A voyager ainsi de nuit, je me suis demandé comment l'humanité a t-elle pu survivre aussi longtemps sans la bénédiction des éclairages publiques. A chaque tête de zombie tranchée à coup de machette in extremis, je me suis posé la question. Les zombies n'ont pas besoin de lampes torches. Ils peuvent me renifler à bonne distance. L'odeur de la viande (je n'oserais pas dire "fraîche", vu mon état de santé).
Je me suis confectionné une torche à l'ancienne mais le maniement n'est pas si facile que ça et la lumière produite ne permet pas de voir très loin. On risque de se cramer la gueule à chaque faux mouvement pour pas grand chose. Et pour la discrétion, c'est pas l'idéal. J'ai donc bien vite renoncé à m'en servir et je l'ai jeté dans un cours d'eau.
Parfois, élaborer un plan (et le voir réussir) est bien plus satisfaisant qu'un combat suicidaire. Du moment où je me suis décidé à quitter le petit village de Brousse, le nombre de zombies s'entassant à l'entrée de mon refuge avait plus que doublé. Ouvrir la porte et foncer dans le tas à grand coup de machette ne m'aurait pas servi à grand chose, sinon à me faire tuer. Pas d'autre choix que la ruse ... et le feu. Il y avait trois bidons d'essence stockées dans la réserve de cette maison. J'ai répandu cette essence un peu partout, laissant une jolie flaque à l'entrée. J'ai ouvert la porte et j'ai attendu que les zombies se répandent dans la maison, pataugeant dans l'essence. Le timing était crucial. Il m'a fallu profiter du court délai où il leur serait impossible de me sentir dans cette atmosphère puant l'essence. J'ai abattu ma machette sur les deux derniers morts-vivants et je me suis échappé par l'entrée, refermant la porte derrière moi aussi vite que possible. Puis j'ai craqué une allumette que j'ai placé sous le bas de la porte. Et j'ai attendu. Pas trop longtemps. Le feu a vite pris. Barbecue de zombies ! Le soleil déclinant, je n'ai pas tardé et je me suis remis en route.
J'ai marché plein sud jusqu'à midi, aujourd'hui, ne faisant que de très courtes pauses. Je me suis arrêté dans un restaurant vandalisé sur le bord de la route. Mon regard a croisé un miroir. Je fais peur à voir. J'ai pas mal maigri et je ne me distingue guère de mes amis morts-vivants. J'ai vraiment plus une gueule de porte bonheur !
J'écris ces quelques lignes adossé à une carcasse de semi remorque couchée sur le bord de la route. Le soleil ne va pas tarder à se coucher de nouveau. Je vais me trouver un coin tranquille, absorber ma ration d'aspirines et reprendre quelques forces. Je suis tout près d'un bled du nom d'Espalem, ce qui veut dire que j'ai parcouru un peu plus de 50 kilomètres. J'ai entendu des aboiements de chien, quelque part au loin. Sans leurs maîtres, affamés, ils ont dû se constituer en meute. Maintenant que j'y pense, j'ai du bol de pas être tombé sur des bandes de clébards enragés et en quête d'un repas. Les morts-vivants ne suffisaient pas. Il fallait bien qu'une nouvelle menace se mette à planer au dessus de :ma misérable personne. Il va falloir que je les évite. "Couché !" et "A ta place !" ne suffiront pas pour les faire obéir.
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