dimanche 29 mai 2011

LE CINEMA AMERICAIN DES ANNEES 80 #61 - LES AVENTURES DE JACK BURTON DANS LES GRIFFES DU MANDARIN

Réalisé par John Carpenter - Sortie US le 2 juillet 1986 - Titre original : John Carpenter's Big Trouble In Little China.
Scénario : W.D. Richter, Gary Goldman et David Z. Weinstein.
Musique : John Carpenter & Alan Howarth.
Directeur de la photographie : Dean Cundey.
Avec Kurt Russell (Jack Burton), Dennis Dun (Wang Chi), Kim Catrall (Gracie Law), James Hong (Lo Pan), Victor Wong (Egg Shen), ...
Durée : 99 mn.
De passage à San Francisco, Jack Burton, un routier fort en gueule, accepte d'accompagner son vieil ami Wang Chi à l'aéroport pour accueillir sa fiancée, la belle Miao Yin. Mais celle-ci est enlevée sous leurs yeux par un gang de chinois à la solde du mystérieux David Lo Pan, un puissant sorcier âgé de plusieurs siècles, ...


Tout ce qu’il est nécessaire de retenir pour savourer sans retenue le neuvième film de Big John Carpenter peut se résumer ainsi : inversion des valeurs. Le concept est simple mais génial. Et drôle surtout. Le héros, Jack Burton (Kurt Russell, hilarant à force d’être à côté de ses pompes) se comporte comme l’acolyte, et l’acolyte, Wang Chi (Dennis Dun, énergique et charismatique à souhait), comme le héros. C’est pourquoi LES AVENTURES DE JACK BURTON … fut un bide sans appel à sa sortie pendant l’été 1986.


A l’origine, il y a un scénario de W.D. Richter (également auteur de L’INVASION DES PROFANATEURS DE SEPULTURE pour Philip Kauffman et réalisateur des très étranges AVENTURES DE BUCKAROO BANZAÏ A TRAVERS LA 8ème DIMENSION) qui mêle western et comédie fantastique. Jack Burton y est un cowboy vantard, héroïque mais pas bien futé, débarquant à San Francisco et qui, pour retrouver son cheval qui lui a été volé, va se perdre dans Chinatown, ses légendes et ses fantômes. En acceptant de porter cette histoire à l’écran, Carpenter va se retrouver plus ou moins contraint de la transposer dans un univers contemporain. Une concession faîte au studio et au public, qui n’a plus vraiment le goût des westerns. Jack Burton le cowboy devient donc Jack Burton le camionneur. Ce qui, finalement, n’a que peu d’importance. Parce que Jack Burton reste un idiot dépassé par les évènements. Et parce que c’est à l’asiatique que revient le privilège de botter des culs et de secourir sa promise des griffes du maléfique Lo Pan.


Le tournage, qui marque la quatrième collaboration de John Carpenter avec son acteur fétiche Kurt Russell, se déroule sans le moindre problème et sans intervention aucune des exécutifs. Plutôt surprenant lorsque l’on sait que la Twentieth Century Fox y a injecté la somme maousse de 25 millions de dollars et compte en faire un succès. Seul un nouveau prologue, censé rendre Jack Burton plus « héroïque » (le vieux Egg Shen vante les mérites du camionneur à son avocat), sera tourné à la demande de l’un des producteurs, Barry Diller. Pour le reste, pas de doutes, le métrage est conforme aux intentions du cinéaste. C’est un hommage flamboyant et généreux aux wu xia pan de la Shaw Brothers, aux premiers films de Tsui Hark (ZU ET LES GUERRIERS DE LA MONTAGNE MAGIQUE est cité plus d’une fois) mais aussi à la série japonaise des BABY CART. Bien avant MATRIX où TIGRE ET DRAGON, John Carpenter met le cinéma asiatique à l’honneur dans un blockbuster américain.
Qu’est-ce qui cloche alors ? Pourquoi diable LES AVENTURES DE JACK BURTON … s’est-il planté en salle ?
Le service marketing n'a eu de cesse de se demander pourquoi Jack Burton ne se conduisait pas plus en héros, pourquoi sa romance avec la magnifique Kim Catrall échoue sans appel (« Vous n’allez pas l’embrasser, Jack ? – un court moment de réflexion – « Non. ») et surtout, surtout, pourquoi on accorde tant d’importance à l’histoire d’un jeune restaurateur chinois amoureux et qui ne recule jamais devant le danger. Ces braves commerciaux se sont tout simplement retrouvés dans une impasse. Comment vendre un film que l’on ne comprend pas à un public dont on est plus ou moins certain qu’il ne le comprendra pas non plus ? Ne cherchez pas. Ils ne prirent même pas la peine de le vendre.


Ironie du sort, après quatorze ans le film est enfin rentable et respecté par les cinéphiles. Laissons donc le mot de la fin à Kurt Russell : « On aime le film ou on le déteste, mais c’est généralement une bonne façon de savoir si ceux qui l’ont vu ont ou pas le sens de l’humour. » Bien dit.

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