jeudi 28 juillet 2011

LE CINEMA AMERICAIN DES ANNEES 80 #87 - MISSISSIPPI BURNING

Réalisé par Alan Parker - Sortie US le 9 décembre 1988.
Scénario : Chris Gerolmo et Frederick Zollo.
Musique : Trevor Jones.
Directeur de la photographie : Peter Biziou.
Avec Gene Hackman (Agent Rupert Anderson), Willem Dafoe (Agent Alan Ward), Frances McDormand (Mrs. Pell), Brad Dourif (Deputy Clinton Pell), R. Lee Ermey (Mayor Tilman), Michael Rooker (Frank Bailey), ...
Durée : 128 mn.

1964, Mississippi. Trois militants des Droits Civils sont assassinés par des membres du Ku Klux Klan après avoir été forcé de se détourner de leur route. Deux agents du FBI sont envoyés sur place pour mener l'enquête ...


Basé sur des faits réels, MISSISSIPPI BURNING évoque l'une des pages les plus sombres de l'histoire américaine récente. Bien plus que de racisme, le film d'Alan Parker traite de la haine sous toutes ses formes, s'attachant à nous la faire ressentir plutôt que de l'analyser froidement ou consciencieusement. Il a été reproché au film lors de sa sortie de "pervertir" les faits pour alimenter la fiction et imposer un traitement plus hollywoodien. Critique stupide dans la mesure où Alan Parker n'a jamais eu l'intention de livrer un documentaire.


Empruntant au buddy-movie (le tandem que tout oppose formé par Gene Hackman et Willem Dafoe) et au polar hard-boiled, MISSISSIPPI BURNING évite la plupart des pièges du film à message. Aux longs discours sentencieux, Alan Parker préfère un montage rythmé et une ambiance poisseuse, étouffante qui plonge la plupart des protagonistes dans une colère constante. La narration avance ainsi aux sons des pulsations violentes du score de Trevor Jones. La viscéralité des situations est privilégiée. Même le prêche central qui fait basculer l'enquête vers le film de vengeance est soumis à ce principe. Il n'est plus question de paix ou de compréhension mais d'un cri de colère, de ralliement, de guerre. 


Le comportement des deux personnages principaux et leur évolution sert de point de repère pour le spectateur. Gene Hackman est le vieux loup désabusé, parfaitement conscient du racisme qui pourrit le cœur du Mississippi et Willem Dafoe est l'idéaliste qui cherche à résoudre l'affaire dans le calme, sans manquer d'arrondir les angles avec tout le monde. Ces deux comportements ne mènent à rien. C'est la conclusion de la première moitié du film. Rendre coup pour coup, déclarer la guerre à l'intolérance et se salir les mains, voilà la tactique qui va souder les deux partenaires. Le racisme ne se combat pas à coups de belles paroles ou en l'ignorant. Pour donner du poids à ce basculement, le cinéaste ne recule pas devant la violence des situations et cadre la souffrance dans le regard des victimes. 


S'il manque peut-être de subtilité (les rôles des membres du Klan ont été confiés à des "gueules" patibulaires), MISSISSIPPI BURNING atteint tous les objectifs qu'il se fixe. Livrer au public un pamphlet qui noue les tripes et fasse battre le cœur au lieu d'endormir ou d'émouvoir platement.
 

mercredi 27 juillet 2011

LE CINEMA AMERICAIN DES ANNEES 80 #86 - RAIN MAN

Réalisé par Barry Levinson - Sortie US le 16 décembre 1988.
Scénario : Barry Morrow et Ronald Bass.
Musique : Hans Zimmer.
Directeur de la photographie : Hans Zimmer.
Avec Tom Cruise (Charlie Babbitt), Dustin Hoffman (Raymond Babbitt), Valeria Golino (Susanna), Jerry Molen (Dr Bruner), Jack Murdoch (John Mooney), ...
Durée : 133 mn.
Un vendeur de voitures de collection ambitieux et dynamique apprend la mort de son père avec qui il était brouillé depuis des années. Alors qu'il s'attend, en tant que fils unique, à recevoir un bel héritage, une somme d'argent considérable lui passe sous le nez au profit d'un institut médical. C'est dans cet institut que vit son grand frère, un autiste savant dont il ignorait jusqu'alors l'existence, ....


Vampirisé par la performance "spectaculaire" de Dustin Hoffman en autiste imprévisible et géniale, le superbe conte moral de Barry Levinson nécessite plus d'une vision pour révéler ses véritables atouts. Parce que l'histoire qui nous est ici racontée n'est pas celle de Ray Babbitt (alias "Rain Man") mais bien celle de son jeune frère Charlie, incarné par Tom Cruise. Enfermé dans une routine figée à tout jamais, Ray ne change pas d'un iota de tout le film. C'est à son contact que les autres changent. C'est à son contact que son frère réalise ses erreurs et empruntent, enfin, une nouvelle voie. 


A l'instar du WALL STREET d'Oliver Stone, RAIN MAN met le système ultra-matérialiste des années Reagan en échec, sans employer le même ton virulent. La narration en forme de road-movie libère le film du symbole du centre financier new-yorkais pour englober la totalité du pays. Jeune loup sans états d'âme, obsédés par ses objectifs (faire de l'argent, beaucoup d'argent) et se comportant comme un morveux pourri gâté, Charlie est le symbole de l'Amérique moderne. Une Amérique qui ne supporte pas la défaite et préfère attribuer ses malheurs à des élites sans visages (ici, un père que nous ne verrons jamais). Barry Levinson épingle cette attitude, tantôt avec un humour candide, tantôt avec amertume. Étapes par étapes, les plans de Charlie vont tous échoue, lui faisant comprendre, par l'échec, des valeurs humaines que sa colère lui avait fait oublier au fil des ans. Il perd des millions de dollars mais retrouve un frère. Pour faire passer son message, Barry Levinson se permet donc de transformer en victoire émotionnelle et morale son absence de happy-end. Ce qui est on ne peut plus gonflé et brillant qu'on ne pourrait le croire. C'est parce que RAIN MAN finit mal ... qu'il finit bien !


Tout en nuances et en retenue, le jeu de Tom Cruise se révèle bien plus intéressant et fascinant que celui de Dustin Hoffman. Hoffman génère les rires, la tension et l'émotion. Cruise absorbe et retransmet toutes ces émotions au public, une tâche autrement plus délicate. Sous la direction de Levinson, Cruise remet en jeu son image de jeune premier propre sur lui. Sous le séducteur, le looser. Impensable également de passer sous silence la prestation de Valeria Golino, radieuse et sensuelle.


Visuellement soignée, emporté par les rythmes impeccable de la musique de Hans Zimmer (compositeur allemand dont il s'agit là du premier coup d'éclat), RAIN MAN vaut bien mieux que sa réputation de brouettes à oscar consensuelle. Qu'on se le dise.

lundi 18 juillet 2011

HARRY POTTER - LA SAGA SUR GRAND ECRAN

Débutée en 1997 (le 30 juin pour être précis), la saga littéraire Harry Potter, créée par la romancière J.K Rowling, est un véritable bijou de fantasy. Dans un monde extrêmement riche et détaillé, où la magie côtoie notre monde, J.K. Rowling nous propose de suivre sur 7 livres (et autant d'années scolaires) l'évolution d'un garçon anonyme, maltraité par sa famille adoptive, vers la célébrité, les affres de l'adolescence, la découverte de l'amour et, enfin, la douleur du passage à l'âge adulte. L'expérience, profondément addictive pour peu que l'on soit ouvert à ce type d'univers et que l'on ait un cœur (l'œuvre s'interdit toute trace de cynisme), est unique et l'incroyable succès en librairie est là pour prouver que les aventures du sorcier à lunettes et de ses amis ont su toucher une large variété de lecteurs. Plus qu'un succès, c'est même un phénomène de société qui a permis de relancer durablement l'intérêt de la jeunesse pour la lecture. 
Il n'a pas fallu bien longtemps pour que l'industrie du cinéma s'intéresse de près à Harry Potter. Les droits sont achetés par la Warner Bros et le producteur Davd Heyman en 1999 et le premier film de la série est aussitôt mis en chantier. Plusieurs défis se profilent alors : dénicher un casting d'enfants talentueux et prêts à signer pour un minimum de sept films sur une longue période de temps (10 ans au final), poser les bases d'une histoire pas encore terminée à l'époque (quelles pistes narratives privilégier ?), retranscrire fidèlement un univers jalousement révéré par un nombre grandissant de fan à travers le globe et, surtout, offrir une expérience cinématographique totalement inédite donnant au public la possibilité de voir grandir (et de grandir avec) ses héros. Le premier film, intitulé HARRY POTTER AND THE PHILOSOPHER'S STONE (L'ECOLE DES SORCIERS en VF) et réalisé par l'américain Chris Columbus mais avec un casting 100% british, sort sur les écrans en novembre 2001, en concurrence direct avec l'adaptation du SEIGNEUR DES ANNEAUX de Peter Jackson, et remporte un franc succès tant critique que publique. La machine est lancée.
Nous sommes en juillet 2011 et la saga vient de prendre fin. David Heyman a remporté son pari de mener l'expérience jusqu'à son terme. En dépit de quelques ratés et déceptions, c'est une victoire. Petit passage en revue des huit films :

HARRY POTTER & THE PHILOSOPHER'S STONE (HARRY A L'ÉCOLE DES SORCIERS)

Réalisé par Chris Columbus (2001) - 152 mn (159 mn dans sa version "Extended").
Avec Daniel Radcliffe (Harry Potter), Emma Watson (Hermione Granger), Rupert Grint (Ron Weasley), Richard Harris (Professor Dumbledore), Alan Rickman (Professor Snape), Maggie Smith (Professor McGonagall), Robbie Coltrane (Rubbeus Hagrid), ...



A l'aube de ses onze ans, le jeune Harry Potter, orphelin vivant chez son oncle et sa tante qui le traitent comme un moins que rien, apprend qu'il est un sorcier. Il apprend également que ses parents ont été assassinés par le redoutable Voldemort, le Seigneur des Ténèbres, et qu'il est le seul à avoir survécu aux assauts du mage noir, causant ainsi la perte de ce dernier. Il rejoint alors l'école de sorcellerie de Hogwarts et y fait la connaissance de Hermione Granger et Ron Weasley dont il gagne aussitôt l'amitié, ...

Un peu paralysé par la mise en scène trop télévisuelle de Chris Columbus,  le premier film réussit pourtant l'essentiel : rendre crédible sur grand écran l'univers imaginé par J.K. Rowling et poser des fondations solides pour la suite. Le casting, les décors et la musique ont fait l'objet d'un soin évident et le résultat est payant. Bien que visiblement peu expérimenté et dirigé sans inspiration, les jeunes acteurs prouvent néanmoins qu'ils sont le choix idéal pour chacun des personnages qu'ils interprètent. Le reste des acteurs, la crème du cinéma anglais (Alan Rickman, Richard Harris, Maggie Smith, et Robbie Coltrane), ne manquent pas de charisme et alignent des prestations certes cabotines mais savoureuses. 
Pilier sur lequel repose toute l'entreprise, le scénario de Steve Kloves reste fidèle aux écrits de J.K. Rowling et ne laissent presque aucun élément de côté. L'équilibre entre le fan service et l'efficacité apte à convaincre les néophytes est total. 
Chapeau bas également pour la musique de John Williams. Le compositeur attitré de Steven Spielberg aligne les thèmes mémorables et contribue énormément à l'envoûtement général. 
Malgré des effets spéciaux qui ont vite vieilli et la réalisation tristement arthritique de Chris Columbus, ce premier volet ouvre la saga efficacement.  



HARRY POTTER & THE CHAMBER OF SECRETS (HARRY POTTER ET LA CHAMBRE DES SECRETS)

Réalisé par Chris Columbus (2002) - 161 mn (174 mn pour la version "Extended").
Avec Daniel Radcliffe (Harry Potter), Emma Watson (Hermione Granger), Rupert Grint (Ron Weasley), Kenneth Branagh (Gilderoy Lockhart), Richard Harris (Professor Dumbledore), Alan Rickman (Professor Snape), Maggie Smith (Professor McGonagall), Jason Isaacs (Lucius Malefoy), ...
Pour sa seconde année à Hogwarts, Harry et ses amis doivent résoudre le mystère de la Chambre des Secrets afin de sauver la réputation de l'école et la vie d'élèves menacés, ...

Un peu plus détendu et confiant, Chris Columbus soigne sa mise en scène et surpasse sans problème son essai précédent. Le trio de héros gagne aussi en expérience et les prestations de Kenneth Branagh et Jason Isaacs sont mémorables.
Chargés de donner vie à l'elfe Dobby, à une horde d'araignées géantes et au monstrueux basilic géant, les effets visuels sont également plusieurs crans au dessus de ceux de l'opus précédent. Sans oublier qu'ils nous offrent aussi le match de quidditch le plus spectaculaire de toute la série.
Les touches de dark fantasy se font plus présentes, preuve que l'ambition de gagner en maturité pour chaque film est pour le moment respectée. 
Bigger, better, louder, LA CHAMBRE DES SECRETS est une séquelle tout ce qu'il y a de plus recommandable. Chris Columbus (mais aussi Richard Harris, décédé peu après la fin du tournage) quitte le monde de  Harry Potter sur un coup d'éclat non négligeable.



HARRY POTTER & THE PRISONNER OF AZKABAN (HARRY POTTER & LE PRISONNIER D'AZKABAN)

Réalisé par Alfonso Cuaron (2004) - 142 mn.
Avec Daniel Radcliffe (Harry Potter), Emma Watson (Hermione Granger), Rupert Grint (Ron Weasley), David Thewlis (Professor Remus Lupin), Robbie Coltrane (Rubbeus Hagrid), Michael Gambon (Professor Dumbledore), Gary Oldman (Sirius Black), Alan Rickman (Professor Snape), ...



Harry apprend l'évasion de Sirius Black de la terrifiante prison d'Azkaban. L'homme est à la fois son parrain et le traître responsable de la mort de ses parents après avoir livré à Voldemort des informations vitales. C'est donc sous haute surveillance que Harry entame sa troisième année à l'école de sorcellerie, ...
Un gigantesque bond en avant. Le meilleur livre de la saga est donc aussi le meilleur film. Nettement plus ambitieux et talentueux que Chris Columbus, le mexicain Alfonso Cuaron (déjà réalisateur de l'excellent A LITTLE PRINCESS) ouvre de nouveaux horizons à la saga Harry Potter. Plus sombre, plus rythmé, visuellement somptueux, ce troisième film possède une identité si forte qu'il va durablement influencer les opus suivants. Quant à Michael Gambon, successeur de feu Richard Harris, il reprend le rôle de Dumbledore avec panache. 
Que dire de plus sinon qu'il s'agit là d'un des meilleurs contes fantastiques pour enfants jamais réalisé. La saga Harry Potter venait donc d'atteindre là un pic créatif qu'elle ne retrouvera plus tout à fait par la suite.



HARRY POTTER & THE GOBLET OF FIRE (HARRY POTTER ET LE GOBELET DE FEU)

Réalisé par Mike Newell (2005) - 157 mn.
Avec Daniel Radcliffe (Harry Potetr), Emma Watson (Hermione Granger), Rupert Grint (Ron Weasley), Michael Gambon (Professor Dumbledore), Brendan Gleeson (Professor "Mad Eye" Moody), Ralph Fiennes (Lord Voldemort), Timothy Spall (Wormtail), ...



Devenu la cible d'un complot mystérieux, Harry se retrouve forcé de participer au Tournoi des Trois Sorciers. L'issu est incertaine et, dans l'ombre, les forces des ténèbres se rassemblent à nouveau, ...

Le plus inégal des films de la saga. Premier réalisateur britannique à rejoindre l'univers de Harry Potter, Mike Newell (QUATRE MARIAGE ET UN ENTERREMENT, DONNIE BRASCO), foire une bonne moitié de film, peu aidé il est vrai par le scénario maladroit de Steve Kloves qui a la mauvaise idée de sabrer bêtement dans le premier acte du pavé de J.K. Rowling. 
Passé un prologue alléchant, il faut ensuite attendre la dernière demi-heure pour que le film se réveille enfin et cesse de nous gonfler avec des atermoiements adolescents de très mauvais goût. La plupart des mystères posés par l'intrigue, jusqu'à alors traités avec un mépris parfois ahurissant, reviennent au premier plan et l'entrée en scène de Voldemort (excellent Ralph Fiennes) évoquent les meilleures heures du cinéma fantastique anglais. 



HARRY POTTER & THE ORDER OF THE PHOENIX (HARRY POTTER ET L'ORDRE DU PHENIX)

Réalisé par David Yates (2007) - 138 mn.
Avec Daniel Radcliffe (Harry Potter), Emma Watson (Hermione Granger), Rupert Grint (Ron Weasley), Michael Gambon (Professor Dumbledore), Imelda Staunton (Dolores Umbridge), Gary Oldman (Sirius Black), Alan Rickman (Professor Snape), ...



Personne ne croit Harry lorsqu'il affirme que Voldemort est bel et bien de retour. De retour à Hogwarts, il doit également subir la tyrannie du professeur Umbridge, envoyée par le Ministère de la Magie pour réformer l'établissement dirigé par Dumbledore. Face à une menace de plus en plus pesante, Harry enrôle certains de ses camarades et fonde l'Armée de Dumbledore, ...
Injustement méprisé par bon nombre de fans pour avoir osé réduire le plus volumineux des romans (plus de 1000 pages !) à un film d'à peine 2h15 - soit le plus court jusqu'alors - cet ORDRE DU PHENIX est pourtant le seul volet à tutoyer l'excellence du PRISONNIER D'AZKABAN. Avec l'apport précieux de son scénariste Michael Goldenberg, l'anglais David Yates livre un film foisonnant, bien rythmé et porté par la colère sourde d'un Harry adolescent en butte à la propagande du Ministère de la Magie. Symbolisant à elle toute seule l'atrocité du politiquement correct et d'une éducation trop stricte, le personnage formidablement campé par Imelda Staunton justifie à lui seul le visionnage de ce volet très politique. Mention spéciale également à l'affrontement final entre Dumbledore et Voldemort, court mais spectaculaire. 



HARRY POTTER & THE HALF BLOOD PRINCE (HARRY POTTER ET LE PRINCE DE SANG-MÊLE)

Réalisé par David Yates (2009) - 153 mn.
Avec Daniel Radcliffe (Harry Potter), Emma Watson (Hermione Granger), Rupert Grint (Ron Weasley), Jim Broadbent (Professor Slughorn), Tom Felton (Draco Malefoy), ...



Désormais traqué par les Death Eaters, les partisans de Voldemort, Harry doit suivre les enseignements de Dumbledore qui tente de le préparer pour les batailles à venir en lui révélant les secrets du passé de son pire ennemi, ...
Sans conteste, le plus mauvais film de la série. Le livre fonctionnait sur une alternance de nombreux flash-backs passionnants révélant le passé de Voldemort et de scènes de complots visant à assassiner Dumbledore. Le scénario de Steve Kloves n'en retient presque rien et privilégie les badinages et la comédie pas drôle. Anti-spectaculaire au possible, dénué de toute tension, le deuxième effort de David Yates a beau être soigné sur le plan visuel, il ne suscite qu'un intérêt lointain. Dommage. 



HARRY POTTER & THE DEATHLY HALLOW PART 1 (HARRY POTTER ET LES RELIQUES DE LA MORT, 1ère PARTIE)

Réalisé par David Yates (2010) - 146 mn.
Avec Daniel Radcliffe (Harry Potter), Emma Watson (Hermione Granger), Rupert Grint (Ron Weasley), Ralph Fiennes (Lord Voldemort), Bill Nighy (Rufus Scrimgeour), Helena Bonham Carter (Bellatrix Lestrange), ...



Après la mort du professeur Dumbledore, Harry et ses amis se retrouvent seuls pour accomplir une immense tâche : trouver les Horcruxes, dans lesquels Voldemort a dissimulé une partie de son âme, et les détruire définitivement, ...

Pas facile de porter un jugement sur une moitié de film. Redoutant la colère des fans et bien décidés à ne pas conclure trop vite une franchise aussi juteuse, les producteurs ont eu l'idée (pas mauvaise au demeurant) de couper le dernier film en deux. Le climat oppressant, le rythme languissant et l'aspect road-movie fonctionnent en tout cas à merveille. Après le piètre PRINCE DE SANG-MÊLE, David Yates redresse la barre et fait la part belle à l'émotion. L'action se fait discrète mais reste efficace et Daniel Radcliffe démontre qu'il est véritablement un acteur de talent. A suivre ...



HARRY POTTER & THE DEATHLY HALLOW PART 2 (HARRY POTTER ET LES RELIQUES DE LA MORT, 2ème PARTIE)

Réalisé par David Yates (2011) - 130 mn.
Avec Daniel Radcliffe (Harry Potter), Emma Watson (Hermione Granger), Rupert Grint (Ron Weasley), Ralph Fiennes (Lord Voldemort), Helena Bonham Carter (Bellatrix Lestrange), Alan Rickman (Professor Snape), Matthew Lewis (Neville Longbottom), Bonnie Wright (Ginnie Weasley), ...



Poursuivant leur quête des Horcruxes de Voldemort, Harry et ses amis rejoignent Hogwarts et découvrent l'école assiégée par les forces de Voldemort. La bataille finale est engagée et, à présent, chaque minute compte, ...

La VRAIE conclusion de la saga. David Yates boucle la boucle avec talent. Les morts s'accumulent, les révélations s'enchaînent et la guerre fait rage dans cet ultime opus. On redoutait que la saga se termine sur une fausse note et, à une ou deux exceptions près, la réussite est pourtant indiscutable. Tout en livrant le film le plus spectaculaire de la série, le cinéaste soigne sa direction d'acteurs comme jamais et délivre des trésors d'émotions. Le plus beau moment ? Un long flash-back central racontant (attention, SPOILERS !) l'amour de Snape (incroyable Alan Rickman) pour Lily Potter, la mère de Harry. Un moment à fendre le cœur. Et ce n'est pas le seul. L'empoignade, plus physique que dans le roman, entre Harry et sa némesis Voldemort ajoute une dimension inattendue au combat qui les oppose. La guerre que les deux camps se sont livrés tout au long des films prend une tournure charnelle et tragique. Dommage que le scénario de Steve Kloves, toujours aussi incapable de faire un choix entre "adaptation" (et donc trahison obligatoire) et "transcription" toute bête ne soit pas tout à fait du même niveau, la narration menant à l'affrontement tant attendu s'avérant parfois laborieuse et même confuse pour les néophytes.
Au-delà de tout happy-end attendu, c'est en larme mais le coeur satisfait que ce dernier film nous abandonne. Une page est tournée, ...


TRANSFORMERS 3 : LA FACE CACHEE DE LA LUNE - CRITIQUE

Réalisé par Michael Bay - Sortie US le 29 juin 2011 - Titre original : TRANSFORMERS, DARK OF THE MOON.
Scénario : Ehren Kruger, d'après la ligne de jouet Hasbro.
Musique : Steve Jablonsky.
Directeur de la photographie : Amir Mokri.
Avec Shia LaBeouf (Sam Witwicky), Josh Duhamel (US Army Lt. Colonel William Lennox), John Turturro (Seymour Simmons), Tyrese Gibson (USAF Chief Robert Epps), Rosie Huntington-Whiteley (Carlie Spencer), Patrick Dempsey (Dylan Gould), Frances McDormand (Charlotte Mearing), John Malkovich (Bruce Brazos), ...
Durée : 155 mn.
Désormais adulte, Sam Witwicky est tenu à l'écart, bien contre son gré, des opérations menées par les Autobots et leurs alliés humains. En couple avec une jeune anglaise, Carly, son seul challenge est de trouver un emploi. Pendant ce temps, les Decepticons, aussi discrètement que possible, ont tournés leur regard vers une arme secrète enfouie dans un vaisseau Autobot qui se serait crashé sur la face cachée de la Lune dans les années 60, ...


Sincèrement, qu'attendre encore d'un film qui s'appelle TRANSFORMERS 3 ? Et, je dirais même plus, qu'attendre d'un film réalisé par le généralement conspué Michael Bay ? Des explosions par centaines, des ralentis iconiques, des belles pépées filmées à ras du string, du cabotinage d'acteurs oscarisés (ici Frances McDormand et John Malkovich, mais j'y reviendrais), de l'humour bas de plafond ? Réponse :tout ça et même plus encore, puisque une chose est certaine, dans le pire comme dans le meilleur, Michael Bay est l'un des cinéastes américains les plus généreux qui soit. 


Faisant suite au sympathique et maîtrisé TRANSFORMERS et au jouissivement boursouflé TRANSFORMERS LA REVANCHE, ce troisième opus étend sur une durée démesurée (plus de 2h30 quand même !!) une histoire d'une crétinerie abyssale, mal racontée et mal menée. La noirceur revendiquée de certaines scènes se marrie ainsi extrêmement mal à l'humour pas drôle de nombreuses autres scènes. Dramatiquement parlant, c'est mal équilibré et carrément foireux. Là se trouve le plus grand défaut du film : Ehren Kruger (probablement le plus mauvais scénariste en activité à Hollywood) et Michael Bay semblent ainsi incapable de dérouler une histoire somme toute assez simple (méchants robots mégalomanes contre gentils robots) là où un épisode de la série animée y serait parvenue en à peine vingt minutes. Le complot central, assez couillon, se noie dans une confusion malvenue et les personnages inutiles pullulent (John Malkovich donc, mais aussi l'hilarant Ken Jeong et une paire de cosmonautes russes horripilants). Le personnage principal, toujours incarné par Shia Labeouf, est quant à lui de moins en moins intéressant et sympathique dans sa quête de reconnaissance (on aurait préféré qu'il reste un ado dépassé par les évènements plutôt que ce jeune adulte râleur et complexé). Enfin, la "fameuse" remplaçante de Megan Fox (virée pour avoir traité Michael Bay de Adolf Hitler des plateaux - no comment !) n'est rien d'autre qu'une bimbo blonde de plus dont le jeu semble aussi naturelle et séduisant qu'une injection de botox. Seuls Frances McDormand et Patrick Dempsey (parfait en pourriture absolu - qui l'eut- cru ?) tirent leur épingle du jeu.


Les robots, par contre, ont fait l'objet d'un peu plus d'attention et pour film censé les mettre en vedette, c'est bien le minimum après tout. Optimus est un leader qui cache ses incertitudes derrière son charisme naturel, Bumblebee hésite toujours entre son amitié profonde pour Sam et son enthousiasme à combattre au côté de ses frères Autobots, Megatron est devenu un despote décrépi et fatigué (superbe intro et look à la Mad Max pour un perso un peu trop vite mis de côté) et le nouveau venu, Sentinel Prime (bénéficiant, en VO, du timbre inimitable de Leonard Nimoy), incarne une figure légendaire rempli d'amertume et prêt à toutes les trahisons pour restaurer son passé. Le travail abattu par ILM pour donner vie et personnalité à ces robots géants est réellement admirable. 
Passée la première heure d'exposition un peu pénible, Michael Bay se décide enfin à appuyer sur la pédale d'accélération et livre alors un grand spectacle absolument dantesque. Repensant son découpage et son rythme habituel pour mettre en valeur les technologies 3D, il multiplie les plans larges cadrés à la perfection et les idées les plus folles. C'est là tout le paradoxe de Michael Bay, piètre conteur mais pourvoyeur de scènes d'actions redoutables. En à peu près 75 minutes de destructions massives et ininterrompues, il nous rassasie d'images marquantes (Shockwave et son cerbère titanesque, les héros piégés dans un building sur le point de s'effondrer, l'exécution cruelle de prisonnier Autobots, ...) justifiant à elles seules le prix du billet. Comparé à pléthores de blockbusters bavards et frustrants, TRANSFORMERS 3 démontre l'enthousiasme incroyable de Michael Bay ainsi que le soin presque maniaque de travail visuel. La 3D est justifiée, ça pète de partout et l'argent dépensé est clairement à l'écran. 


Aller au cinéma pour profiter d'un film de Michael Bay, ce n'est vraiment pas fait pour les cyniques et les pinailleurs. C'est du gras, c'est de l'agressif, c'est du profondément crétin. Et pourtant, il n'y a JAMAIS tromperie sur la marchandise. Combien peuvent s'en vanter de nos jours à Hollywood ? Allez-y, mais en connaissance de cause.

mardi 28 juin 2011

LE SURVIVANT - Passé, présent, futur "La Dernière Route" 9ème partie (épisode #100)


Je me suis réveillé d’un long rêve qui a fait couler mes dernières larmes. Et une ombre s’est penchée sur moi. Cette ombre avait dû être un homme autrefois. 

L’ombre s’est posé sur mon épaule et j’ai ressenti une profonde morsure. Le sang s’est mis à couler mais la douleur n’est arrivé qu’un peu plus tard. L’ombre s’est retiré de mon épaule et s’est aussitôt dissipée. En s’évanouissant, elle n’a produit qu’un faible son. Un soupir. 

Avec la douleur est venue la fièvre. Une fièvre aussi brève que virulente. J’ai cru mourir mais c’est autre chose qui est arrivé. Le Grand Voile s’est abattu sur le monde, plus opaque que jamais, et la lumière du soleil a été réduite à une faible lueur diffuse. Le monde était prêt à sombrer. 

Ni tristesse, ni joie. Mes émotions m’ont abandonnées. Je suis libéré de leur dictature.

Toutefois, je n’ai pas bougé. Je suis resté assis à entendre. 

Des heures, des jours, des mois, des années.
Des heures, des jours, des mois, des années.
Mais le temps n’a plus la moindre emprise sur mon corps.

Je suis comme une statue, mais mon regard est vivant, avide, puissant.
Puis, la terre s’est mis à gronder. Et la mer, si calme, s’est mise à bouillonner.
Le lien qui m’unit aux six autres m’a renvoyé cette même image encore et encore. Un ciel sombre, totalement occulté et une mer agitée et bouillonnante.
Puis, le grondement a cessé.
Quelques infimes secondes d’un silence total.

Et une gigantesque colonne vivante et luisante, noire, entourée de silhouettes vaporeuses a émergé dans un grand fracas, projetant de grandes vagues. La colonne a continué de s’élever dans le ciel, jusqu’au moment où elle a commencé à s’incliner et à se plier. La colonne est devenu comme un bras cherchant à s’extirper de l’eau pour chercher une prise sur la terre ferme. A force de se plier ainsi, l’extrémité de la colonne a fini par s’abattre sur les collines a des kilomètres de là, détruisant toute la région sous la force de l’impact. Incapable de bouger, protégé des tourments infligés à la terre autour de moi, je n’ai pas pu détacher mon regard de la colonne vivante. A chaque seconde, elle m’a semblé gagner en force, puisant dans mon âme et dans mes yeux. 

Il est temps.

A côté de moi, mon vieux journal maltraité et tâché, reçoit les mots que mon esprit tourmenté est encore en mesure de lui envoyer. Les lettres s’impriment d’elle-même. Et je me dis qu’il est temps de conclure. Ce qui faisait de moi un humain, un homme, s’échappe. La colonne vivante de la Race Oubliée me vide sans me tuer et me transforme en une chose que je ne sais pas définir correctement. Une statue, un miroir et un puits.
Mais je ne suis toujours pas mort.
Toujours pas mort.

Je suis le Survivant.

LE SURVIVANT - ??? 2016 "La Dernière Route" 8ème partie (épisode #99)

Nous sommes en février 2014. Et les émissaires propagent la parole. L’armée des morts-vivants déclare la guerre à l’humanité. 

Le passé détient la vérité.

Guidés par leur faim et par les signes dans le ciel, les émissaires parcourent le monde entier. Ils ont engendrent de nombreux disciples et libèrent le virus. 

Au début, ils ne mangent que pour satisfaire la faim. Manger, se cacher. Manger, se cacher. Manger, se cacher. Encore et toujours. Les fines plaies sombres et suintantes se transforment en énormes furoncles purulents. Chacun de ses furoncles contenant le virus capable de faire revenir les morts à la vie. Comme des spores prêt à libérer leur pollen.
Au bout de deux ans, le pollen commence à se répandre et, sans cesse, les émissaires voyagent. Allant de cimetières en morgues et de cités surpeuplées en bidonvilles misérables. Personne ne les voient. Leur fluide imprègnent la terre, les plantes, le bêton, l’acier et le verre. Les vents et les pluies le propagent dans l’atmosphère.  
Des cas se déclarent. Trop isolés pour lancer une panique mondiale ou alerter les autorités sanitaires. Mais le 2 février 2014, lorsque les journalistes diffusent plusieurs vidéos mettant en évidence la terrible réalité – le retour des morts à la vie – plus personne ne peut l’ignorer. Trop occupés à leurs affaires, les vivants ont négligés les morts. Et ils sont aussitôt submergés.
Le monde s’effondrent. Et le émissaires retournent dans leur pays d’origine, attendant qu’on leur assigne une nouvelle tâche. Attendant que les étoiles grondent et leur dictent leur volonté. Pendant un temps, ils cessent de s’alimenter et les créatures obèses qu’ils étaient devenus se desséchent rapidement.
Puis vient le signe attendu. En France, Thomas Sanders se met en route pour Paris.

Nous sommes fin mars 2014.

Dans la capitale en flammes, Thomas observe un homme fuir les hordes de ses disciples affamés. Il sait qu’il doit suivre cet homme et attendre son heure. 

Alors, il le suit. Parfois, il le regarde dormir. L’autre homme ne le remarque jamais. 

Il le suit jusqu’à un camp militaire. Pendant de longues semaines, il l’observe de loin et redécouvre une émotion humaine, l’impatience. L’homme que Thomas suit comme une ombre a un rôle à jouer lui aussi et il ne peut pas demeurer dans ce lieu sinistre éternellement. Il trouve une oreille compatissante. Un petit garçon triste. Et un autre homme qui a le même prénom que lui. Il leur suggère un plan et ses nouveaux disciples humains le concrétisent. 

Et la traque peut reprendre. 

Thomas croise des Fanatiques et une autre émotion refait surface : la peur. Thomas hait ces Fanatiques. Il lance l’armée des morts contre ces fous. Il n’assiste pas à leur chute mais il sait, dans son cœur pourri, qu’il ne reste rien de ces adorateurs de Dieu. 

Thomas suit l’homme mais finit par perdre sa trace. Pendant deux longues années, il se replonge dans l’attente. Ils se dessèche alors tellement qu’il n’est plus qu’une ombre lorsque, enfin, sa proie réapparait.
Et maintenant, sa mission prend fin. Un simple baiser et Thomas pourra à nouveau dormir. Il a tellement sommeil. 

L’homme est assis sur la plage.