Scénario : Michael Kozoll & William Sackheim, et Sylvester Stallone, d'après le roman "First Blood" de David Morell.
Musique : Jerry Goldsmith.
Directeur de la photographie : Andrew Laszlo.
Avec Sylvester Stallone (John Rambo), Brian Dennehy (Teasle), Richard Crenna (Colonel Sam Trautman), Bill McKinney (Kern), Jack Starrett (Galt), ...
Durée : 93 mn.
Lorsque l’on considère l’évolution du film d’action américain, RAMBO marque une étape capitale. Adaptation plus ou moins fidèle d’un roman signé David Morrell (moins de violence à l’écran et John Rambo survit à la fin, voilà pour les plus gros changements), le film de Ted Kotcheff, non content d’offrir à Sylvester Stallone un rôle mythique, prend le pari de transformer un sujet difficile, chargé en pathos et en tragédie (la réinsertion des vétérans du Vietnam dans un pays qui ne les aime pas), en un divertissement pétaradant ET intelligent. Par la grâce d’une mise en scène habile et d’un scénario rigoureusement pensé, RAMBO remporte ce pari haut la main.
Si le thème du traumatisme de la guerre du Vietnam irrigue tout le film, il est dilué pour éviter toute lourdeur psychologique. Et, surtout, John Rambo lui-même diffère considérablement de la représentation classique du vétéran. Rambo n’est pas un faible, un homme brisé ou un psychotique qui subit son traumatisme et les critiques sans réagir ou explose sans raison dans des accès de violence. Si son mutisme quasi-permanent et son regard souvent perdu sont les signes que la guerre et ses horreurs ont laissé leur empreinte sur lui (en plus des cicatrices sur son corps musclé de guerrier surentraîné), le personnage campé par Stallone n’a rien à voir avec le Travis Bickle que campait Robert de Niro dans TAXI DRIVER par exemple. Rambo est un héros qui se bat pour sa survie, son honneur et même la justice. Il se bat pour des causes validées par le public. Les maltraitances dont les hommes du shérif Teasle (Brian Dennehy) se rendent coupables à son égard en toute impunité et l’injustice de sa situation (on l’arrête juste pour son aspect, semblable à celui d’un hippie) l’identifient dès le début comme une victime (« Eux ont versé le premier sang, pas moi »). Puis, lorsqu’il refuse de subir plus longtemps ces outrages et s’enfuit spectaculairement (et sans faire de victimes), il devient dès lors un héros face à l’adversité. Un outsider qui va triompher des obstacles, retourner la situation à son avantage (de proie, il devient le chasseur, mais sans chercher à tuer pour autant) et survivre à la guerre que lui ont déclaré les autorités. L’émotion ne ressurgira, in extremis, qu’à la faveur d’un épilogue où le guerrier, après avoir mitraillé avec hargne et mis le feu à cette petite bourgade qui l’a rejeté, fondra en larmes. Saugrenue pour les cyniques, cette séquence s’inscrit pourtant dans une logique imparable. Personnage naïf, Rambo est en un sens un enfant (et le colonel Trautmann est comme un père pour lui) et il est en fait normal qu’il évacue son ressenti par des pleurs, émotion ô combien pure et sincère et qui finit de l’inscrire dans le registre héroïque (au premier degré) qui est le sien.
Stylistiquement parlant, RAMBO s’inscrit dans un classicisme plus que bienvenu. Cadres amples qui magnifient la nature et mettent les prouesses physiques en évidence et un rythme dicté par le montage sec et ponctué par les coups de feu autant que par le score de Jerry Goldsmith. Privilégiant des cuivres nobles pour le thème du héros, il accentue encore un peu plus l’aspect chevaleresque de la démarche du héros. Mais il sait aussi se faire trépidant avec ses boucles rythmiques géniales.
En mêlant drame, western, survival et film de guerre, RAMBO est un des manifestes de l’action des 80’s. Viril, héroïque et destructeur. Le guerrier solitaire, autrefois ambigu, peut désormais être aimé de tous et le vétéran du Vietnam n’est plus un perdant mais un héros positif, symbole des épreuves à surmonter pour remporter une victoire méritée et libératrice.
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