samedi 2 avril 2011

LE SURVIVANT - 3 AVRIL 2014

J'ai fait un rêve cette nuit. Enfin, ... ça a commencé comme un rêve pour se poursuivre en cauchemar. Je me trouvais dans la maison de campagne de mes parents près d'Orléans où je suis né. Elisa était là. Nous venions annoncer nos fiançailles. Des larmes de joie ont coulé sur le visage déjà ridé de ma mère; Mon père a proposé de fêter l'évènement. Il a fait venir des enfants dans le jardin et nous a invité à les manger. Il s'est mis à mordre dans leur petit cou. Pas de cris. Juste des rires d'enfants et le bruit de la chair qu'on arrache, qu'on déchire. Elisa s'est joint au festin. Son corsage bleu inondé d'un sang rouge et chaud, elle m'a demandé de goûter. Ce que j'ai fait. J'ai mordu à pleines dents. Je me suis réveillé avec un goût de sang dans la bouche. Pour me retenir de hurler, peut-être par instinct, je m'étais mordu la lèvre.
Je ne sais pas quoi penser de tout ça. On va dire que je m'en fous, hein ? Même si c'est loin, très loin d'être le cas.

La pluie. Toujours. Deuxième jour. Une pluie fine succède à de véritables murs d'eau qui limite la visibilité à quelques mètres. Et vice versa. J'aurais bien continué en camping car mais celui-ci a refusé de démarrer. Pas vraiment une surprise. Les véhicules en état de marche se font rares. En un sens, je me dis que ça n'est pas si mal. Je sais qu'il y a d'autres survivants, je ne peux pas être le seul. Et tous ne sont certainement pas animés des meilleures intentions. Me voler mon moyen de transport pourrait alors être une bonne excuse de me faire la peau. Hors de question. A pied, je suis peut-être à découvert, mais je suis discret et plus mobile. 
Kilomètres après kilomètres, mes pensées se tournent vers Elisa. Mais il faut que je reste réaliste. Les chances pour qu'elles soient encore en vie sont minces. Infinitésimales même. Je ne sais pas où elle se trouve et je n'ai plus aucun moyen de la joindre.
Chaque fois que penser à elle me fait trop mal, je passe ma douleur sur un mort-vivant. Et quand il n'y a pas de morts-vivants à portée de main, je trouve autre chose. Comme saccager une station service par exemple. 
La lumière déclinant, j'ai eu droit à une accalmie. Et à un repas chaud. Enfin. Au menu, lapin à la broche. Poussé par la faim et l'ennui, je me suis introduit dans une petite maison. Le lapin était encore dans sa cage, dans une chambre d'enfant. Est-ce que le gamin a pleuré à l'idée de se séparer de son lapin ou est-ce qu'il avait trop peur pour se soucier de l'animal ? J'ai brisé le cou de Bugs Bunny. J'ai cassé les chaises et les tables et j'ai allumé un feu dans leur cheminée (une cheminée ! ça, c'est du luxe !). J'ai préparé le lapin dans une quasi-transe, la bave aux lèvres. Puis je l'ai embroché, je l'ai cuit et je l'ai bouffé.
Il n'avait que la peau sur les os. Maigre repas mais c'est mieux qu'un coup de pied au cul.
Je vais dormir à l'étage, dans la salle de bain. 
Je ne crois pas en Dieu. Est-ce hypocrite alors de prier pour ne pas faire de cauchemars cette nuit ?

Je crois que je me pose trop de questions ...

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