Réalisé par George A. Romero - Sortie US le19 juillet 1985 - Titre original : Day Of The Dead.
Scénario : George A. Romero.
Musique : John Harrison.
Directeur de la photographie : Michael Gornick.
Avec Lori Cardille (Sarah), Terry Alexander (John), Joseph Pilato (Captain Rhodes), Richard Liberty (Dr. Logan), Sherman Howard (Bub), Jarlath Conroy (William McDermott), Anthony Dileo Jr. (Private Miguel Salazar), ...
Durée : 102 mn.
Dans un abri nucléaire souterrain en Floride, une poignée de militaires et de scientifiques survivent alors qu'à l'extérieur, les morts-vivants ont le pris le contrôle de la planète, ...
Deuxième séquelle du classique LA NUIT DES MORTS-VIVANTS (1968), LE JOUR … est, sans le moindre doute, le plus pessimiste et le plus sanglant de tous les opus de la saga des zombies anthropophages de George A. Romero. Avec un œil plus acerbe que jamais, le géant de Pittsburgh filme les derniers instants de la race humaine, une poignée de survivants, militaires et scientifiques, terrés dans un abri souterrain avec pour seule compagnie leur propre solitude et la certitude tenace que plus rien, ni personne ne viendra les sauver désormais.
Alors, ils élaborent des plans, énoncent des théories. Ils se hurlent leur haine et leur frustration au visage. Ils renoncent à la morale et à l’éthique, comme ce docteur Frankenstein de la fin des temps, un fou persuadé de détenir LA solution et dont la blouse blanche, maculée de sang et de crasse, est un constant rappel de la boucherie innommable que représentent ses expériences. Romero abandonne la tonalité bd et rock n’roll de ZOMBIE, son humour potache et son rythme frénétique pour un huis-clos poisseux, tendu et ultra-dialogué (dans le bon sens du terme). ZOMBIE était une œuvre populaire et distrayante, balançant à la face de la société de consommation ses tartes à la crème avec une délectation toute juvénile. A contrario, LE JOUR DES MORTS-VIVANTS se veut bien plus sérieux et désespéré, sans la moindre trace d’humour (ou si peu). Les premières minutes du film insistent sur l’absence totale d’espoir quant à un renversement de la situation. Les appels radio restent lettres mortes. Les zombies ont envahi toutes les grandes villes et pullulent sous un soleil de plomb. Les militaires cultivent de la marijuana avec nonchalance et se laissent aller à la violence, à la tyrannie et aux menaces de mort. Les scientifiques sont, au choix, impuissants ou complètement fous. Le salut ne viendra donc ni d’une victoire militaire, ni de la toute puissance de la science.
Laissons nous aller et passons la main. Telle semble être la philosophie de Romero. Profitons de ce qui nous reste à vivre pour se la couler douce et, surtout, tirer un trait sur notre civilisation condamnée. La scène la plus forte du film n’est pas une attaque de zombies affamés. Non. La scène la plus forte du JOUR DES MORTS-VIVANTS rassemble autour d’un verre les trois personnages principaux dans un décor faussement paradisiaque, un salon décoré à la mode d’un hôtel tropical de mauvais goût. Là, l’héroïne, fatiguée, à court de sommeil, se voit asséné une bien triste vérité, néanmoins porteuse d’espoir, par le pilote d’hélicoptère noir, un homme dont la neutralité est dicté par son instinct de survie. Leur abri n’est rien d’autre qu’un tombeau, renfermant toute l’histoire de l’humanité. Et ce tombeau, mieux vaut le quitter et l’oublier à tout jamais.
A l’issu d’un ultime acte d’une sauvagerie inouïe, sanglant (c’est le moins que l’on puisse dire !) et inéluctable, les dés seront jetés. Le massacre, orchestré avec un savoir faire certain, est le moyen pour le cinéaste de mettre tout ce beau monde d’accord. Tous égaux dans la mort. Le seul héros du moment ? Un mort-vivant domestiqué, Bub, qui aura le bon goût de châtier le despotique capitaine Rhodes (Joseph Pilato, détestable à souhait) d’une balle bien placée et en le gratifiant d’un dernier salut à l’ironie jouissive. La punchline (muette, beau paradoxe) destinée à gagner la sympathie du public est désormais réservé aux monstres. Les humains ont fait leur temps.
Quelques-uns s’échapperont et passeront leurs derniers jours sur une plage à ne rien faire sinon boire et laisser le temps leur filer entre les doigts. Face à l’Apocalypse, George A. Romero a fait son choix : mieux vaut ne rien faire plutôt que se perdre en gesticulations inutiles et en débats passionnés. Alors que les Etats-Unis de l’époque s’adonnent à un matérialisme effréné et que la Guerre Froide s’offre un baroud d’honneur, les zombies du JOUR DES MORTS-VIVANTS viennent nous rappeler à l’ordre : tout doit disparaître … et tout disparaîtra, qu’on le veuille ou non !
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