vendredi 29 avril 2011

LE SURVIVANT - 29 avril 2014

Carole est morte dans le courant de la nuit. Elle est morte dans mes bras. C'est ce coup de rangers dans les côtes qui est le principal responsable. Poumon perforé. Sa respiration est devenue de plus en plus difficile, horriblement sifflante. Son visage est devenu tout bleu, un bleu très pâle, ses lèvres violacées. Elle s'est asphyxiée, lentement, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien d'autre à faire.
Nous étions nous vraiment aimés ? Est-ce que c'était juste pour combattre la solitude ?

Elle est morte les yeux ouverts. Je les ai refermé aussi délicatement que possible. Puis, j'ai attendu.

Elle a rouvert les yeux, finalement. Et j'ai encore attendu.

Elle a fixé son regard, un mélange d'avidité, de curiosité et de mort, sur le mien. J'ai pleuré et là j'ai compris que je l'avais vraiment aimé. Alors, j'ai ôté la sécurité sur mon arme. Et j'ai encore attendu.

Elle a voulu se relever. J'ai levé mon arme. J'ai visé. 

J'ai pressé la détente.

Il restait encore de l'eau dans ma bouteille. Je m'en suis servi pour lui nettoyer le visage du mieux que j'ai pu.
Je suis retourné au parking et aux camions abandonnés. J'ai brûlé son corps avec ceux de mes compagnons morts, assassinés, hier.

Le capitaine Thibault.
Le caporal Larivière.
Jonathan Salers.
Le soldat Pinal.
Le soldat Duroche.
Le soldat Moreau.
Il y avait des zombies. Des tas. J'en ai tué autant que j'avais de balles dans mon chargeur.

Puis j'ai repris la direction du camp. J'y suis parvenu à la tombée de la nuit. Le soldat Deschain, inlassable sentinelle, m'a vu et a fait ouvrir les grilles.

Quel visage ai-je pu présenter à la quinzaine de personnes qui se sont pressés autour de moi ?

"Verney nous a dit qu'il t'avait vu mourir."

Mais je ne suis pas mort. Non. J'ai survécu.

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