lundi 11 avril 2011

LE SURVIVANT - 11 AVRIL 2014

Ce soir, je vais m'endormir dans un vrai lit, dans une infirmerie. La douleur dans mon épaule est en train de diminuer. Merci aux tranquillisants. Merci à l'infirmière qui s'occupe de moi. Rappelez-moi d'allumer un cierge pour le dieu morphine ....
Nous avons trouvé le camp militaire quelques heures à peine avant que le soleil ne se couche. Nous l'avons cherché toute la matinée, tournant en rond dans les environs alors que nous savions qu'il n'était pas loin. Mais c'est un camp récent, une forteresse de béton, moderne mais inachevée, et pas encore indiquée sur toutes les cartes malheureusement. Pour la trouver, il a fallu trouver puis suivre une série de foulards bleu attachés à des arbres et des poteaux de signalisation. Un vrai jeu de piste improvisé et très très chiant.
Voilà ce que je sais de l'endroit pour le moment. Nous nous trouvons à 6 km à l'est de Varennes-Vauzelles, sur un plateau légèrement élevé. Ce camp, prévu pour des troupes "d'élite", devait être inauguré à la rentrée, fin septembre. Les ouvriers avaient quitté l'endroit 24 heures après l'ordre de mobilisation générale du 2 mars. On y a entassé des armes, des vivres et des médicaments en prévision des opérations qui se mettaient précipitamment en place. Le générateur fonctionnant à l'énergie solaire a été terminé et mis en marche aussitôt. Le bâtiment qui représente l'aile nord est lui, par contre, inachevé. Et la station essence qui devait servir à toute la base n'est pas opérationnelle. Des bidons d'essence entassés dans une réserve sont le seul carburant pour les quatre véhicules. Il y a trois camions et un blindé.
Le camp est tenu par une quinzaine d'hommes, survivants des carnages résultant de l'évacuation hasardeuse (pour rester poli) des grandes agglomérations. Sous la direction d'un certain capitaine Thibault, la poignée de trouffions encore en état se sont repliés sur cette base. Pendant leur repli, ils ont laissés des messages dans les communes traversées pour que les civils se fassent passer le mot et les rejoignent. Depuis, ils ont récupérés 31 survivants, venus d'un peu partout. Carol, Kader et moi-même sommes les numéros 29, 30 et 31. La base est sécurisée depuis 19 jours. Tous ceux présents dans l'enceinte mettent la main à la pâte. Il paraît qu'ils effectuent des raids sur les communes et villages les plus proches pour récupérer tout ce qui peut-être utile. 
Le camp est immense. Si j'ai bien entendu, il s'étend sur plus de 600 m2. Y entrer fut moins difficile que l'on aurait pu croire. Les militaires nous ont ouvert la voie à la sulfateuse. Les zombies ont mordu la poussière. Si j'avais pu, j'aurais applaudi.
L'homme qui a tenté de violer Carole et qui a presque failli me tuer hier s'appelait Martin. Kader l'avait ramassé sur la route deux jours plus tôt, écrasant quelques zombies au passage. C'est Martin qui leur avait parlé du camp. Il s'y rendait à pied.  Carole et Kader, eux, erraient sur les routes depuis 10 jours. En tant que journalistes, ils étaient partis couvrir les évènements à Orléans lorsqu'ils ont été pris dans la tempête de merde, dans un amoncellement de cadavres. Ils s'en sont sortis de peu, perdant le troisième membre de leur équipe, leur caméraman, mis en pièces sous leurs yeux. Carole a 29 ans et est reporter, une fille solide qui semble encaisser tout ce qui passe aussi bien que ça puisse être possible. Kader a 22 ans, c'est un stagiaire, une carrure de rugbyman. Il dit pas grand chose et je sais pas trop ce qui lui passe par la tête mais il m'a l'air d'un brave gars qui en a chié. Mais on en est tous là, non ? Une partie de moi se demande si je n'aurais pas dû les laisser ce matin, au réveil, pour poursuivre ma route. L'autre moitié, en revanche, est contente d'être tombé sur eux. Ils ont un paquet d'images que je suis impatient de visionner. Appelez ça de la curiosité malsaine si vous voulez.
On ne m'a pas encore présenté à tous le monde. Je ne sais pas encore tout sur le bâtiment et la vie entre ces murs. Deux hommes du capitaine Thibault se sont occupé de m'amener au plus vite à l'infirmerie pour que ma blessure soit examinée et proprement soignée. Carole m'a lancé un clin d'œil malicieux en me regardant m'éloigner. 
L'infirmière (moche) a tiré la tronche en me voyant sortir mes cahiers de mon sac à dos pour commencer à écrire. Elle veut que je me repose. Je vais pas tarder à exaucer son souhait. La lumière décline vite et, dehors, j'entends encore des tirs d'armes automatiques. Nous avons ramené un paquet de cadavres ambulants dans notre sillage en arrivant au camp. Faut faire le ménage.
Demain, une grosse journée m'attend. Il faut que j'en sache plus et que je rencontre les autres.


1 commentaire:

  1. Bon, moi le capitaine Thibaud, je le sens pas ! On va voir, la suite ! :-)

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