Réalisé par John Carpenter - Sortie US le 9 décembre 1983.
Scénario : Bill Phillips, d'après le roman de Stephen King.
Musique : John Carpenter & Alan Howarth.
Directeur de la photographie : Donald M. Morgan.
Avec Keith Gordon (Arnie Cunningham), John Stockwell (Dennis Guilder), Alexandra Paul (Leigh Cabot), Robert Prosky (Will Darnell), Harry Dean Stanton (Detective Rudolph "Rudy" Junkins), ...
Durée : 110 mn.
Adolescent complexé et soumis à l'autorité écrasante de ses parents, Arnie Cunningham tombe sous le charme de Christine, une Plymouth qui n'est plus qu'une épave et dont le propriétaire cherche à se débarrasser au plus vite. Un lien étrange et puissante se forme entre la voiture et le jeune homme, ...
Ce n'est pas vraiment par amour pour son art que John Carpenter tourne CHRISTINE, mais plutôt pour s'assurer un succès au box-office après l'échec public de son monumental THE THING. Choisir d'adapter Stephen King, auteur le plus populaire du moment (au cinéma comme dans les librairies) va d'ailleurs dans ce sens, le film de Carpenter s'assurant avant même sa sortie une base solide de spectateurs potentiels.
Le choix du roman en question n'est pas non plus innocent puisque CHRISTINE mêle drame adolescent et belle carrosserie rutilante (je parle de la voiture, hein ! pas du casting féminin), un cocktail idéal pour séduire le public jeune grand consommateur d'horreur, de fantastique et d'action que le cinéma des années 80 cible de plus en plus. Et là, le film de Carpenter ne déçoit pas une seule seconde. Ouvrant très fort au son du "Bad to the bone" de George Thorogood, CHRISTINE fonce pied au plancher sans trop réfléchir. Adaptation plutôt fidèle, le scénario laisse de côté les subtilités psychologiques pour privilégier les effets chocs et le suspense comme toute bonne série B qui se respecte. Le montage, rythmé par une bande son qui mélange rock n' roll et boucles synthétiques, avance tel un rouleau-compresseur. De tous les films de John Carpenter, CHRISTINE est peut-être le seul à être aussi volontairement dépourvu de substance. Seul la forme, éclatante de maîtrise, compte. On peut bien sûr y voir une métaphore du consumérisme où ses objets que l'on est si avide de posséder pour exister dans la société finissent par littéralement nous posséder. Mais c'est un thème qui était déjà présent dans le roman de King, satire féroce d'une jeunesse arrogante et de l'American Way of life.
D'un point de vue symbolique, Carpenter n'a que faire d'inscrire CHRISTINE dans son époque. Il lui donne même un cacher désuet et intemporel avec sa bande de voyous sortie tout droit d'un film des années 50/60, sa musique évidemment, et sa voiture titre, fantôme d'une époque révolue. C'est une série B à l'ancienne carburant au super des années 80.Un produit de consommation moderne, soigné et incroyablement professionnel, saupoudré d'une certaine nostalgie en adéquation totale avec les ambitions de ses créateurs.
Dans la longue liste des romans de Stephen King portés à l'écran, CHRISTINE demeure dans le haut du panier. Mise en scène élégante, casting attachant et effets spéciaux fabuleux (ces derniers n'ont d'ailleurs pas du tout vieilli), c'est un manifeste du style Carpenter, un exercice de style indémodable et calibré pour scotcher les foules à leurs fauteuils.
Très bonne critique et formelle sur le sujet. On peut remarquer également que Carpenter est à la fois un bon metteur en scéne, remplie le cahier des charges qu'on lui demande lors de ces commandes. Mais aussi il impose son style et cela donne beaucoup de jeu au film, grâce aussi aux musiques qu'il compose. Celle-ci est à l'image du film; un film d'horreur à l'ancienne mais avec une grande classe sur un sujet d'ordre psychologique.
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