samedi 23 avril 2011

LE SURVIVANT - 23 avril 2014

Je ne suis pas complètement ivre, mais c'est pas loin. Et je ne suis pas le seul. J'ai vu Alexis retourner dans sa chambre en titubant comme s'il était sur le pont d'un bateau en pleine tempête. Et la dernière fois que j'ai vu Carole, elle vomissait tout ce qu'elle savait en s'appuyant contre le blindé et avec Jamila qui lui tenait les cheveux en l'air. Beaucoup d'entre nous ont plus ou moins perdu l'habitude de boire et de faire la fête. Mais ça va vite nous revenir. Boire, pas faire la fête.
L'ouverture du bar des deux Christophe a été un joli succès. Le capitaine Thibault a porté un toast qui nous a tous fait chaud au cœur. Se relevant par groupe de trois ou quatre, tous les soldats sont venus boire un verre (et juste un verre). Stef et Anne-So se sont transformées en serveuses pour l'occasion et le lieutenant Orlando - clou de la soirée - s'est enfin autorisé un break pour trinquer au bar, laissant le soin au soldat Tomasi de monter la garde devant la cellule de Tissier. Il aura suffi d'un seul verre de téquila pour redonner un peu de couleur à ses joues pâles et creusées par la fatigue. 
En aidant à l'inventaire, j'avais remarqué une belle bouteille de rhum de Bélize. Après trois verres, je dois bien avouer que tous les espoirs que j'avais placé en elle ne le furent pas en vain.

Cette soirée a été le point d'orgue idéal à une journée que je qualifierai de foutrement satisfaisante ! 
Vous savez quoi ? Je ne suis pas un si mauvais tireur que ça. Je manquais simplement d'entraînement et de conseils. J'ai passé la plus grande partie de la journée sur le champ de tir, avec Jonathan, Roman et Mélanie. Notre formation est la responsabilité du caporal Larivière, un grand gaillard auquel il manque la moitié de l'oreille droite. Après avoir passé deux heures à démonter, à remonter et à apprendre tout ce qu"il y a à savoir sur les armes à feu, nous sommes passés à la pratique. A cause de mon épaule encore fragile, je suis le seul à ne pas voir tiré au fusil. Je me suis contenté d'une arme de poing, un Beretta 9 mm. Le plus important, m'a appris le caporal, c'est la respiration. En suivant son conseil, je me suis découvert des capacités de tireur que je ne me connaissais pas. Je n'ai pas mis au centre de la cible à tous les coups, mais les résultats sont encourageants. La dernière partie de l'entraînement a consisté à un exercice en situation réelle, sur cible mouvante. Autrement dit, sur des zombies. Avec l'appui de quatre tireurs et dans un périmètre dégagé, nous avons mis en pratique les leçons du caporal Larivière à l'extérieur. J'ai abattu quatre zombies avec un seul chargeur. Roman a remporté le jackpot avec un taux de réussite à 100 %. Nos chargeurs terminés nous sommes rentrés aux camps sans tarder. 

Je pense qu'à l'heure qu'il est, le bar doit être fermé. 

J'ai vu le docteur Denoy et le lieutenant Orlando en pleine discussion. Je jurerais avoir vu sourire la policère.

J'ai vu Verney tout seul dans son coin, rejetant la compagnie de l'infirmière Gueydan.

Dehors, sur le chemin de ronde, j'ai vu une paire de soldats perchés sur le parapet et lancés dans un concours pour savoir qui pisserait le plus loin. A moins qu'ils ne visaient des zombies ?

J'ai vu le petit Mohamed, assis dans le couloir des dortoirs, le regard perdu dans le vide. Je lui ai demandé pourquoi il n'était pas couché, mais il s'est efforcé de m'ignorer. 

Je pose ma plus belle plume maintenant ... et je vais fermer les yeux, même si j'ai la tête qui tourne.



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