samedi 23 avril 2011

LE CINEMA AMERICAIN DES ANNEES 80 #25 - THE THING

Réalisé par John Carpenter - Sortie US le 25 juin 1982.
Scénario : Bill Lancaster, d'après la nouvelle "Who Goes There ?"de John W. Campbell Jr.
Musique : Ennio Morricone.
Directeur de la photographie : Dean Cundey.
Avec Kurt Russell (R.J. MacReady), Wilford Brimley (Dr. Blair), T.K. Carter (Nauls), David Clennon (Palmer), Keith David (Childs), Richard Dysart (Dr. Copper), Charles Hallahan (Vance Norris), ...
Durée : 109 mn.

En plein milieu des étendues glacées de l'Antarctique, un groupe de scientifiques américains est confrontés à un organisme extra-terrestre extrêmement agressif qui assimile puis reproduit à l'identique les formes de vies qui l'entourent. Peu à peu, la paranoïa s'installe, ...


 

La perle noire de John Carpenter. Film d'horreur et de science-fiction au pessimisme incroyable, sérieux comme une feuille d'impôt, terrifiant et annonciateur d'une apocalypse inévitable, THE THING est un film sans le moindre compromis.   
Surfant sur le succès des indépendants HALLOWEEN et NEW YORK 1997, John Carpenter signa, avec THE THING, son premier film de studio. Dans la liberté la plus totale. Au box-office, face au message de paix et de tolérance porté par le E.T. de Steven Spielberg, il fut un échec total, ne gagnant ses galons de film culte qu'au fil des ans et des visionnages. Et il faut bien dire qu'en dehors de ses effets spéciaux de maquillage spectaculaires et novateurs (grâce à ce fou génial qu'est Rob Bottin), THE THING est film très très éloigné des modes de son époque. Rejetant le principe d'une ouverture pétaradante ou frénétique (passage presque obligé pour tous blockbuster fantastique qui se respecte depuis les prologues mémorables LES DENTS DE LA MER, STAR WARS et LES AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE), d'un quelconque second degrés (en tout et pour tout, le film contient ne que deux répliques susceptibles d'arracher un sourire au spectateur) ou même d'un seul élément pouvant rendre le long-métrage séduisant ou calibré pour tel ou tel public (pas de jeunisme effréné, pas de personnages féminins, pas de thème musical à fredonner à la sortie de la salle), John Carpenter joue à fond la carte de l'austérité et de la crédibilité.
La mise en place de l'intrigue, redoutable, prend le temps qu'il faut. Aucun héros infaillible ne se distingue au sein du groupe. Des hommes ordinaires confrontés à une situation extraordinaire. Pour sa troisième participation avec John Carpenter, Kurt Russell compose un personnage de solitaire fatigué et désabusé, ne prenant les commandes qu'avec réticence, parce que les circonstances l'y ont forcé. Face au jeu tout en nuances et en colère rentrée de Kurt Russell, le charisme viril et le regard hypnotisant de Keith David (éternel second rôle hollywoodien alors qu'il aurait mérité bien plus souvent une place tout en haut de l'affiche) font merveille et explosent dans un dernier acte riches en confrontations; éprouvant pour les nerfs.
Le principe de la créature (n'importe qui peut abriter "la chose") est d'une simplicité et d'une efficacité absolue. La paranoïa la plus totale, renforcée par une multitude de fausses pistes disséminées avec sadisme, instille une peur bien réelle. Quant aux séquences de transformation, tableaux cauchemardesques où les chairs maltraitées prennent les formes les plus improbables, elles constituent autant de chocs pour le spectateur dont il est plus que difficile de sortir indemne. Citons comme exemple ce torse qui s'ouvrent pour révéler une mâchoire béante et baveuse en plein massage cardiaque. Effet garanti !


 Presque trente après et alors qu'un préquel saugrenu pointe le bout de son nez, THE THING ne vieillit toujours pas et ne vieillira sans doute jamais. Parce que peu de films fantastiques américains partagent un tel jusqu'au boutisme, une telle foi dans les mécanismes de la peur. Parce que John Carpenter a compris plus que n'importe quel autre que, pour plonger le public dans un effroi à la limite du supportable, il n'est pas nécessaire de lui sauter dessus un couteau à la main. Non. Il suffit de le prendre doucement à la gorge, puis de se mettre à serrer, petit à petit, de plus en plus fort. Sans jamais relâcher son étreinte. Ceux qui ont retenu la leçon ne sont pas légion .... 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire