Luc et sa bande de gosses sont finalement bien plus doués que tout ce que je pouvais croire. Ils m'ont eu en beauté. J'avais peu d'espoir, en rentrant sur leur domaine, qu'ils soient restés au même endroit. Je me suis dit qu'avec un gosse en plus, pas forcément heureux d'être parmi eux, ils auraient trouvé un nouvel endroit encore plus discret. J'avais tout faux. Je me suis trompé sur toute la ligne.
Je suis entré seul dans la forêt, avec un plan rudimentaire : dissimuler une arme, me laisser prendre, les laisser s'approcher et blesser l'un des leurs, si possible la fille. Histoire de leur montrer que leur sang à eux pouvait aussi couler et que cette histoire peut vite dégénérer en massacre, avec zéro gagnants en bout de course. Pas vraiment redoutable ou infaillible, mais vu les délais et les moyens à ma disposition, j'ai pas trouvé mieux. Je dois être transparent parce qu'ils ont vite pigés. Ils m'ont laissé crapahuter en forêt pendant trois heures, me suivant sans m'attaquer. En se signalant occasionnellement, ils se sont assurés que je tourne en rond.
Lorsqu'ils se sont enfin décidés à passer à l'action, une flèche est venu se planter dans ma main gauche sans prévenir. Blessé, je suis tombé à genoux, pris au vif par une douleur vive, chaque mouvement de doigt me mettant à l'agonie. Lorsque j'ai relevé la tête, j'avais cinq enfants en face de moi. Pas des enfants en pagnes, avec des plumes, avec des peintures de guerre sur le visage. Pas les Sauvages que je pouvais m'imaginer. Juste des gosses dans des vêtements simples, couverts de terre, sales comme c'est pas permis. Avec des arcs et des poignards en main.
Une main est venue se saisir à toute vitesse de l'arme que je planquais dans mon dos.
L'adolescent en face de moi a pris la parole.
"Je m'appelle Luc et je déteste les armes à feu. Et je me demande quelles mensonges mon frère a bien pu vous raconter à notre sujet. Comment Paul a t-il pu vous convaincre de venir faire le sale boulot à sa place ?"
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