jeudi 7 avril 2011

LE SURVIVANT - 7 AVRIL 2014

Je suis de mauvais poil. Et c'est rien de le dire.
Non seulement nous n'avons pas avancé des masses, bien moins qu'hier. Mais en plus, nous nous sommes éloignés de la route principale pour couper à travers champs.A l'ouest, vers l'A77. Ses six voies (dans les deux sens) et ses aires de repos.
Une idée de la demoiselle. Pas la meilleure à mon avis.
Sa théorie, c'est qu'en rejoignant l'autoroute au plus vite, la possibilité de croiser des survivants est plus grande. Mouais ... je suis pas vraiment convaincu. Mais, comme jusqu'à présent, elle m'a suivi et m'a fait confiance pour la direction à prendre sans broncher, autant lui accorder le bénéfice du doute cette fois-ci.


J'étais debout de très bonne heure. J'étais même debout avant que le soleil ne se lève. Le dernier tout de garde avant l'aube était pour moi. Je l'ai regardé dormir. Immobile. Pas de ronflements, pas de gémissements suggérant le moindre cauchemar. Le sommeil du juste. Comment elle fait ? Je veux la recette.
Elle garde sa main gauche, presque en permanence, dans la poche de son pantalon. A tripoter un objet, son porte-bonheur, son fétiche. C'est peut-être une patte de lapin mais j'en sais rien en fait. Je ne l'ai toujours pas vu.
J'ai pas de porte-bonheur. Pas besoin. Si je suis toujours en vie, c'est pas grâce à un trèfle à quatre feuilles. Je ne le dois qu'à moi-même.


Après le petit déjeuner, Sandrine a insisté pour ne pas reprendre la route tout de suite. Histoire d'inspecter les environs. Bien lui en a pris de revenir avec deux conserves de fruits au sirop et un demi-paquet de clopes. Résultat des courses, on a pas bougé avant le milieu de l'après-midi.


Pas un zombie en vue de la journée. C'est rare. Je sais pas si je dois m'en réjouir ou m'en inquiéter.


La traversée des champs s'est bien passée. Deux petites heures de marche avant de rejoindre l'autoroute. Nous avons ensuite marché une heure supplémentaire avant de nous arrêter de nouveau. Contre ma volonté. J'ai fait mon casse-couille mais pas assez.
Elle dit qu'elle est fatiguée, qu'on est pas pressés et qu'on est pas obligé de bouffer des kilomètres tous les jours. La reine du coup de crosse me fait son numéro de super-feignasse. En temps normal, ça m'aurait pas gêné. Mais là, je suis en forme et j'ai pas envie de ralentir la cadence. Je me connais. Si j'arrête d'avancer, je perds ma motivation. J'ai surtout pas envie que ce soit une attaque de zombies qui viennent me la rendre.


Encore une fois, j'ai cédé. J'ai cédé devant une femme. Chassez le naturel ... On a posé nos sacs dans un bus de touristes plutôt luxueux garé sur la bande d'arrêt d'urgence. Les chiottes sont même utilisables.  Et j'ai trouvé des mots croisés à faire. Merde, mes jeux vidéos me manquent ...
Sandrine m'a filé une des bouteilles de rouge de l'église. Pour se faire pardonner.
Le soleil n'est pas encore couché. Seulement trois kilomètres. Si j'arrive à faire 500 mètres demain, ce sera un miracle.
Il faut qu'on bouge. Il faut qu'elle comprenne. Fait chier ! J'ai la haine et j'ai un beau mal de crâne qui se prépare.



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