lundi 4 avril 2011

LE SURVIVANT - 4 AVRIL 2014

Dans un monde qui a basculé dans un gouffre que j'imagine sans fin, je ne m'attendais pourtant pas vraiment à me réveiller dans une baignoire avec un canon de fusil de chasse collé à ma tempe. Je me croyais suffisamment prudent pour ne pas me faire surprendre aussi facilement. J'avais tort. Trahi par ma fatigue.
Elle s'appelle Sandrine. Mais ça, je ne l'ai su qu'après avoir moi-même répondu à toute une batterie de questions. J'étais pas vraiment en position de lui refuser l'interrogatoire, si vous voyez ce que je veux dire. Elle n'a pas baissé son arme tant qu'elle n'a pas était sûre que je ne représentais pas une menace pour elle. Qui suis-je pour l'en blâmer ?
A première vue, et bien qu'elle ne m'ait pas dit son âge (j'ai pas demandé parce que, si je me souviens bien, ça ne se fait pas), elle semble plus jeune que moi. Blonde, les cheveux très courts, à la garçonne, et maigre comme un clou. Elle a vu la fumée qui s'échappait encore de la cheminée au petit matin. Et elle a senti l'odeur de la bouffe. C'est en explorant les pièces qu'elle est tombée sur moi, en plein roupillon.
Je lui ai dit d'où je venais, mon départ à moto d'un Paris en flammes. Ce récit ne lui a pas beaucoup plu.
Elle m'a expliqué venir d'un village appelé La Chalse, à 15 km au sud-est. Après la mort de tous ceux qu'elle connaissait et l'arrêt des communications, elle s'est mise en tête de remonter vers la capitale, persuadée qu'elle y trouverait de l'aide, l'armée, des médecins. Je lui ai dit qu'elle n'y trouverai que des cadavres. Son moral en a pris un coup. J'ai beau n'avoir aucunes preuves de ce que j'avance, elle a vu dans mon regard que c'était pas des conneries. Je me dis aussi qu'elle devait s'en douter et que je n'ai fait que confirmer ces craintes. 
Après avoir parlé pendant ce qui m'a semblé être des heures, après que nous nous soyons serré la main comme un pacte de non-agression, nous nous sommes levés, nous avons pris nos affaires et nous avons quitté cette maison. La pluie semble s'être arrêté pour de bon. Des coins de ciel bleu sont enfin visibles. Peu de zombies à l'horizon. Il était temps de reprendre la route.

Nous nous sommes regardés sans dire un mot. Je n'ai pas eu besoin de lui demander si elle voulait m'accompagner. 
J'étais persuadé que, seul, j'aurais plus de chances de survivre. Que s'encombrer d'une autre personne ne s'imposait pas. Vous savez quoi ? Pendant tout ce temps, je me suis menti. Je crois ...
Je sais que je prend un risque. Je ne connais pas grand chose d'elle. De comment les horreurs qu'elle a vu (et dont elle ne m'a pas encore parlé) l'ont affecté. Pas grave. J'ai besoin de compagnie, de parler à quelqu'un de vivant. De me convaincre que je suis encore normal, humain. Sandrine fera parfaitement l'affaire.
Je me trouve à proximité de Dordives, plus proche d'Orléans que je ne m'en doutai en fait. J'ai vécu ces deux derniers jours sans trop me soucier des distances parcourues. Désormais, je ne suis plus seul.

Je me demande seulement qui est un danger pour l'autre ...


5 commentaires:

  1. Pas mal du tout ton style ! Simple, mais très efficace, et surtout parfaitement adapté à ce que tu écris. Un léger soucis de concordance des temps par endroit, mais vu le nombre "d'aspirants écrivains" qui écrive un français illisible, on te pardonne totalement !
    Très sympa à lire en tout cas ! Et n'étant pas fan de zombi, c'est un vrai compliment !!!

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  2. Tiens, je vais te mettre en lien chez moi, même si ça fait 10 morts d'évêques que je n'ai pas fait de mise à jour !!!

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  3. bon travail. j'attends la suite.

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  4. Merci à tous. Ouais pour la concordance des temps, va falloir bosser dessus c'est vrai. je ne me donne aucunes excuses à ce niveau. Et j'espère que la suite vous surprendra, vous plaira, vous fera frissonner ... la totale quoi !

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  5. C'est vrai, l'écriture devient plus fluide, il y a moins de répétitions, on sent que tu prends bien en main ton récit, je passe à la suite ! :-)

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