Je me suis réveillé sur une plage de sable. Avant l’aube.
J’étais en sueur, pris de panique. Ça faisait longtemps. Et ça n’est pas normal. Si c’est un cauchemar, et j’en suis presque convaincu, je ne me rappelle de rien. Juste une vague impression. Celle d’être suivi et de ne pas pouvoir échapper à mon poursuivant. Comme paralysé, je suis resté plusieurs heures à scruter les horizons sans apercevoir le moindre mouvement, autre que celui des vagues.
Comme je l’avais prévu, la petite fille noire et le garçon aux mains écorchés ont trouvés la plage qu’ils cherchaient. Une plage de sable fin décorée de mornes palmiers pour la première et une crique entourée de roches escarpées pour le second. Ils se sont assis à leur tour et se sont plongés dans une longue attente.
Laissant une partie de mes affaires sur la plage, certain de ne plus en avoir besoin, je me suis remis en marche. Vers l’ouest et le cap de l’Esterel. Quelques épaves de voitures bloquent la route à intervalles réguliers.
Au bout de trois kilomètres, j’ai dit au revoir au bitume pour mettre les pieds dans l’eau. Une eau tiède.
Au bout de six kilomètres supplémentaires, afin de quitter la commune portuaire de Mandelieu, il m’a fallu m’éloigner du bord de mer et affronter une dernière série de montées et de descentes.
Au bout de sept derniers kilomètres, j’ai fini par la fin de la route. La fin de mon voyage. J’ai emprunté un escalier quittant la route pour accéder à un petit bout de plage, une lagune en fait. L’eau, qui avait dû être transparente autrefois, est désormais souillée et je n’ai pas osé y remettre les pieds.
Je ne me suis pas arrêté un instant pour penser au voyage accompli, à mes rencontres, à mes peines, à mes joies. Ce que j’ai vécu et ressenti est consigné sur ces pages et, aujourd’hui, je n’en éprouve aucune nostalgie. Je suis arrivé vivant parce que c’était l’objectif que je m’étais fixé. J’ai dévié de la route pour mieux la rejoindre plus loin. Je suis arrivé vivant et un homme changé. Ici commence mon rôle de témoin.
Imitant mes autres camarades, je me suis assis. Alors, mon esprit est tombé dans un puits profond. Et j’y ai trouvé le passé.
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