vendredi 6 mai 2011

LE SURVIVANT - 6 mai 2014

Toutes nos cellules sont occupées à présent. Les soldats ont ramenés d'autres zombies. Cinq autres. Ils leur ont fait subir le même sort qu'à notre première invitée. Plus de mâchoires. Plus de dents. C'est une bien étrange collection qu'a décidé de s'offrir Verney ...
La parité est respectée. Trois zombies femelles et trois zombies mâles. Une drôle de pensée s'est emparée de moi pendant un court instant. Pourront-ils se reproduire en captivité ? J'ai senti un drôle de sourire qui se formait sur mon visage au même moment. Quelle idée ridicule ? Des zombies qui se reproduisent ! J'ai vu ça une fois dans un film. Je peux même vous citer le titre, si ça intéresse encore quelqu'un dans ce contexte. BRAINDEAD. Et vu la tronche de la progéniture, je plains la future nounou. 

Verney continue d'entretenir le mystère autour de son "plan". Les soldats qui ont été chargés de la récupération de ces zombies sont des fidèles de Verney. Pas sûr que le soldat Deschain, par exemple, approuve. Verney est le plus haut-gradé et il a imposé à ses soldats de nouvelles règles du jeu. Mais je peux sentir une certaine tension. Il y a ceux qui exécutent les ordres sans discuter et avec fierté. Et il y a ceux qui le font en tirant la tronche, visages fermés et regards absents. Pendant combien de temps encore ce besoin de hiérarchie militaire pourra t-il subsister ? C'est un système solide, un point de repère, ça je peux le comprendre. Toute forme de stabilité est bonne à prendre dans cet immense merdier de fin du monde. Mais il y a des points de rupture. Les jours à venir nous le diront, mais le commandement de Verney, telle qu'il se présente, virera soit à la dictature, ou bien il s'opposera à une mutinerie. Ce n'est qu'une question de temps.

Recevoir des zombies dans le camp n'aura pas été la seule décision de Verney aujourd'hui. Il a ordonné une fouille de nos dortoirs. Les dortoirs des civils. Les couteaux, lames de rasoirs et médicaments en notre possession nous ont été retirés. Apparemment, il s'attend à une vague de suicides. Qui sait ? 

Mon travail au potager est abrutissant, mais je ne lui demande rien d'autre. Les morts me foutent la paix pendant quelques heures et je ne m'en plains pas. Le soleil se montre de plus en plus cruel, de jour en jour. Je cumule les coups de soleil. Le docteur Denoy s'est chargé de les calmer à grands coups de Biafine. Le dernier tube. Pas grave. J'aurais bientôt le cuir tellement tanné que je n'en aurais plus besoin. 
Denoy m'a presque supplié de parler, de lui dire quelque chose. Mais je n'ai pas envie de parler. Mon mutisme l'énerve au moins autant qu'il l'inquiète. J'ai bien cru qu'il allait me coller une droite, juste histoire de me forcer à réagir. Il y viendra sûrement.
Du coin de l'oeil, j'ai pu remarquer que l'infirmière Gueydan avait fini par réussir à attirer Verney dans ses filets. C'est bien la meilleure ! Ma copine est morte et n'est plus qu'un fantôme décomposé au visage squelettique et ce type a droit à son réconfort du guerrier !

Les cellules sont gardées jour et nuit. Impossible d'approcher nos six zombies. Les murmures du camp sont devenus des murmures de curiosité. Une curiosité nerveuse. Quelle valeur peuvent bien avoir des zombies incapable de mordre et donc de transmettre leur virus ou de se nourrir ? Je suis passé à la bibliothèque du camp avant d'aller me coucher. La plupart des journaux traitant de la peste zombie ont été "empruntés" par Verney. Ce n'est pas un hasard. Il en restait tout de même un qui a su satisfaire ma propre curiosité. Un article de Science & Vie, le dernier jamais paru à ma connaissance, dans lequel des scientifiques danois testaient l'effet d'une fin prolongée chez les cadavres réanimés. Ce qui expliquerait les mâchoires arrachées ... C'est une théorie comme une autre. Mais, là encore, je ne vois pas ce que le cerveau sous équipé de Verney pourrait bien tirer d'une telle expérience. 

Je me demande ...

La nuit est tombé et le générateur a été coupé. Par ordre de Verney. Économies d'énergie. C'est loin d'être con ça, par contre.

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