samedi 23 avril 2011

LE CINEMA AMERICAIN DES ANNEES 80 #26 - E.T., L'EXTRA-TERRESTRE

Réalisé par Steven Spielberg - Sortie US le 11 juin 1982 - Titre original : E.T., The Extra-Terrestrial.
Scénario : Melissa Mathison.
Musique : John Williams
Directeur de la photographie : Allen Daviau.
Avec Dee Wallace (Mary), Henry Thomas (Elliott), Peter Coyote ("Keys"), Robert McNaughton (Michael), Drew Barrymore (Gertie), ...
Durée : 115 mn.
Dans une banlieue résidentielle, Elliott, un garçon comme les autres, recueille un extra-terrestre malencontreusement abandonné par les siens au cours d'une mission d'exploration. Une amitié fusionnelle va se développer entre eux tandis que des silhouettes inquisitrices rôdent de plus en plus fréquemment autour de la maison d'Elliott, ...


Succès phénoménal et foudroyant, E.T. L'EXTRA-TERRESTRE installa le wonderboy Steven Spielberg en tête des réalisateurs les plus respectés et les plus influents d'Hollywood et ce, de manière permanente (son unique rival James Cameron a beau le battre en chiffres purs, il est bien loin d'avoir une filmographie aussi imposante, que ce soit en tant que metter en scène ou producteur). Avec ce conte de science-fiction, personnel et intimiste, sans aucune star à l'affiche, Steven Spielberg fit plus que confirmer ses aptitudes de conteur surdoué. Il livra un message dont la force et la simplicité (et non le simplisme) furent à même de toucher les spectateurs du monde entier, franchissant les barrières de langue et de culture.
Avec RENCONTRES DU TROISIEME TYPE et ARRÊTES-MOI SI TU PEUX, E.T. L'EXTRA-TERRESTRE est le film où Spielberg se livre le plus, nourrissant l'histoire de son propre vécu. Marqué en profondeur par le divorce de ses parents, le cinéaste y parle de son traumatisme de jeunesse à travers le regard d'un enfant ordinaire dont il épouse le point de vue rêveur et optimiste. Un peu comme les dessins animés mettant en scène TOM & JERRY, Spielberg se refuse, pendant la quasi totalité du métrage, à filmer les adultes dans leur totalité, les cadrant volontairement à la taille. Et si la mère d'Elliott n'a pas droit au même traitement que les autres adultes, le réalisateur insiste par notes subtiles sur le comportement infantile de cette dernière. Lors de la dernière demi-heure, alors que les enjeux et les émotions montent de plusieurs crans, Spielberg, même s'il nous montre enfin leurs visages, met en scène les adultes comme autant de menaces et d'êtres froids. En combinaison ou en costards cravates, ce sont des fonctionnaires dangereux car inaptes aux rêves et à la compassion, allant même jusqu'à menacer des enfants avec des armes à feu.
Par la force de sa mise en scène, Steven Spielberg força le public à aborder son histoire avec le point de vue et la capacité émotionnelle d'un enfant. L'émotion et l'instinct ne priment pas sur la réflexion mais la débarrasse du superflu tel que le cynisme ou la méfiance. Sauveur malgré lui, prophète apeuré doué du don de guérison, E.T., l'alien au physique improbable de troll difforme aux grands yeux, ne doit pas seulement sa crédibilité aux effets spéciaux qui l'animent mais aussi, et surtout, aux regards chargés d'émotions des enfants qui l'entourent. Ce message qu'il n'a pas besoin d'exprimer par des mots mais seulement par des gestes s'inscrit dans le cœur, la chair et l'esprit des jeunes générations et se transmet ainsi aux parents comme aux spectateurs.


Casting en état de grâce, environnement ultra-réaliste sublimé par des éclairages aux contrastes magnifiques, cadrages iconiques copiés et parodiés à l'infini et montage rythmé par les compositions virtuoses de John Williams (le dernier quart d'heure fut même remonté pour correspondre de plus près aux notes jouées par l'orchestre). E.T., L'EXTRA-TERRESTRE fait partie de ces quelques films pouvant être qualifiés de "parfaits". C'est une question d'équilibre, de dosage, mais aussi d'un certain "je ne sais quoi". La preuve, en tentant de le modifier à coup de retouches numériques maladroites pour son vingtième anniversaire, Spielberg rencontra l'animosité immédiate des cinéphiles et s'engagea aussitôt à ne pas faire disparaître la version originale sortie en salles en 1982. On l'a échappé belle !

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