Ne cherchez pas les liens de parenté avec le péplum réalisé par Stanley Kubrick en 1960. Il n'y en a tout simplement aucun. Si la base de l'histoire (la révolte menée par Spartacus, esclave thrace condamné à une vie de gladiateur) reste la même, les personnages, le ton et le discours changent complètement. Braconnant sur les terres de 300 (autant le comic book de Miller que le film de Snyder) et de ROME (pour le sexe et la violence non censurés, mais aussi le code d'honneur des gladiateurs, réminiscent de celui des légionnaires), cette série TV mêle histoire(s) de vengeance, complots politiques et mafieux et mythologie antique, s'éloignant volontairement de toute vraisemblance historique. Ralentis incessants qui garantissent l'iconisation des combattants, personnages bigger than life (Théokolès, "L'Ombre de la Mort", géant increvable est, à ce titre, plutôt fumé), geysers de sang qui vont jusqu'à repeindre entièrement le cadre, casting de top models et traitement à la palette graphique qui donne à l'ensemble un rendu numérique proche des jeux vidéos; SPARTACUS ratisse large et ne fait pas dans la dentelle. Même la musique de Joseph Loduca (fidèle de Sam Raimi) pille sans vergogne le score de Brian Tyler pour 300. C'est tout simplement ENORME !!!!
Si ce manque de subtilité en fera fuir certains, qui crieront au spectacle débilitant et vulgaire, c'est tant pis pour eux car ils passeront à côté des qualités insoupçonnées de ce show bourrin et jouissif. Bien plus que le fade héros (Andy Whitfield, clône troublant de Sam Worthington, une partie du talent en moins) dont la soif de vengeance ne réveillera le spectateur qu'épisodiquement (sic !), c'est le duo John Hannah/Lucy Lawless (le couple Batiatus et Lucretia) qui assure la quasi totalité du spectacle. Ambitieux, corrompus, cruels, pervers, ce sont de véritables crevures pourtant incroyablement attachantes. Parce que leurs motivations sont toujours crédibles et tellement humaines (le désir de fonder une famille et de se faire une place dans le monde) et que le talent et le charisme de ces deux interprètes est telle que l'on ne peut pas faire autrement que d'applaudir et trépigner à chacune de leur apparition. Autre bonne surprise, la prestation autoritaire et attachante de Peter Mensah dans le rôle de "Doctore", entraîneur des gladiateurs et figure paternelle. Un rôle magnifique pour cet habitué de la télé et lien de filiation évident avec 300 (encore !) puisqu'il y incarnait le messager perse jeté dans la fosse par la fureur du roi Léonidas. Doctore représente à lui tout seul la puissance d'évocation de cette confrérie d'esclaves guerriers.
Il faut également louer le scénario particulièrement efficace dans sa structure en crescendo et ce, jusqu'à un épisode final proprement apocalyptique et qui annonce une suite pour le moins ambitieuse. La première saison, tournée en un seul bloc sans attendre les réactions des téléspectateurs au pilote (chose rare), est d'une cohésion dont bien peu de séries peuvent se vanter.
Enfin, quel plaisir de voir une série d'action qui laisse tomber la caméra à l'épaule de rigueur pour une mise en scène fluide, claire et mettant en valeur chaque passe d'armes, chaque coups !
Retardé par les graves problèmes de santé de son acteur principal, la deuxième saison de SPARTACUS fut pour sa part reportée jusqu'à 2012 (actuellement en tournage donc) et précédée d'un préquel en 6 épisodes intitulé GODS OF THE ARENA. Un préquel qui ignore superbement Spartacus lui-même et préfère se concentrer (judicieusement) sur le proche passé de Batiatus et Lucretia, ainsi que d'autres personnages gravitant autour d'eux dans la première saison. Le résultat, handicapé par une absence de suspense réel (on sait comment ça se termine) mais aussi par une écriture parfois bâclée (les origines de Crixus le Gaulois, Ashur le Syrien et Solonius sont carrément décevantes), reste néanmoins un agréable bonus. Agréable car il permet de passer un peu plus de temps en compagnie de John Hannah et Lucy Lawless, visiblement ravis d'endosser à nouveau leurs toges de salopards romains. Agréable également car ces 6 épisodes dépassent avec ardeur les limites en matière de cul et de gore imposées par la première saison. C'est encore une fois du jamais vu.
Après les cultes HERCULE et XENA, Tapert et Raimi offrent à la télévision américaine un nouvel objet de fascination, hautement divertissant. La suite, délestée des principaux atouts de ce qui a précédé (devinez lesquels) devra relever de sacrés challenges !
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