jeudi 26 mai 2011

LE CINEMA AMERICAIN DES ANNEES 80 #58 - POLICE FEDERALE LOS ANGELES

Réalisé par Ridley Scott - Sortie US le 1er Novembre 1985 - Titre original : To Live and Die in L.A.
Scénario : William Friedkin et Gerald Petievich, d'après une histoire de Gerald Petievich.
Musique : Wang Chung.
Directeur de la photographie : Robby Müller.
Avec William Petersen (Richard Chance), Willem Dafoe (Eric "Rick" Masters), John Pankow (John Vukovich), Michael Greene (Jimmy Hart), Debra Feuer (Bianca Torres), ...
Durée : 116 mn.
Après la mort de son partenaire de longue date, l'agent Richard Chance se jure d'arrêter Rick Masters, un fabricant de faux billets, par tous les moyens possibles. On lui assigne alors un nouveau partenaire, John Vukovich, respectueux des règles à suivre, ...



L'adieu de William Friedkin au polar ? On serait bien tenté de le croire, tant ce POLICE FEDERALE LOS ANGELES prend des allures de feu d'artifice flamboyant. Quatorze ans après FRENCH CONNECTION, Friedkin associe à nouveau deux flics très différents prêt à se perdre dans la traque d'un criminel insaisissable et livre une poursuite en voitures d'anthologie. Mais la comparaison ne s'arrête pas à ces détails de surface.


 "Popeye" Doyle (interprété par Gene Hackman dans FRENCH CONNECTION) et Richard Chance (William Petersen, dans un rôle dont il n'a jamais su s'extirper, voir MANHUNTER et la série LES EXPERTS) ont de nombreux points en communs. Il s'agit d'hommes ne vivant que pour leur métier. Ce sont des prédateurs sans attaches et à la morale discutable. Ce sont des fanatiques, purement et simplement. Comme Friedkin aime à traiter la contamination de l'innocence par le mal, il ne manque pas de montrer à quel point la quête de ces policiers parvient à déteindre profondément sur leur entourage. Sauf que chez Chance, cette hargne lui survivra même par delà la mort, "possédant" son partenaire jusqu'à alors très propre sur lui. Par rapport à "Popeye" Doyle, il s'agit d'un aboutissement. Ce qui a commencé à New York se termine à Los Angeles, à l'autre bout du continent, la Cité des Anges.



Formellement parlant, POLICE FEDERALE LOS ANGELES opère une synthèse parfaite entre le Friedkin réaliste et documentaire de FRENCH CONNECTION et sa veine plus esthétisante abordée dès L'EXORCISTE et clairement revendiquée dans le troublant CRUISING. Les teintes orangées sont dominantes. Los Angeles s'oppose à la grisaille de New York, la mégalopole californienne semblant irradier continuellement, même la nuit. Los Angeles est filmé comme un incendie qui ne veut jamais s'éteindre. 
Le dernier parallèle entre les deux œuvres peut s'effectuer via ces deux "méchants". Il s'agit clairement d'êtres raffinés et extrêmement intelligents. Violents, imprévisibles et mystérieux. Le personnage incarné par Willem Dafoe est un prolongement de celui autrefois incarné par Fernando Rey. Le premier pourrait même être le fils du second, chronologiquement parlant. Satan, immortel et jamais arrêté, et son fils, artiste et autodestructeur. La filiation entre ces deux là est évidente.


POLICE FEDERALE LOS ANGELES est un polar tétanisant, brillant dans ses ruptures de tons et virtuose. Extrêmement culotté dans sa façon de lancer le dernier acte (à la suite d'un rebondissement vraiment imprévisible et que je préfère taire pour ceux qui n'ont jamais vu le film). C'est aussi le dernier chef d'œuvre de William Friedkin. Même si carrière reste passionnante, elle n'a plus vraiment la même saveur.

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