lundi 13 juin 2011

LE CINEMA AMERICAIN DES ANNEES 80 #74 - L'ARME FATALE

Réalisé par Richard Donner - Sortie US le 6 mars 1987 - Titre original : Lethal Weapon.
Scénario : Shane Black.
Musique : Michael Kamen, Eric Clapton & David Sanborn.
Directeur de la photographie : Stephen Goldblatt.
Avec Mel Gibson (Martin Riggs), Danny Glover (Roger Murtaugh), Gary Busey (Mr. Joshua), Mitchell Ryan (General Peter McAllister), Tom Atkins (Michael Hunsaker), Traci Wolfe (Rianne Murtaugh), ...
Durée : 110 mn.

Enquêtant sur la mort suspecte de la fille d'un ancien ami du Vietnam, l'inspecteur Murtaugh se voit adjoindre un équipier dont personne ne semble vouloir à cause de ses pulsions suicidaires : Martin Riggs, ...


Sans nécessairement être une révolution, L'ARME FATALE marque une étape importante dans l'histoire du polar hollywoodien. L'alchimie presque surnaturelle du duo Gibson/Glover fait atteindre des sommets au sous-genre du buddy movie (littéralement, le "film de potes"), révèle au grand jour le talent inimitable du scénariste Shane Black et donne le "la" en matière d'action urbaine grâce à la réalisation nerveuse de Richard Donner appuyée par le montage de son complice de longue date, Stuart Baird. 


S'il est déjà une star avant que L'ARME FATALE ne sorte sur les écrans du monde entier, Mel Gibson a du mal à faire oublier au public qu'il est capable de faire autre chose que MAD MAX. Bien que passionnante, sa filmographie pré-Riggs ne déplacent pas les foules outre-mesure (L'ANNÉE DE TOUS LES DANGERS, LA RIVIÈRE ou encore LE BOUNTY, sans être des flops, ne font guère sensation au box-office). Martin Riggs, le flic suicidaire, mi-bouffon mi-psychopathe, avec son regard bleu acier et ses bons mots relance sa carrière de fort belle manière. C'est un nouveau personnage d'écorché vif, une variation rajeunie et infiniment plus séduisante de l'inspecteur Harry incarné par Clint Eastwood. Le mélange entre la folie, l'humour et le charme fonctionne du feu de Dieu. Face à une telle énergie, Danny Glover, le salopard pathétique de LA COULEUR POURPRE de Steven Spielberg, opère dans un registre moins exubérant. Il est le flic tranquille, le bon père de famille rangé et ordinaire, un gros nounours qui a fait une croix sur le risque et la violence. C'est bien connu, les contraires s'attirent et la conjugaison de ces deux talents va bien plus loin que les associations Sidney Poitier/Tony Curtis dans LA CHAÏNE ou Nick Nolte/Eddie Murphy dans 48 HEURES puisqu'elle a l'immense mérite de ne pas reposer sur un argument racial, bien au contraire. L'élement perturbateur, la grande gueule venue des classes populaires, rôle généralement réservé aux noirs, est ici interprété par un blanc (Gibson). Et le type propre sur lui, ordinaire, l'américain moyen, est lui interprété par un noir (Glover). Un fait tout simplement admis, jamais appuyé par une ligne de dialogue. L'ARME FATALE tord le cou aux clchés raciaux simplement en les ignorant. Quant à l'évolution de leur relation, basée sur l'amitié, elle évolue avec un naturel indéniable.


L'autre artisan essentiel de la réussite qu'est L'ARME FATALE s'appelle Shane Black. Jeune scénariste passionné de polar et de séries B, acteur à ses heures perdues (le binoclard porté sur les blagues vaginales dans PREDATOR, c'est lui !), il met beaucoup de lui-même dans l'histoire de Martin Riggs et de Roger Murtaugh. Lui-même dépressif, il réussit l'exploit de placer le thème (pas facile) du suicide au cœur du métrage sans s'aliéner le public. Il y parvient en prouvant à coups de répliques cultes ("Je vous lirais bien vos droits mais rien qu'à voir vos gueules, je suis sûr que vous les connaissez déjà."), de personnages parfaitement croqués et d'hommages discrets mais pertinents au cinoche de genre (L'INSPECTEUR HARRY et la cultissime série policière DRAGNET sont des sources d'inspirations évidentes). Malin et humble, le vétéran Richard Donner, toujours au service de son script, ne fait que mettre en lumière ces qualités. 

Mr Joshua (Gary Busey), homme de main et méchant mémorable.

Impossible de conclure sans citer la "patte" Joel Silver. L'ARME FATALE porte fièrement la marque du plus habile pourvoyeur d'action d'Hollywood et confirme qu'après 48 HEURES et COMMANDO (et avant PREDATOR, DIE HARD et MATRIX) le bonhomme a décidément un goût admirable.

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