Si le capitaine Verney et ses hommes ont laissé les zombies se regrouper à nouveau en masse autour du camp, ça n'est pas pour rien. Cel fait partie du sort qui m'attend. Il n'y a pas eu de procès, mais ça n'a pas empêché le leader éclairé de notre communauté de cinglés de rendre son jugement à mon encontre. Je m'attendais à un peloton d'exécution, mais ça sera bien pire. Demain matin, les soldats m'escorteront à la sortie du camp et je serai banni. Seul et sans armes face à des centaines de zombies qui ont la dalle, autant dire que cela équivaut à une peine de mort.
Verney est venu me réveiller en personne ce matin. Pour me passer les menottes et m'escorter vers une cellule spécialement libérée (mais pas nettoyée) pour moi. Si j'avais eu droit à un petit déjeuner, je l'aurais vomi dans ma cellule tant l'odeur est insupportable. Avant de s'adresser au camp sur le pourquoi du comment de ma "mise à l'écart permanente", Verney a tenu à s'entretenir avec moi pour un dernier tête à tête. Il m'a expliqué les vertus de notre nouveau monde. Avant, la morale réprouvait que l'on assassine ou que l'on tabasse un type dont la tronche ne vous revenait pas. Cela arrivait fréquemment, mais c'était MAL. Plus aujourd'hui. Verney me déteste et il peut m'éliminer à titre d'exemple, histoire de prouver au bon peuple qu'il est un leader solide. Ma mort est d'utilité publique; Ma mort est un vieux compte à régler. Deux solutions pour le prix d'une.
J'aurais pu mourir avec Carole et avec Thibault sur ce parking, et je serais mort en héros. Et Verney n'aurait pas eu à s'expliquer de ses mensonges (pardon ... de ses "erreurs dues à la panique et à la confusion".). Mais non. J'ai survécu. Je suis revenu dans le camp et ce pauvre Verney s'est tapé de belles nuit blanches pour savoir ce qu'il était possible de faire de moi. Mon journal lui a donné la réponse. Mes névroses. Mes hallucinations. Mes opinions. Autant d'armes utilisables contre moi.
Mais il y aura tout de même eu un dernier changement de plan. Verney rêvait d'une pendaison (ça fait plus Ancien Testament et moins militaire que le peloton d'exécution). La moitié de sa troupe s'y est opposée. Le bannissement (laisser aux zombies le soin de faire le sale boulot) est devenu la plus simple des solutions. Face aux civils, Verney pourra toujours expliquer qu'il n'a pas reproduit l'erreur de Thibault avec Charles Tissier. Il n'a pas attendu pour éliminer la "menace", tout en se montrant magnanime, humain.
Tout ça, Verney me l'a expliqué mais je l'avais déjà compris. Les connards contaminés par la folie des grandeurs sont tous les mêmes. Prévisible dans leur démagogie à la mord-moi-le-nœud.
Avant de partir, Verney m'a laissé mon sac à dos, quelques affaires personnelles et mon journal intime, l'ancien comme le nouveau qu'il a récupéré auprès de Deschain, non sans avoir physiquement insisté.
Il m'a aussi promis qu'il s'occuperait plus tard de remettre dans le droit chemin certains de ses soldats, un peu trop "couilles molles" à son goût.
Kader est venu me rendre visite en début d'après-midi. Il m'a parlé de l'histoire que Verney a raconté à tout le monde après les avoir rassemblé dans la cour. Cette femme du nom de Sandrine que j'ai assassiné de sang froid dans sa propre maison. Carole, blessée, que j'ai achevé sans pitié pour pouvoir survivre et rentrer au camp. Mes discussions avec les morts. Mon intention de pousser tout le monde au suicide puis de m'enfuir. Des mensonges qui ont un goût de vérité et vice-versa.
L'opinion publique a validé le jugement. Demain, pour le bonheur des petits et des grands, Lucas Barillet, psychopathe indésirable, va dégager. Bon débarras.
Une dernière personne est venue me rendre visite et m'a laissé un cadeau que je ne sais comment interpréter. Le petit Mohammed m'a glissé un couteau à travers les barreaux de ma cellule. Il m'a souri puis il est parti.
Je suis recroquevillé dans un coin de ma cellule et j'espère que Carole viendra me rendre visite. Me conseiller. Il n'y a que mes vieux démons qui peuvent me venir en aide à présent ...
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