mardi 26 avril 2011

LE CINEMA AMERICAIN DES ANNEES 80 #28 - ROCKY III, L'OEIL DU TIGRE

Réalisé par Sylvester Stallone - Sortie US le 28 mai 1982.
Scénario : Sylvester Stallone.
Musique : Bill Conti.
Directeur de la photographie : Bill Buttler.
Avec Sylvester Stallone (Rocky Balboa), Talia Shire (Adrian Balboa), Mr. T (James "Clubber" Lang), Carl Weathers (Apollo Creed), Burt Young (Paulie), Burgess Meredith (Mickey), ...
Durée : 99 mn.

Champion incontesté depuis maintenant trois ans, Rocky Balboa est devenu le héros de toute une ville, Philadelphie qui fait ériger une statue à son image. C'est le moment que choisi James "Clubber" Lang, jeune boxeur agressif et puissant, pour venir le défier publiquement ...



1982, année faste pour Sylvester Stallone. ROCKY III a beau sortir sur les écrans quelques mois seulement avant RAMBO, il affiche des ambitions plus proches de la tournure que la carrière de l'acteur/réalisateur n'allait pas tarder à prendre. Après une séquelle pas vraiment déplaisante mais qui, à court d'idées, se contentait de "refaire" le match, offrant finalement à Rocky une victoire incontestable sur son adversaire Apollo Creed, la franchise prend un nouveau départ.
Seul aux commandes, Stallone transforme son "conte" sportif en pur film d'action. Et Rocky d'achever sa mutation pour devenir un pur héros mythologique. Tout y est. La mort du mentor, la défaite du héros, l'alliance avec l'ancien adversaire. Comme un écho à l'ultra-populaire STAR WARS, "l'œil du tigre", qualité intangible à la limite du mystique que doit reconquérir Rocky, fait référence à la Force qui alimente le pouvoir des fameux chevaliers Jedi. Quant aux fanfares triomphantes de Bill Conti, elles unissent leurs forces avec l'addictif hit rock FM scandé par le groupe Survivor, The Eye of The Tiger, symbole d'une époque à lui tout seul. 
Le réalisme social qui irriguait les deux précédents films, hérité de la décennie précédente, est toujours présent mais reste considérablement en retrait. ROCKY III délaisse les 70's et embrasse les 80's de toutes ses forces. Riche et matériellement comblé, incarnation parfaire de la réussite à l'américaine, Rocky Balboa ne se bat plus pour s'extirper de sa condition d'outsider pauvre. Il se bat pour prouver que sa réussite n'a pas été usurpée. Il se bat pour son image. Cette idée, Stallone l'a fait passer par une remise en question profonde de son alter-ego. Aveuglé par la gloire, Rocky a été faible. Il s'est laissé aller, oubliant ses origines et la valeur d'un dur labeur. "Méchant" charismatique et physiquement impressionnant, Clubber Lang (Mr. T, la révélation du film, et dont le regard de tueur est encore loin de la gentille brute de L'AGENCE TOUS RISQUES) est un miroir tendu à Balboa. De ce qu'il a été, des rêves qu'il a caressé et de la rage de vaincre qui a été la sienne. Or, pour vaincre Lang, Balboa se doit de laisser l'homme faillible attiré par une gloire facile qu'il est malheureusement devenu pour devenir la légende que tout le monde voit en lui, que les médias vantent tant. Le simple mortel doit se faire titan. Pour preuve, la stratégie du combat final consiste à encaisser des coups d'une puissance surréaliste pour épuiser Clubber Lang, Balboa cherchant ainsi à faire étalage d'une force et d'une endurance nouvelle et hautement fantaisiste.



Sans génie particulier mais avec une efficacité éprouvée, la mise en scène de Stallone ne cherche pas à offrir autre chose qu'un spectacle certes incroyablement naïf mais indéniablement galvanisant. Montage rythmé par les pluies de coups délivrées par les deux combattants, personnages bigger than life aux sentiments exacerbés, ROCKY III ne fait pas dans la dentelle et reste à ce jour une étape essentielle dans la carrière de Sylvester Stallone, point de départ de presque dix ans d'excès sur grand écran en tous genres (OVER THE TOP, COBRA, RAMBO II & III mais aussi ROCKY IV sont autant de descendants sous stéroïdes de cet OEIL DU TIGRE). Que l'on aime ou pas, quiconque cherchant à comprendre le "mythe" Stallone se doit de visionner ROCKY III, véritable instantané de l'état d'esprit et des ambitions de la star au début de la période Reagan.

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