J’ai traversé Grasse de bon matin, abandonnant la route pour me faufiler dans les ruelles de sa vieille ville couvertes de déchets en tous genres. Loin d’être immense, la cité m’est apparu comme un vieillard rabougri et couvert de croûtes, agonisant à flanc de colline. Rien de ce que j’y ai vu ne mérite d’être rapporté ici. Des immeubles et des vieilles pierres dépouillées de leur âme. Du verre brisé. Des cadavres entassés un peu partout. Rien que je n’ai déjà vu ailleurs.
Les heures se ressemblent toutes sous la lumière du Grand Voile. J’ai atteint les limites de la ville à la mi-journée il me semble, mais il n’y a aucun moyen d’en être sûr. Je suis arrivé à la gare et de là, j’ai décidé d’emprunter la voie ferrée jusqu’au bord de mer. La route est plus direct, même si je sais qu’il me faudra à nouveau bifurquer vers l’ouest plus tard. Mais le sable, les rochers et un horizon dégagé me changeront de la campagne mourante.
Je ne serai pas le premier à atteindre mon but. La jeune fille aveugle est arrivée sur une grande plage de galets s’étendant à perte de vue. Elle s’est assise sur les pierres froides et le mort qui lui servait de guide s’est effondré comme tous les autres de son engeance.
D’autres, comme la petite fille noire et le garçon aux mains écorchés auront terminés leur voyage cette nuit au plus tard.
Au-delà de ce lien, nous commençons tous à en ressentir un nouveau, plus ancien, endormi mais prêt à s’éveiller.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire