mercredi 27 avril 2011

LE SURVIVANT - 27 avril 2014

Carole refuse de quitter le camp, avec moi ou avec qui que ce soit d'autre. Je me suis donc résolu à attendre. A attendre et à faire ma part pour aider. Je ne sais pas si elle changera d'avis. Je commence à bien la connaître et je ne pense pas que ce sera jamais le cas. Sur ce pont, nous sommes très différent. Je suis capable de changer d'avis plusieurs fois par jour. Le résultat d'un cerveau qui ne se met jamais en veille, je suppose. Non pas que cela fasse de moi quelqu'un de très intelligent. Non. Je laisse le génie à d'autres. Mon truc à moi, c'est d'angoisser non stop, de repenser et de reconsidérer chacune de mes décisions passées, présentes et à venir. J'envisage en permanence les pires scénarios. Ce qui m'encourage à rester toujours prudent. Et, parfois, seulement parfois, à être un lâche. Lorsque cette lâcheté occasionnelle refait surface et tente de me faire plier sous le poids des remords, c'est là que je me souviens que je suis toujours en vie. A ce moment là, les remords ne servent plus à rien.

L'expédition pour récupérer le bétail a été reportée à demain. Thibault compte nous embarquer dans le camion, Carole, Jonathan et moi, mais pas sans une autre journée d'entraînement. Il nous a vu à l'œuvre et il sait que nous ne sommes plus des manchots avec une gâchette. Cependant ... mieux vaut en être certain. A cet effet, l'épreuve de ce matin nous a causé quelques belle frayeurs. Trois heures à l'extérieur du camp, trois chargeurs chacun, rester ensemble et en mouvement constant. Pour toute sécurité, le caporal Larivière assurait nos arrières depuis la tour de guet en qualité de sniper. Je suis fier de dire qu'il n'a pas eu à gâcher la moindre cartouche pour nous sauver la peau. Je suis toujours le moins doué des trois puisque, au contraire, de Carole et Jonathan, j'ai raté une de mes cibles, un cadavre un poil plus vif que la moyenne, à deux reprises. La première balle lui a arraché un doigt et la deuxième a perforé son sternum. Mais je n'ai pas paniqué. J'ai laissé venir, j'ai sorti mon couteau et je le lui ai planté dans le crâne aussi vivement que possible. Il s'est écrasé au sol aussitôt. Aucun de mes coéquipiers n'a eu à tirer pour me couvrir. Rapide et efficace. J'ai retenu ma leçon. Nous avons fait deux fois le tour du camp en décrivant le cercle le plus large possible. Ces salopards de zombies sont de plus en plus nombreux et ceux qui marchent ne sont pas les plus dangereux. C'est de ceux qui rampent qu'il faut se méfier à tout prix. Nous nous sommes fait surprendre une bonne dizaine de fois avant que l'un d'entre nous ne prennent le réflexe de garder le regard braqué vers le sol. 

Après un bref repas, nous avons continué à préparer notre petite ballade de demain tout l'après-midi. Vérification et nettoyage des armes. Test concluant des rampes artisanales (fabriquées par Morrison et Babacar) pour pouvoir embarquer le bétail dans les camions. On a rien laissé au hasard. La totale !
Au coucher du soleil, un imprévu est venu se rajouter au programme. Une épaisse colonne de fumée noire, parfaitement visible et distante de cinq ou six kilomètres, s'est élevée depuis le sud ouest. Orlando ? Possible. Quoi qu'il en soit, nous ferons un crochet pour aller vérifier. Ce n'est pas sur notre chemin mais en partant un peu plus tôt nous pourrons tenir notre emploi du temps.
Avant d'aller me coucher, j'ai fait un petit tour au bar des deux Christophe. J'y ai croisé Verney et son fan club au complet. Il a cru bon de me glisser un avertissement à l'oreille, un  petit conseil d'ami. "Vous vous débrouillez pas mal, mais dehors, comptez pas sur moi pour que je risque ma vie en te protégeant toi ou le charmant petit cul de ta copine. Compris ?" J'ai compris, dugland.

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