samedi 16 avril 2011

LE CINEMA AMERICAIN DES ANNEES 80 #18 - SANS RETOUR

Réalisé par Walter Hill - Sortie US le 25 septembre 1981.
Avec Powers Boothe, Keith Carradine, Fred Ward, ...


Infatiguable Walter Hill. Sitôt son western LE GANG DES FRERES JAMES à peine mis en boîte, il enchaîne directement avec ce survival mémorable qui voit toute une bande de trouffions de la Garde Nationale affronter d'impitoyables cajuns sur leur propre territoire, les bayous. 
On pense à DELIVRANCE de John Boorman bien sûr, mais aussi (sutrout en fait) à une relecture pessimiste et sauvage d'un autre fleuron de la filmo de Hill, le flamboyant LES GUERRIERS DE LA NUIT. La trame (survivre en territoire hostile pour rejoindre le bercail) est identique et les thèmes se rejoignent. Dans les deux cas, Walter Hill (également scénariste de ces films) s'intéresse à la nature profondément tribale et territoriale de l'être humain en opposant non pas des individus mais des groupe. Les personnalités de chacun ne s'affirment qu'au travers de ce qu'elles apportent (ou enlèvent) au fonctionnement du groupe. Et comme dans LES GUERRIERS DE LA NUIT, l'alliance entre plusieurs groupes sous une seule bannière se révèlent illusoire. La violence des armes à feu (déclencheur essentiel) ramènent encore une fois l'homme à sa nature d'animal impulsif ne s'épanouissant ou se surpassant que dans le conflit. 
SANS RETOUR affirme néanmoins une personnalité bien plus sombre. Aux jeux de couleurs et à la richesse des costumes et des décors des GUERRIERS DE LA NUIT, SANS RETOUR répond par une grisaille (la boue, les marais, les uniformes) presque constante. La violence se fait moins spectaculaire et gagne en réalisme. La différence de langage entre les deux adversaires (les cajuns parlent un dialecte unique issu de la langue française) installe un malaise tenace. Enfin, le dernier plan, par son ambiguïté, refuse le happy-end classique. 
La condition humaine selon Walter Hill n'a donc ici rien d'engageante. Nous ne sommes pas des êtres libres. Nous sommes captifs, de nos préjugés, de notre environnement social et géographique, de notre nature belliqueuse. La vie est une prison qui ne nous offre qu'un seul choix : se battre pour sa survie ou se résigner à un mourir, sans défense et dépecé par des villageois comme ce cochon lors de la scène finale. SANS RETOUR ? Sans pitié !


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