Avec Sarah Michelle Gellar, Alyson Hannigan, Nicholas Brendon, ...
La grande oeuvre de Joss Whedon et la série sans laquelle TWILIGHT et VAMPIRE DIARIES (qui lui doivent presque tout) ne seraient sans doute pas aussi populaires. Pourtant, ces deux franchises n'en ont retenu que le glamour et l"histoire d'amour impossible (entre une humaine et un vampire) pour laisser de côté sa richesse thématique, son audace et ses hommages sincères et innombrables à de vastes pans de culture populaires. Bref, Stephanie Meyer et Kevin Williamson se comportent là comme de parfaits crétins incultes et populistes, des récupérateurs qui n'ont pas grand chose à raconter. Oubliez donc les ersatz sans saveur et replongez-vous avec délice dans l'une des série la plus justement acclamée de l'histoire de la petite lucarne.
C'est peu dire que BUFFY revient de loin. Rescapée d'un film atroce, mal foutu et même pas drôle avec Kristy Swanson dans le rôle de la tueuse de vampires blonde et Donald Sutherland venu cachetonner, le concept de Joss Whedon, pourtant excitant (tordre le cou à un cliché misogyne au possible) ne partait pas gagnant. Le pilote de la série embraye néanmoins à la suite du long-métrage avec l'arrivée de Buffy Summers dans la petite ville de Sunnydale qui, elle l'ignore encore, abrite la Bouche de l'Enfer, sorte de nexus attirant vampires et démons comme des mouches. Malgré des effets spéciaux déjà sérieusement datés pour l'époque et un habillage virant au kitsch, BUFFY la série TV fonctionne immédiatement grâce à son mélange de dialogues enlevés et brillants, de charisme pur et de péripéties se succédant à un rythme effréné. Pour ce qui est des dialogues d'ailleurs, il est hautement recommandé de visionner la série en version originale, les doublages français ayant toutes les peines du monde à retranscrire ne serait qu'une once de leur virtuosité. Qui n'a jamais vu BUFFY en VO, n'a tout simplement jamais vu BUFFY. Il fallait que ce soit dit !!
Le casting, parfait de bout en bout, est également pour beaucoup dans le succès de la série. De Sarah Michelle Gellar naviguant à la perfection entre la gravité et l'insouciance à Alyson Hannigan, attachante en geekette malheureuse en amour, et en passant par un Anthony Stewart Heald à la classe impérial et un James Marsters foudroyant de charisme animal dans la peau du vampire Spike, croisement jouissif et torturé entre Lestat et Billy Idol, tous (impossible de tous les citer, mea culpa !) ont offert à la série de Joss Whedon des interprétations mémorables qu'ils n'ont jamais égaler par la suite.
Les idées folles, BUFFY CONTRE LES VAMPIRES en a fait son pain quotidien, s'interdisant de susciter le moindre ennui ou de tomber dans une quelconque routine. Outre le principe qui fait que chaque saison s'attache à raconter un arc narratif complet avec à chaque fois son "boss de fin", Joss Whedon, réalisateur de nombreux épisodes (les meilleurs en fait) n'a jamais hésité à se lancer les défis les plus osés pour rebondir et surprendre les fans. Il détruit son décor principal (Sunnydale High) à la fin de la troisième saison, fait virer sa cuti à Willow (une vraie romance lesbienne aussi émouvante et crédible que chargée en érotisme torride) puis la transformer en méchante ultime animée par une haine apocalyptique, fait chanter tout son cast dans un épisode musical après leur avoir clouer le bec dans un épisode muet ou encore traumatise ses spectateurs avec l'épisode naturaliste The Body où Buffy doit faire face au décès de sa mère dans une ambiance si pesante que jamais auparavant la sensation de deuil et de désespoir n'avait été aussi douloureuse à éprouver. Rien que pour ces coups de génie inventifs, Buffy restera dans toutes les mémoires.
Mais ce n'est pas tout. Refusant de se conformer à son simple statut de feuilleton mêlant monstres et romance ado, BUFFY CONTRE LES VAMPIRES est aussi et surtout l'un des tracts féministes les plus pointus et intelligent que la télé américaine est jamais produits. Fièrement estampillé girl power, le show a eu le bon sens de ne pas se braquer le public masculin non seulement grâce à son look sexy (ça aide à capter l'attention du mâle, c'est sûr !) mais aussi par une refonte de l'image de la virilité. Entre la sagesse et le spleen d'un Giles ou d'un Angel et la rébellion adolescente d'un Xander ou d'un Spike offre un portrait de la masculinité qui fait le grand écart entre idéal stéréotypé et maturité insoupçonnée. Dans BUFFY, la femme s'émancipe et l'homme reconquiert sa virilité en apprenant de ses propres défauts et contradictions.
Depuis, Joss Whedon peine à égaler ce travail titanesque en dépit des immenses qualités de DOLLHOUSE ou encore de son premier long, SERENITY (conclusion inespérée sur grand écran de son autre série maudite, FIREFLY). LES VENGEURS, cross-over Marvel ultime programmé pour l'été 2012, est un autre défi herculéen. Mais on sait tous à quel point le bonhomme aime les challenges. On croise les doigts très très fort ...
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