dimanche 17 avril 2011

LE SURVIVANT - 17 avril 2014

La réponse m'est parvenue ce matin: le lieutenant de police Orlando accepte de nous voir. Demain matin. Mais en comité restreint. Carole, Thibault, le docteur Denoy et moi-même. Le capitaine nous a dressé en quelques mots le portrait d'une jeune policière psychologiquement au bout du rouleau, nerveuse, limite paranoïaque. Il ne lui a parlé que dix minutes. Mais elle a une histoire à raconter. Tant mieux. Même si je me doute que ça n'est pas un conte de fée, il me tarde de l'entendre.

Le vent a continué de souffler presque aussi fort qu'hier. Toute la journée. 

Avec la présence, l'autorisation du capitaine Thibault et les encouragements (ô surprise !) de Verney, je me suis permis de rassembler tous les autres civils à la cantine pour leur parler de l'affaire Tissier, ce qui m'a semblé nécessaire. Histoire de mettre fin aux rumeurs et de crever cet abcès. Malgré la tentation, je n'ai pas tenté de convaincre quiconque d'une attitude à adopter ou d'une décision à prendre. Je leur ai présenté les faits, ce que nous savons de Charles Tissier. C'est tout. C'est là que je me suis aperçu que Thibault était resté on ne peut plus vague sur le sujet auprès du groupe. Pour ne pas être responsable d'une panique ou d'une psychose, faut croire. Merci de m'avoir laissé le sale boulot d'être celui qui apporte les mauvaises nouvelles, mon capitaine. Karma de merde.
Il n'y a pas eu de cris de panique ou de foule en colère réclamant un lynchage. Rien de tout ça. Des visages graves (beaucoup) et incrédules (quelques uns). Après tout, quel danger représente un tueur potentiel si il est enfermé et gardé 24h/24h ? Des tueurs, il y en a des centaines, des milliers, à l'extérieur. Et ils n'ont pas de victimes privilégiées comme Charles Tissier. Ils ne visent pas les petites filles, mais TOUS le monde.
Autre chose et pour moi, c'est important : personne ne m'a regardé ou ne semble me considérer comme une sorte de leader pour la simple raison que je me suis adressé à tous le groupe sur un sujet d'importance. Tant mieux. C'est un rôle dont je ne veux pas. Jamais.

A l'issue de cette petite réunion, Kader m'a présenté aux derniers survivants avec lesquels je n'avais pas encore vraiment eu l'occasion (ni même l'envie, asocial un jour, asocial toujours) de faire connaissance. Florence et Anthony Ballantini (39 et 42 ans, professeurs de danse, sans enfants), et un groupe de lycéens, tous âgés de 17 ans : Christophe Debron, Christophe Leonin (les 2 Christophe comme on les appelle), Stéphanie "Stef" Tourrette et Anne-Sophie "Anne So" Resnais. Tous les six ont survécus ensemble dans un gymnase municipal pendant 18 jours, rationnant les conserves.  J'ai remarqué que Stef et Anne-So se tiennent tout le temps la main. Joli petit couple je dois dire.
La boucle est bouclée. Plus d'inconnus pour moi ici. Jusqu'à la prochaine fournée de survivants, s'il y en a.

En milieu d'après-midi, les militaires ont profité que les rafales de vent continuaient de clouer à terre bon nombre de zombies pour une petite séance d'extermination. Pas besoin de balles. Ils ont pris le blindé, se contentant de les écraser avec précision en roulant sur les têtes, un peu comme si un gamin s'amusait à piétiner consciencieusement toutes les fourmis à sa portée. Silencieux et efficace, même si le blindé est vraiment dans un état dégueulasse. 
Le périmètre autour du camp apparaît maintenant plus dégagé. Ce n'est que temporaire mais pour le moment, ça me convient. 




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