samedi 2 avril 2011

LE SURVIVANT - 2 AVRIL 2014

La pluie s'est mise à tomber au milieu de la nuit. Et depuis, ça n'arrête pas. Un vrai déluge. Le hic, c'est que si la pluie peut éteindre un incendie qui ravage la capitale (pas sûr) et laver mes vêtements de leur puanteur, elle n'arrête pas les morts-vivants. 
Je n'ai même pas eu le temps de prendre mon petit déjeuner, un groupe d'une trentaine de cadavres ambulants a commencé à se déverser très tôt dans le centre de Baulne. Ils savent où je suis, encore et toujours. Je m'en suis rendu compte suffisamment tôt pour pouvoir lever le camp sans risques de me faire encercler. J'ai quitté l'office de tourisme pour me rendre vers le seul grand magasin du coin. Je l'avais repéré la veille, au cas où. 
D'autres zombies m'y attendait mais il n'ont pas fait le poids. Trop peu nombreux. Trop amochés. L'un d'eux avait toute une moitié du torse manquante. Cage thoracique apparente, lambeaux de chair  noircie pendant par le trou béant où se trouvait autrefois son bras. Un festin abandonné en cours de route et qui s'est relevé pour venir grossir les rangs des zombies. Je sais qu'ils ressentent une faim continue. Mais la douleur ? Ils continuent à se décomposer et donc leurs nerfs doivent être complétement nécrosés. Ils gémissent ça oui, mais je doute que ce soit pour exprimer de la douleur. Je ne sais pas. Quoi qu'il en soit, j'ai mis fin à l'existence pathétique de ce bout de viande pourri. Puis j'ai pris ce dont j'avais besoin. Un imperméable, un parapluie, quelques chaussettes. Et deux paquets de biscuits. Plus de bouteilles d'eau ou d'alcool en revanche. D'autres se sont servis avant moi.
Et en avant la musique, j'ai repris la route, trempé jusqu'aux os malgré toutes mes précautions. Marcher sous la pluie abrité sous un parapluie, ça n'est efficace que sur de courtes distances. Avec la vingtaine de kilomètres que je m'étais juré d'accomplir, c'est une autre histoire. 
J'ai péniblement rejoint la route nationale 7, toujours en direction du sud, m'arrêtant tous les deux kilomètres pour laisser une trace (toujours à la peinture verte) de mon passage sur une carcasse de voiture ou un panneau de signalisation. En chemin, je grignote. Cookies et lamelles de bœuf séchées. Pas très diététique ou sain mais je vais continuer à faire avec pour un certain temps. Des deux côtés de la route, c'est une accumulation de champs mal entretenus, de propriété privées sûrement blindées de zombies trop feignants pour se lever et aller cherche leur repas et d'exploitations agricoles désertes. Bizarrement, je n'ai pas encore croisé un seul bestiau, vache ou cheval ou autre. A un moment, il va bien falloir que je me mette à chasser quelque chose, histoire de manger du frais, de la viande qui ne sorte pas d'une conserve. Pour rester en bonne santé. 
Je sens la présence des morts-vivants partout autour de moi. J'en ai aperçu quelques uns en fin d'après-midi mais pas de contacts "physiques". Je me demande si ceux qui se dirigeaient vers moi en ville ce matin continuent de me suivre. Peut-être qu'ils veulent me faire la peau pour mon petit carnage d'hier. Bah ! Qu'ils viennent s'ils osent ! Tuer du zombie me fait un bien fou. ça m'évite de gamberger. Je crois même que j'y prends goût ...
J'ai trouvé un camping car abandonné sur le bas-côté. Mon palace pour la nuit. La pluie continue de tomber. Je ne manque pas de couvertures. Il faut que je dorme ....


1 commentaire:

  1. C'est marrant, j'aime bien comment ton héros se les représente, eux et lui. ça me fait penser à "Je suis d'ailleurs" avec la normalité inversée. La suite !

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