mercredi 1 juin 2011

LE CINEMA AMERICAIN DES ANNEES 80 #64 - LA FOLLE JOURNEE DE FERRIS BUELLER

Réalisé par John Hughes - Sortie US le 11 juin 1986 - Titre original : Ferris Bueller's Day Off.
Scénario : John Hughes.
Musique : Ira Newborn, Arthur Baker, John Robie.
Directeur de la photographie : Tak Fujimoto.
Avec Matthew Broderick (Ferris Bueller), Alan Ruick (Cameron Frye), Mia Sara (Sloane Peterson), Jeffrey Jones (Dean Edward Rooney), Jennifer Grey (Jeanie Bueller), Edie McClurg (Grace), ...
Durée : 103 mn.
Adolescent ingénieux et retors, Ferris Bueller décide à nouveau de sécher les cours et entraîne sa petite amie Sloane et son pote Cameron dans une virée à Chicago. Mais, cette fois-ci, le proviseur Rooney est déterminé à coincer Bueller, ...


Promu maître de la comédie adolescente dès la première moitié des années 80 (avec à son palmarès SEIZE BOUGIES POUR SAM, BREAKFAST CLUB et UNE CRÉATURE DE RÊVE, entres autres), John Hughes conçoit LA FOLLE JOURNEE DE FERRIS BUELLER comme ses adieux au genre. Et quels adieux ! Ayant pour thème principal le passage à l'âge adulte (logique), ... FERRIS BUELLER est un feux d'artifice comique débordant de liberté et de panache, mais qui laisse filtrer un spleen contagieux en fin de bobine. Déjà, la bouffonnerie se teinte de cruauté et sait émouvoir dans les moments les plus inattendus. 
Comme tout film définitif qui se respecte, LA FOLLE JOURNEE DE FERRIS BUELLER est un sommet que les films suivants de John Hughes ne parviendront jamais à dépasser. Ultime tour de piste pour une poignée d'ado fermement décidé à profiter de la vie et de leur jeunesse avant que les responsabilités de leur vie d'adulte ne s'abattent sur leurs épaules, l'histoire racontée par John Hughes se permet toutes les audaces. Le personnage principal s'adresse directement au spectateur et ses conseils s'inscrivent carrément à l'écran, intermède artistique et contemplatif dans un museum d'art contemporain, comédie musicale (la parade), références à la pop culture innombrables (MTV, Star Wars, et j'en passe), vaudeville enthousiaste. Hughes, cinéaste et scénariste, ne recule devant aucune idée, célébrant ainsi la liberté sous sa forme la plus absolue. 


Cela avait déjà été le cas par le passé mais John Hughes ne fait preuve d'aucune tendresse pour les rabats-joies. La sempiternelle figure du proviseur, symbole d'une autorité de pacotille, en plus d'être abusée verbalement se retrouve ici carrément humiliée, physiquement et moralement. Impressionnant de bouffonnerie, Jeffrey Jones personnifie courageusement le souffre-douleur du film. Sa relation avec Fueller est la même que celle qu'entretient Le Coyote avec Bip-Bip dans les fameux cartoons. Le prédateur stupide et malchanceux, et sa proie insaisissable. On en vient d'ailleurs presque à souhaiter que le "héros" finisse par se faire coincer. 


Dans le trio de tête (Broderick, Sara et Ruick), le personnage le plus émouvant et le plus fort n'est finalement pas Bueller mais plutôt son ami Cameron. Pourtant loin d'avoir l'âge requis pour le rôle (29 ans, alors qu'il est censé en avoir 17 !), Alan Ruick fait des merveilles en faisant de l'hypocondriaque et dépressif Cameron un personnage décalé, coincé entre deux âges (la définition même de l'adolescence), hors du coup, triste et même tragique. Sa révolte l'amenant à détruire la voiture de son père diffuse un malaise tenace. Face à cette performance, Matthew Broderick et Mia Sara apparaissent (volontairement) un peu en retrait. 
Le dernier miracle de FERRIS BUELLER, on le doit à Jennifer Grey. La future héroïne du très mièvre DIRTY DANCING (autant LA FIEVRE DU SAMEDI SOIR et FLASHDANCE, je peux comprendre, mais DIRTY DANCING va vraiment falloir qu'on m'explique pourquoi un jour - fin de la parenthèse) se tire avec les honneurs d'un rôle tout aussi ingrat que celui du proviseur. Son évolution de sœur mal aimée, mal dans sa peau, hurlant à l'injustice à tout bout de champ vers une position plus dominante et romantique est tout simplement fabuleuse. De l'or en barres.


En choisissant d'opposer responsabilité et liberté, John Hughes amorce sa seconde moitié de carrière (entièrement dévolue aux affres des responsabilités parentales) avec une fantaisie et une virtuosité stupéfiante. 

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