vendredi 20 mai 2011

LE CINEMA AMERICAIN DES ANNEES 80 #52 - LES GOONIES

Réalisé par Richard Donner - Sortie US le 7 juin 1985 - Titre original : The Goonies.
Scénario : Chris Columbus, d'après une histoire de Steven Spielberg.
Musique : Dave Grusin.
Directeur de la photographie : Nick McLean.
Avec Sean Astin (Michael "Mickey" Walsh), Corey Feldman (Clark "Mouth" Devereaux), Josh Brolin (Brandon Walsh), Jeff Cohen (Lawrence "Chunk" Cohen), Kerri Green (Andrea "Andy" Carmichael), Martha Plimpton (Stefanie "Steph" Stenbreinner), Ke Huy Quan (Richard "Data" Wang), ...
Durée : 114 mn.
Une bande de gamins qui se font appeler les "Goonies" profitent de l'absence de leurs parents pour se lancer à la recherche du trésor de Willie le Borgne, le célèbre pirate. Leur chemin va croiser celui des Fratelli, des truands en cavale, ...




Il est très difficile, sinon impossible, de se montrer objectif envers un film tel que LES GOONIES. Peu importe ses défauts assez évidents (essentiellement une mise en place de l’intrigue assez laborieuse), le film de Richard Donner passe outre avec une belle insolence. Croisement entre la série LES PETITES CANAILLES (THE LITTLE RASCALS en VO, célèbre série de courts-métrages comiques créée au début des années 20) et INDIANA JONES (Data, incarné par Ke Huy Quan, était le Demi-Lune du TEMPLE MAUDIT), doublé d’un hommage sincère aux films de pirates d’Errol Flynn (CAPTAIN BLOOD et SEA HAWK), LES GOONIES est une des productions Spielberg les plus politiquement incorrectes qui soient avec GREMLINS (scénarisé également par Chris Columbus). C’est bein là tout ce qui fait son charme.


Baignant dans un mauvais goût totalement assumé et revendiqué (on ne fait pas un film de sales gosses en restant sage), LES GOONIES alignent avec régularité gags touches-pipi et autres joyeusetés tapant ouvertement en-dessous de la ceinture. On émascule une statue avant de lui recoller le pénis à l’envers, Bagou (Corey Feldman, « Mouth » en VO) réclament des french-kiss aussi souvent que possibles et informe la gouvernante espagnole de ne pas se rendre au grenier où sont supposément dissimulés des instruments de tortures sexuels. La liste est longue. Ajoutez à cela un cadavre obligés de cohabiter avec les gamins dans une chambre froide puis dans un coffre de voiture et un géant défiguré et simple d’esprit maltraité et enfermé dans une cave humide et vous comprendrez bien vite que les largesses que se permettent le trio Columbus/Donner/Spielberg sont trop rares et précieuses dans le monde du cinéma grand public pour être ignorées.


 Malgré ses atours de film de studio soigné (très belle photo automnale de Nick McLean), le film de Richard Donner, aussi divertissant soit-il, n’a rien d’un produit lisse et formaté. Pour le meilleur ou pour le pire, le scénario de Chris Columbus avance en roue libre, au gré des envies, des références et de ses gags, fait preuve d’un grand attachement à ses personnages (tous superbement incarnés par un casting de gosses, mais aussi d’adultes, soigné) et tire à boulets rouges sur le capitalisme effréné de son époque. La bandes des goonies est ainsi un patchwork multi-racial, rejetons revendicatifs du prolétariat, qui se battent autant pour le pouvoir de l’imagination et de l’aventure et le respect que pour sauver leurs maisons menacées de finir rasées par un conglomérat de ronds-de cuir. Ces enfants-là ne veulent pas être riches ou beaux, ils veulent qu’on les laisse libres d’être des sales gosses qui n’ont pas à s’excuser de leurs travers. Entertainer né, Richard Donner offre à chacun d’entre eux leur moment de gloire et transforme la bande de dangereux malfrats, les Fratelli, en émules involontaires des Trois Stooges. Des malfrats jamais menaçants donc, malgré ce que les dialogues et certaines situations voudraient nous faire croire. 


N’oublions pas non plus le score bondissant, composé de main de maître par le discret Dave Grusin ou encore le mauvais goût irrésistible du clip de Cindy Lauper (« Goonies are good enough ») qui fut diffusé un peu partout à la sortie du film et qui reste, encore aujourd’hui, une surprenante pépite de grand n’importe quoi avec ses catcheurs invités en guest stars et ses décors de carton pâte. Plus qu’un film à proprement parler, LES GOONIES c’est tout un état d’esprit. Immoralement culte !  

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