vendredi 15 avril 2011

LE CINEMA AMERICAIN DES ANNEES 80 #17 - WOLFEN

Réalisé par Michael Wadleigh - Sortie US le 24 juillet 1981.
Avec Albert Finney, Diane Venora, Gregory Hines, ...






Il n'est pas facile de coller une étiquette sur WOLFEN. Ainsi l'a voulu son metteur en scène, le très rare Michael Wadleigh (surtout connu pour son documentaire monstre, WOODSTOCK). Slasher gore, thriller urbain, conte écologique, WOLFEN multiplie savamment les fausses pistes, se créant ainsi une identité forte. Le film suit l'enquête d'un policier blasé (Albert Finney) tentant d'élucider une série de meurtres extrêmement violents. Anarchistes, terroristes, assassins rituels et même lycanthropes sont soupçonnés tour à tour. Mais la vérité est bien plus simple et terrible.
S'il faut chercher l'une des influences majeures du cinéma de John McTiernan, WOLFEN se pose là. Et pas seulement pour l'utilisation (saisissante au demeurant) de vues subjectives utilisant une imagerie thermique. Wadleigh oppose puis fusionne nature et urbanisme, sauvagerie et civilisation. L'adage selon lequel "l'homme est un loup pour l'homme" est ici traité avec originalité. Par le prisme de l'urbanisme incontrôlé (que symbolise New York, qui se reconstruit constamment) et de l'Histoire via ces personnages d'indiens, ouvriers du bâtiment immunisés contre le vertige et héritiers de la mémoire collective de tout un peuple chassé de ses terres. Le comportement de l'homme blanc, paradoxal, absurdement retors et autodestructeur est épinglé avec férocité. Sans le savoir, il transforme les défavorisés, les laissés pour compte, en proies pour des prédateurs qu'il pensait pourtant avoir repoussé et dominé. Et lorsqu'il empiète sur cette ultime terrain de chasse, il est temps pour la nature de rappeler à l'homme la place qui est la sienne.
Deux scènes brillantes explicitent ce lien étroit, cette proximité de l'homme civilisé avec ses racines sauvages de prédateurs. D'abord, il y a cette interrogatoire de suspects potentiels où les enquêteurs observent les réactions d'une jeune femme via une caméra thermique, jeux de miroir avec ces plans subjectifs nous mettant à intervalles réguliers à la place de l'assassin. Ensuite, il y a cette étonnante virée nocturne où le héros espionnent un indien adoptant le comportement d'une bête sauvage, nu au bord d'un rivage, et ce, afin de prouver la force de l'esprit et son pouvoir de communion avec une nature ancestrale.
WOLFEN mérite d'être découvert. Spectaculaire et didactique, exercice de style flamboyant, il porte la marque d'un grand cinéaste qui, depuis, n'a plus fait reparler de lui. Pour se consoler, on pourra toujours se dire que, au même titre que LA NUIT DU CHASSEUR, WOLFEN est un one-shot tellement réussi qu'il se suffit à lui-même.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire