trouve) à la gestuelle parfaite puisque débarrassée du superflu, visant à l’efficacité absolue, le Terminator est LA star du film. Dès ses premiers instants dans notre monde, il domine de toute sa carrure une cité plongée dans la nuit. Le Terminator devient le symbole même du cinéma selon James Cameron, l’objectif de la perfection à atteindre et dont il ne faut jamais se détourner, quitte à risquer sa vie et à éliminer sans un regard en arrière tous les obstacles. La note d’intention est à ce titre carrément radicale.
Mais Cameron n’est pas une machine pour autant. Le Terminator échoue parce qu’il n’a pas d’âme et pas de cœur. Il est la star mais pas le héros. Ce rôle revient au couple Sarah Connor/Kyle Reese qui, l’espace de quelques heures s’aimeront pour toute une vie. James Cameron sanctifie l’amour (le fruit de cet amour n’est-il pas le messie de la résistance à venir ? )comme valeur refuge d’une civilisation si proche du chaos. Et la réponse à tous les maux semblent ainsi résider entre l’alliance du mécanique et de l’organique. TERMINATOR, c’est un cœur d’adolescent romantique parfaitement à l’abri d’un corps en titane.
Bonne critique :-)
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