dimanche 10 avril 2011

LE SURVIVANT - 10 avril 2014

Putain ce que ça fait mal de se prendre une balle ! ça déchire les chairs et les vêtements et ça fout en l'air vos projets. Je suis encore en vie d'accord, mais la petite marche dans la nature que j'avais en tête devra être remise à plus tard.
A nouveau, je ne suis plus seul. Je fais actuellement route vers un camp militaire, (mal) assis à l'arrière d'une camionnette appartenant à une chaîne de télé, coincé entre tout le matos, les caméras, les écrans. Sur le siège du passager, à l'avant, il y a une femme, Carole. Et au volant, c'est Kader.

La matinée avait si bien commencé; Après avoir terminé mes dernières barres de céréales, j'avais pris le temps de bien étudier mes cartes, me préparant un itinéraire à travers l'Auvergne puis le Massif Central. Puis j'ai parcouru une dizaine de kilomètres avant le déjeuner. Ma conserve de raviolis sauce tomate froide terminée, je me suis mis à l'entraînement au tir. Je me suis trouvé une paire de morts-vivants encore moins rapides que la moyenne et j'ai sorti mon arbalète. Cinq flèches tirées avant d'en toucher un à la tête. J'ai fini le travail au couteau puis j'ai récupéré mes flèches.
C'est là que j'ai entendu le cri. Un cri de femme pas bien loin. Je me suis approché discrètement, me dissimulant derrière un bosquet. Et j'ai vu. Un homme menaçant une femme avec un flingue à l'ombre d'un grand arbre. Je l'ai vu lui mettre un coup au visage d'un revers de crosse. Il l'a attrapé par les vêtements et lui a déchiré son chemisier, laissant une bretelle de soutien-gorge visible. Il aboyait toujours la même chose : "Salope ! Salope ! Espèce de salope !" 
Un viol. Cet enculé allait la violer.
Il lui a ordonné de se mettre à genoux et de commencer à se déshabiller. C'est là que je suis intervenu, sans réfléchir, jouant au héros (au con ?) pour la première fois de ma vie. J'aurais juré en être incapable. J'ai été un lâche si souvent par le passé, sans honte aucune.
Je me suis approché en brandissant mon arbalète, prêt à tirer. Lui, il tenait toujours fermement son arme, le bras tendu le long du corps. J'ai essayé de le raisonner. J'entendais la femme pleurer derrière lui, à ses pieds. Il a pas répondu. Il a levé son flingue. J'ai tiré et lui aussi. Ma flèche est partie se loger dans sa gorge. Sa balle m'a traversé l'épaule gauche, me pétant la clavicule au passage. J'ai lâché l'arbalète aussitôt, comme si elle pesait une tonne. Je l'ai vu s'écrouler en portant la main à la flèche, comme pour la retirer. Il n'en a pas eu le temps. Un rocher à la main, elle lui a explosé le crâne, tapant encore et encore. J'ai vu un autre type arriver, Kader donc. J'ai vu un mort-vivant s'approcher aussi. Puis je suis tombé dans les pommes.

Ils m'ont porté jusqu'à leur camionnette faut croire. Le spray antiseptique sur la plaie a été suffisant pour me réveiller. J'ai hurlé ma race.
J'ai demandé leur nom et j'ai donné le mien. Ils m'ont dit que nous nous rendions vers un camp militaire, un lieu sécurisé pour tous les survivants des alentours. C'est pas ce que j'avais prévu. Je leur ai dit que je voulais être seul. Que ça irait. Mais dans mon état, mes arguments ne valent rien. 
J'ai encore sommeil et nous ne sommes pas arrivés. Faut que j'arrête d'écrire pour le moment. Faut que je digère ce qui vient de se passer.

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