samedi 9 avril 2011

LE SURVIVANT - 9 AVRIL 2014

Mauvais rêves. Encore.

Ce qui s'est passé hier m'a amené à repenser ma "stratégie". Je ne vais plus suivre les grandes routes, traverser des bourgades. Au risque de rallonger considérablement la durée de mon voyage, je vais passer par les campagnes, les forêts, les zones les moins peuplées possibles. Je ne suis plus très sûr de vouloir croiser d'autres personnes. C'est trop dangereux. 
Si j'en ai le luxe, si je repère des survivants avant qu'ils ne tombent sur moi, je les observerai autant que possible. Une sorte d'évaluation psychologique à distance. Histoire de savoir à combien ils se situent sur l'échelle des tarés en situation de fin du monde. Si j'en ai le luxe ...
Combien reste t-il d'êtres humains sains d'esprit dehors ? Il n'y en avait déjà pas beaucoup avant. Et il n'est pas dit que je vaille bien mieux que ça. Toujours la même rengaine, le même cynisme. Je n'en ai pas honte. Je suis comme je suis.

J'ai suivi la nationale 7 jusqu'à un bled appelé Neuvy sur Loire. Je n'y suis arrivé qu'en début d'après-midi. J'avais pourtant quitté les environs de la ferme très tôt mais le nombre très important (euphémisme) de morts-vivants en goguette m'a ralenti dans ma progression. J'en ai tué une bonne dizaine à la barre de fer avant de me résigner à jouer la discrétion, à faire des détours pour éviter les gros troupeaux. Après ces quelques jours de calme relatif, en voir autant d'un seul coup m'a presque fait un choc. En tous cas, ça m'a incité à revenir aux bonnes vieilles habitudes. Méfiance, méfiance, méfiance. 
Bref, arrivé dans le patelin en question, j'ai fait mes courses, passant de bâtiment en bâtiment sans me faire remarquer. Nourriture, vêtements, équipements. J'ai raflé tout ce que j'ai pu. Je me suis procuré de nouvelles cartes et une boussole. J'ai échangé mes chaussures de villes en piteux état contre une paire plus adaptée à la randonnée qui m'attend.
Enfin, j'ai laissé tomber la barre de fer pour une arme un peu plus classe : une arbalète. Le magasin pour chasseurs du coin avait manifestement été pillé mais il restait quelques articles de valeur. L'arbalète en faisait partie. Ainsi qu'un couteau à faire pâlir Rambo de jalousie, avec son étui en cuir s'il vous plaît ! Le couteau sera idéal pour le combat rapproché. L'arbalète va me donner un peu plus de mal pour la maîtriser mais, lorsque je serai amené à chasser pour manger, elle sera plus silencieuse et donc bien plus pratique qu'un fusil. Je commence l'entraînement dès demain. Quelques zombies isolés feront l'affaire.
L'un dans l'autre, ça aura été mon meilleur arrêt shopping depuis que j'ai quitté Paris. 

Le soleil se couche et j'ai laissé la nationale loin derrière moi. J'ai trouvé refuge pour la nuit dans un vieux château d'eau à l'abandon. J'ai allumé un feu pour faire cuire quelques chamallows que j'ai trouvé tout à l'heure. C'est pas aussi bon que dans mes souvenirs.

J'ai l'intention de laisser mes nouveaux vêtements se salir autant que possible. Plus je pue, moins les zombies s'intéresseront à moi. L'hygiène des jours à venir risque bien de me rendre encore plus asocial que je ne le suis déjà.

Je vais lire un peu avant de dormir, avant que le feu ne s'éteigne. Je ne suis plus pressé de fermer les yeux.




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