jeudi 31 mars 2011

LE CINEMA AMERICAIN DES ANNEES 1980 # 4 - SHINING

SHINING, c'est la revanche de Stanley Kubrick sur le public qui bouda son somptueux BARRY LYNDON; Le film d'horreur ultime, démesuré. "Ah, vous voulez voir un film d'horreur ? Après celui-ci, vous n'en aurez plus jamais envie !", c'est le message que Kubrick semble adresser avec SHINING. 
Partant du roman de Stephen King (dont il ne trahit pas la structure mais plutôt les détails, en altérant ainsi radicalement le ton), le génie barbu accumule tous les types d'excès possibles. Jusqu'à la lisière du ridicule, le tout volontairement dans un numéro d'équilibriste ahurissant. Les violons sont employés jusqu'à la stridence la plus insupportable possible. La violence de toute la production de l'époque est dépassée - noyée même ! - en un seul plan qui voit les couloirs de l'Overlook submergés par des hectolitres de sang; Shelley Duvall, l'héroïne, bat des records d'hyperventilation et de mimiques paniquées et apeurées. Et Jack Nicholson, lui, se transforme carrément avec force haussement de sourcils en grand méchant loup, hache à la main. Un an avant le EVIL DEAD de Sam Raimi, Kubrick livre avec SHINING un film d'horreur tellement grand-guignolesque dans ses partis pris qu'il frise la parodie. Si vous en doutez encore, rappelez-vous ce long zoom arrière sur le cadavre frigorifié de l'écrivain Jack Torrance (Nicholson), éternellement figé dans une impayable grimace de surprise et de mécontentement absolu. Un tel plan n'aurait guère semblé déplacé dans un bon vieux Tex Avery des familles.
Mais SHINING n'est pas que style. En toile de fond, et toujours dans un esprit profondément revanchard, Stanley Kubrick taille un costard à la sacro-sainte cellule familiale américaine. La décrivant comme pourrie dès le départ (le père ancien alcoolique au regard inquiétant, la mère amorphe, le fils solitaire et "différent"), la famille Torrance se désintègre de l'intérieur à toute vitesse. Et avec elle, le rêve américain d'une saine normalité.No future !!!
Avec un humour féroce, cynique, SHINING terrifie autant qu'il amuse. Un vrai train fantôme qui n'hésite pas à renvoyer le spectateur au psychopathe qui, c'est inéluctable, se cache en lui. Et Stanley Kubrick inventa le cadeau piégé ! Niark Niark Niark !!!

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