vendredi 1 avril 2011

LE SURVIVANT - 1er AVRIL 2014

Elle s'appelait Élisa. Je l'aimais plus que tout. J'ai rêvé d'elle cette nuit. Et j'ai parcouru une trentaine de kilomètres à pied sans cesser de penser à elle. 
Nous nous sommes connus au lycée. J'avais 16 ans. C"était une belle brune aux yeux noirs. (c'est  toujours le cas, je veux bien le croire). Il m'a fallu un an et demi pour lui avouer qu'elle me plaisait. Bel euphémisme, j'étais fou d'elle. Mais ce n'était pas réciproque. Elle me voyait comme un ami. Un bon ami et un confident parfois. Mais pas plus. J'en ai souffert. Énormément. Mais nous avons continué à nous fréquenter. J'ai remballé mes sentiments. Après le lycée, nous nous sommes perdus de vu pendant deux ans. Nous avions nos numéros de téléphone respectifs mais les coups de fil se sont vite espacés pour s'arrêter totalement au bout de quelques mois. Chacun dans son coin. Un sevrage nécessaire. Notre relation était devenu malsaine, faut bien avouer.
Le sevrage fut bénéfique à nos retrouvailles. Tous les deux célibataires. J'avais déniché un petit boulot dans un restaurant du 9ème arrondissement en tant que serveur, en attendant de reprendre mes études (ce que je n'ai jamais fait). Elle était secrétaire dans un cabinet d'orthodontie. Nous étions loin de nos rêves d'ados (je voulais être graphiste, elle voulait être psychothérapeute) mais nous avions chacun du taf et nous étions indépendants. Quitter le nid familial avant 25 ans était un exploit dont nous n'étions pas peu fiers. Nos rêves pouvaient bien attendre encore un peu ...
Je l'ai invité à une soirée et, pour faire court, nous nous sommes mis en couple très vite. Notre histoire a duré quatre ans. Elle a emménagé dans mon studio au bout du deuxième mois. J'ai changé de travail. Je suis devenu ... comment ils disaient déjà ? .... ah, oui ! opérateur de saisie dans une entreprise de messagerie (en clair, je tapais des adresses sur un ordinateur, pas trop mal payé). Elle a continué son job. C'est vite devenu un routine entre nous. Tristement. Et puis, du jour au lendemain, ça s'est terminé. Pas de psychodrames, de coucheries à droite à gauche. Elle m'a dit qu'elle n'éprouvait plus rien pour moi. Elle a voulu m'expliquer que ça faisait déjà un bout de temps. Retour à la case départ. Amour non partagé. Je lui ai laissé le studio et je suis parti m'installer ailleurs. 
Depuis, silence radio. Je sais juste qu'elle n'a pas gardé le studio. Le reste, j'ai jamais voulu savoir. Si elle avait rencontré quelqu'un d'autre, tout ça. J'ai survécu à ma période de dépression (certains maigrissent, moi j'ai pris 15 kilos). 
Je me suis inquiété pour Élisa au début de l'épidémie. J'ai même composé son numéro. Plus attribué. Mon inquiétude a fait boule de neige. Et maintenant, je balise. Vraiment. Je veux savoir si elle est encore en vie, si elle a été bouffée, si elle est revenue d'entre les morts avec un appétit contre-nature. Dans le pire des scénarios, j'arrive même à imaginer le visage putréfié du zombie lui ôtant la vie, lui arrachant les tripes. Faut que j'arrête !
Je suis arrivé à Baulne, petite commune de l'Essonne. Ce soir, je dormirais à l'Office de Tourisme. 
J'ai tué une quinzaine de zombies aujourd'hui. Le dernier, planqué derrière un bureau, ressemblait étrangement à l'assassin imaginaire d'Élisa. J'ai pris tout mon temps pour le démembrer avec une hache trouvée sur place. J'ai pris tout mon temps. Les pieds, les mains, les jambes, les bras, la tête enfin. Je l'ai planté sur une pique.

1 commentaire:

  1. Heu, il commence déjà à péter un plomb le héros ? Merdum ... il est gore là (remarque si c'est déjà le 20e ...)

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