vendredi 8 avril 2011

LE CINEMA AMERICAIN DES ANNEES 80 #11 - LE LOUP-GAROU DE LONDRES

Réalisé par John Landis - Sortie US le 21 Août 1981.
Avec David Naughton, Jenny Agutter, Griffin Dunne, ...


C’est en Europe de l’est, sur le tournage de KELLY’S HEROES (DE L’OR POUR LES BRAVES en vf) où il officiait en tant qu’assistant, que John Landis eut l’idée de ce qui deviendrait éventuellement LE LOUP-GAROU DE LONDRES. Film de lycanthrope inclassable, entre comédie potache et film d’horreur gore et tragique, LE LOUP-GAROU DE LONDRES évolue avec la grâce d’un funambule expérimenté. Rarement le mariage entre deux genres (à priori) incompatibles aura été aussi harmonieux. Quant aux effets spéciaux de Rick Baker, ils offrent d’incroyables images de transformation qu’aucune image de synthèse ne parviendra jamais à égaler. Signe qui ne trompe pas, le film fut le tout premier à être récompensé par l’Oscar des meilleurs maquillages. Les chairs s’allongent et se déforment dans un même mouvement organique et fluide. Le réalisme du procédé (le même, à quelques infimes nuances, qu’utilisera Rob Bottin pour ses transformations à lui, visibles dans le HURLEMENTS de Joe Dante, au cinéma la même année) tient de l’inédit et renvoie à la préhistoire des effets spéciaux les fondus enchaînés statiques du classique LOUP-GAROU de la Universal (1941, réalisé par George Waggner) avec Lon Chaney Jr.
Le film raconte l’histoire de David Kessler (David McNaughton) et de son ami Jack Goodman (Griffin Dunne), jeunes touristes américains visitant le nord de l’Angleterre à pied. Chassés d’un pub inhospitalier par une nuit de pleine lune, ils sont attaqués par une bête féroce. Jack est réduit en charpie mais David survit et se réveille dans un hôpital londonien. Hanté par de terribles cauchemars, il reçoit bientôt la visite improbable de son ami décédé venu le prévenir qu’une malédiction pèse désormais sur lui : à la prochaine pleine lune, David se transformera en loup-garou. Seule solution, le suicide. Hors de question pour un David incrédule, qui plus est amoureux de sa séduisante infirmière, Alex (Jenny Agutter, belle et émouvante). C’est donc sur une trame plutôt classique que John Landis se repose. Malédiction dont on ne peut s’échapper que par la mort, transformation douloureuse et spectaculaire et histoire d’amour impossible. Les trois composantes essentielles du film de loup-garou classique répondent à l’appel et le décorum gothique (landes brumeuses, forêt primitive, taverne isolée et villageois inquiétants, ruelles londoniennes sordides) se greffe à la perfection au cadre contemporain. Amoureux du genre, John Landis connaît ses classiques sur le bout des doigts et veille à inscrire son film dans la tradition. L’identification avec le personnage principal est quant à elle assurée par son statut d’expatrié, le dépaysement éprouvé renforçant ainsi la sympathie que le public éprouve à son égard. La compassion et l’effroi, vitales au genre, n’en sont que plus efficaces.
Là où le réalisateur se distingue en revanche de ses aînés, c’est par son humour. Constant, ironique et franchement irrésistible (la réunion entre David et ses victimes zombifiés dans un cinéma porno vaut vraiment son pesant de cacahuètes). Sans jamais dédramatiser l’horreur de la situation, l’humour offre un contrepoids idéal à un récit qui aurait vite pu sombrer dans une noirceur malsaine. Explosion de violence et gags puérils se répondent constamment (au premier massacre de masse du loup-garou succède ainsi le vaudeville du périple nudiste du héros pour retourner au domicile de sa compagne) jusqu’à fusionner par le biais du personnage de Jack, zombie à la décomposition constante et affreuse mais dont la bienveillance absolue et l’humour salace fournissent un décalage salutaire et original. Il est le pivot autour duquel se construit le jeu d’équilibriste de John Landis.
Dernier petit miracle, entre l’épouvante et la comédie, l’histoire d’amour entre David et Alex se permet d’exister réellement jusqu’à un dénouement plutôt émouvant et qui a le courage de prendre le spectateur par surprise. La déclaration d’amour et les larmes de désespoir de la jeune femme viennent conclure les péripéties du malheureux David sur une note d’émotion brute.  

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