mardi 28 juin 2011

LE SURVIVANT - ??? 2016 "La Dernière Route" 7ème partie (épisode #98)

Nous sommes le 3 avril 2009. Le monde ignore tout et continuera de tout ignorer encore longtemps.

A différents points du globe, sept hommes et femmes s’éveillent d’un cauchemar sans nom. Plus jamais ils ne retrouveront le sommeil. Choqués par l’impression de réalité de ce cauchemar, tous s’examinent devant une glace et constatent, avec effroi, que les blessures qui leur ont été infligées par les monstres de boue existent bel et bien. De fines cicatrices sombres et suintantes leur recouvrent le corps. 

L’homme s’appelle Thomas Sanders. Il est suédois mais il vit en France, au nord de Paris, depuis maintenant quinze ans. Sa femme, Liliane, est française. Il a deux enfants, Monika et Eric, et il est un informaticien respecté. En fait, il ambitionne même de révolutionner le monde de la micro-informatique avec un nouveau logiciel conçu pour l’échange de données. Il a 39 ans et ses rêves prennent enfin vie. 

Mais il a été choisi. Pour être l’un des émissaires de l’Apocalypse et du retour de la Race Oubliée. Au lendemain de son cauchemar, il se sent de plus en plus mal. Ses plaies ne le font pas souffrir mais elles lui font si peur qu’il préfère cacher leur existence à sa femme. Et une faim telle qu’il n’en a jamais connu lui déchire les entrailles. Il se retire dans son bureau, et ferme la serrure. Sa femme s’inquiète mais il trouve la force nécessaire pour maîtriser sa voix et la rassurer. Au moins pour un certain temps. Dieu merci, ses enfants sont à l’école.

Il examine à nouveau ses plaies et leur aspect est franchement hideux. Et la faim ne cesse de le tourmenter. Il a faim de sang et de chair et il a envie de sa femme. Il fait un pas vers la porte mais se ravise. Un docteur ? Que pourrait-il bien lui dire ? Quelle maladie peut-on attraper dans un cauchemar ? Non. Un docteur ne lui serait d’aucune aide. 

Il allume l’ordinateur. C’est un homme rationnel. Il se souvient de suffisamment de détails dans son rêve. Il se dit que sur internet, il y a des chances qu’il trouve un début d’explication. Mais alors qu’il touche le clavier, il sent une décharge électrique lui traverser le corps et l’ordinateur explose dans une gerbe d’étincelles. Et la faim est de plus en plus fortes. Il tombe à terre, incapable de se relever. Alertée par le bruit, sa femme se sert du double de la clef (pas de secrets dans la maison des Sanders, aucune porte fermée, jamais) pour pénétrer dans le bureau et trouver son mari se tordant de douleur sur le sol. Elle se précipite sur lui et le prend dans ses bras. Il marmonne sans cesse, dans sa langue d’origine, « hungrighet, hungrighet, hungrighet », « faim, faim, faim ». Elle pose sa main froide sur le front de son mari et la retire aussitôt. Comment peut-il encore être en vie avec une telle fièvre ? Mais alors qu’elle est sur le point de se lever pour appeler le SAMU, les pompiers, les urgences, n’importe quoi pourvu qu’ils viennent vite, il la saisit par le poignet et l’attire à elle. Il marmonne une dernière chose – « j’ai besoin de toi » - et l’embrasse passionnément. Elle devrait se débattre, refuser l’étreinte d’un homme aussi malade. Mais le baiser de l’homme qu’elle aime diffuse en elle un poison redoutable. Elle accepte le contact des lèvres brûlantes de son mari. Et lorsqu’il lui dévore la langue, elle ne proteste même pas. 

Thomas renverse son épouse sur le sol. Le goût de la langue de sa femme semble satisfaire sa faim. Mais ça n’est pas assez. Il veut le reste. Alors, il fait l’amour à sa femme et la dévore tout en même temps. Il n’en laisse rien. Sa salive liquéfie les os et il ingurgite la belle chevelure blonde avec gourmandise. Quelques heures plus tard, il ne reste qu’un tas de vêtements déchirés et sanguinolents sur le sol du bureau. Rassasié, Thomas part s’asseoir dans le salon et attend que ses enfants rentrent de l’école. Il les dévorera eux aussi. Puis il mettra le feu à sa maison avant de disparaître dans la nuit. La police, qui ne retrouvera aucun corps, est incapable de résoudre le mystère et la presse cessera de se passionner pour la disparition de Thomas Sanders au bout de quelques mois. Personne ne pensera à faire un rapprochement avec six autres cas similaires dans le monde.

Personne.

Mais l’œuvre n’est pas terminée. Et le passé vit toujours.

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