lundi 23 mai 2011

LE CINEMA AMERICAIN DES ANNEES 80 #55 - RAMBO II : LA MISSION

Réalisé par George Pan Cosmatos - Sortie US le 22 mai 1985 - Titre original : Rambo : First Blood Part II.
Scénario : Sylvester Stallone, James Cameron.
Musique : Jerry Goldsmith.
Directeur de la photographie : Jack Cardiff.
Avec Sylvester Stallone (John Rambo), Richard Crenna (Col. Samuel Trautman), Charles Napier (Marshall Murdock), Steven Berkoff (Lt. Col. Podovsky), Julia Nickson (Co-Bao), Martin Kove (Ericson), George Chung (Capt. Vinh), ...
Durée : 94 mn.

Purgeant une peine de prison, le vétéran John Rambo est contacté par son ancien supérieur, le colonel Trautman. Une mission lui est proposé en échange de sa liberté : rapporter la preuve de l'existence d'un camp de prisonniers de guerre au Vietnam, ...
Il était à priori peu judicieux de livrer une suite au survival guerrier de Ted Kotcheff. Car même si Rambo survit à la fin de ce premier opus, il est évident que l'histoire de ce personnage s'arrête bel et bien là. Il a atteint sa catharsis et part en prison tel un fauve qu'il convient de remettre en cage tant qu'il semble apaisé. Mais, Stallone, conscient de l'immense popularité de Rambo, sait qu'il tient là une véritable poule aux oeufs d'or, une franchise capable de l'imposer au panthéon des stars du cinéma d'action musclé, genre alors en plein essor. Sur une base scénaristique solide (signé James Cameron tout de même !), Stallone se débarrasse de l'arrière plan politique, simplifie les enjeux autant que possible (VENGEANCE !!!!) et réoriente le style vers l'action pétaradante et (quasiment) ininterrompue. 


 Le style du métrage a beau être radicalement différent, John Rambo, anti-héros adepte de la guérilla et de la survie, demi-dieu guerrier increvable, reste le même. Il déteste les ronds de cuir, est un solitaire mutique et ses fêlures en font un être dangereux, totalement borderline. En un sens, on est assez loin du défenseur simplet et fanatique de la bannière étoilée que beaucoup ont dénoncé à l'époque. Rambo aime son pays mais ses ennemis les plus tenaces se situent pourtant au sein même de ses classes dirigeantes. Le message que Rambo s'acharne à délivrer ne s'adresse jamais au monde entier mais bien à l'Amérique elle-même. Ce n'est pas parce qu'il ne dit pas grand chose que Rambo est un abruti. Il laisse la poudre (et son regard halluciné) parler pour lui. Patriote ? Oui, certainement. Croisé ? Oh que non ! Seule sacrifice à la logique du blockbuster, Stallone offre à Rambo une carrure musculaire plus impressionnante qu'auparavant. Plus massif, plus résistant, plus barbare (rappelons que Rambo ne tuait qu'une seule personne dans le tout premier film contre pas loin de 100 ici).  Le guerrier des bois du film de Ted Kotcheff se transforme sous la caméra de George Pan Cosmatos en Hercule des temps modernes. Adieu le réalisme, bonjour à la mythologie.


Là où le bas blesse néanmoins, c'est que la réalisation paresseuse, voire parfois à la limite du Z (le parachutage de Rambo au dessus de la jungle vietnamienne est un grand moment de comique involontaire et la mort du méchant vietnamien Vinh avec la flèche explosive est elle aussi foutrement hilarante) plombent cette suite pourtant généreuse et très soignée sur pleins d'autres aspects (photo et musique sont à tomber). Pas la moindre subtilité, pas le moindre mouvement de caméra audacieux à se mettre sous la dent. Explosions, fusillades homériques, combats au corps à corps brutaux et poursuites en hélicoptères se suivent et se ressemblent, avec une absence de panache assez décevante. On reste purement et simplement dans le domaine de la série B décérébrée. Le premier plan du film suffit d'ailleurs à résumer les intentions de Pan Cosmatos : une GROSSE explosion. Et ne parlons même pas du traitement réservé au seul personnage féminin de l'histoire (beauté exotique et insipide), sorte de romance impossible ultra risible et inutile au possible. Ce décalage ahurissant entre la forme (badaboum de bac à sable) et le fond (prometteur, pour ce qu'il reste du scénario original de Cameron et de l'implication de sa star) est le gros point noir de RAMBO II. C'est l'opus le plus faible de toute la saga et il ne faut chercher pourquoi bien plus loin.


RAMBO II n'en reste pas moins emblématique de son époque. L'un des mètres étalons de ce que l'on nomme sous le terme générique de "cinéma reaganien". Au souvenir douloureux de la défaite du Vietnam se substitue la victoire d'une mission menée par un seul homme, envers et contre tous, Rambo, le héros du peuple. Le succès fut immense et, parmi ses nombreux produits dérivés, il donna naissance à un dessin animé impayable (à voir au 36ème degré, au moins !) mais pourtant révélateur. On y voyait Rambo et son équipe de défenseur de la liberté intervenir aux quatre coin du globe pour régler son compte à une super organisation terroriste ! Irrémédiablement crétin (ça se prend très au sérieux) mais plutôt jouissif. En attendant les deux suites (1988 et 2007) qui se chargeront, chacune à sa façon, de remettre les pendules à l'heure.

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