vendredi 13 mai 2011

LE CINEMA AMERICAIN DES ANNEES 80 #45 - GREMLINS

Réalisé par Joe Dante - Sortie US le 8 juin 1984.
Scénario : Chris Columbus. 
Musique : Jerry Goldsmith.
Directeur de la photographie : John Hora.
Avec Zach Galligan (Billy Peltzer), Phoebe Cates (Kate Berringer), Hoyt Axton (Randall Peltzer), Frances Lee McCain (Lynn Peltzer), Dick Miller (Murray Futterman), Polly Holliday (Ruby Deagle), ...
Durée : 104 mn.
C'est en visitant Chinatown que Randall Peltzer, inventeur en mal de succès, trouve le cadeau de noël idéal pour son fils Billy, un Mogwai, drôle de petit animal aux propriétés surprenantes. Pour posséder un Mogwai, trois règles sont à observer scrupuleusement : ne pas l'exposer à la lumière du jour, ne pas le mouiller et surtout, surtout, ne pas lui donner à manger après minuit, ...




GREMLINS, c'est plusieurs choses à la fois. C'est l'un des fleurons des productions Spielberg/Amblin des années 80, époque aujourd'hui bien révolue. C'est le plus gros succès de la longue et passionnante carrière du réalisateur Joe Dante. Et c'est l'un des trois scénarios (avec LES GOONIES et LE SECRET DE LA PYRAMIDE) qui prouvent qu'avant de devenir un réalisateur dénué de talent, Chris Columbus a été un scénariste génial et inventif. 
L'un des objectifs principaux de Steven Spielberg, Kathleen Kennedy et Frank Marshall et de leur boîte de production Amblin Entertainment, à ses tous débuts, est d'offrir au public des films qui puissent conjuguer les exigences d'un cinéma populaire à l'ancienne et une vraie liberté de ton. En bref, des blockbusters d'auteur. Bouffeur de pellicule compulsif, Spielberg est aussi un cinéaste débordé qui ne peut pas porter lui-même à l'écran tous les projets qui lui font envie. La mission que se fixe Amblin est alors de concrétiser les dits projets en les confiant à des réalisateurs talentueux et dotés d'une forte personnalité artistique. Des gens comme Tobe Hooper, Joe Dante ou encore Robert Zemeckis et Don Bluth. Conte de noël iconoclaste et monstrueux sorti en pleine période estivale, GREMINS est plus qu'un simple film, c'est probablement le plus mémorable des porte-étendards d'Amblin Entertainment aux yeux du public.

Billy (Zach Galligan) et Gizmo à la poursuite des gremlins.

 Grand amateur de série B fantastiques et de science-fiction, Joe Dante, issu de l'école Roger Corman, réalise avec GREMINS le double exploit de rendre un hommage au cinéma qu'il aime (les films ont Billy et son compagnon Gizmo se gavent devant leur télé, parmi lesquels L'INVASION DES PROFANATEURS DE SEPULTURE, référence récurrente dans pleins de films de Dante) mais aussi aux contes de noël traditionnels (référence à Dickens et à LA VIE EST BELLE de Capra en tête). GREMLINS, c'est la cohabitation heureuse du bis et du cinéma respectable. De l'ignoble (les gremlins, donc) et du mignon (Gizmo). On peut également y voir une relecture un peu plus grand public de l'un des premiers long-métrages de Joe Dante, PIRANHA, puisque le cinéaste en reproduit ici la structure (un habile crescendo) et la thématique (une nuée de petites bestioles aux dents pointues viennent le foutre le boxon en pleine période de fête). A de purs moments d'horreur (les premières attaques des gremlins sur le professeur de biologie et la mère du héros sont vraiment flippants) se succèdent ainsi des séquences burlesques à l'humour noir prononcé. Généreux, Joe Dante livre avec GREMLINS deux films pour le prix d'un. Une comédie B et un film d'horreur de série A. A moins que ce ne soit le contraire ?

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 Le scénario de Chris Columbus est tout aussi essentiel à la réussite de GREMLINS. A l'origine bien plus violent et sanglant (Spielberg et Dante ont adoucis ces aspects), GREMLINS n'en reste pas moins un portrait au vitriol d'une Amérique faussement idéalisée. La petite ville à la Norman Rockwell en prend ainsi pour son grade au travers de personnages fabuleusement croqués. Gentil inventeur débonnaire, le père du héros est aussi le responsable pas vraiment excusable de la catastrophe qui s'abat sur les siens. La jeune femme amoureuse du héros se trimballe de belles névroses. Quant au gentil voisin pittoresque, c'est aussi un raciste de première. Et le pompon revient à Mrs Deagle, riche héritière acariâtre et cruelle, obsédée par l'argent (tous ses chats ont des noms de devises monétaires) qui menace le gentil toutou du héros d'euthanasie sans procès. Il y a quelque chose de pourri au royaume de l'Oncle Sam et les gremlins se chargent de plonger tout ce beau monde dans le chaos le plus jubilatoire. 

Le leader des gremlins se prend pour Leatherface !

 A l'heure où les images de synthèse viennent donner vie à la moindre créature fantastique, les animatroniques de Chris Walas peuvent s'enorgueillir, plus de 25 ans après, de tenir formidablement la route, donnant vie à Gizmo et aux teigneux gremlins. Quant au score de Jerry Goldsmith, avec son inoubliable thème moqueur, il fut le premier d'une longue et fructueuse collaboration avec Joe Dante.

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