jeudi 16 juin 2011

LE CINEMA AMERICAIN DES ANNEES 80 #79 - EVIL DEAD 2

Réalisé par Sam Raimi - Sortie US le 13 mars 1987 - Titre original : Evil Dead 2 : Dead By Dawn.
Scénario : Sam Raimi & Scott Spiegel.
Musique : Joseph Lo Duca.
Directeur de la photographie : Peter Deming.
Avec Bruce Campbell (Ash), Sarah Berry (Annie Knowby), Danny Hicks (Jake), Kassie Wesley (Bobby Joe), Ted Raimi (Possessed Henrietta), Denise Bixler (Linda), Richard Domeier (Ed), John Peaks (Professor Knowby), Lou Hancock (Henrietta Knowby), ...
Durée : 84 mn.
Parti s'isoler à la montagne dans un chalet avec sa fiancée, Ash réveille de puissants démons par accident, ...


EVIL DEAD 2 n'est pas une suite comme les autres. Plutôt que d'embrayer bêtement sur les évènements du premier volet, Sam Raimi opte pour une relecture bigger, better and louder. Quitte à "refaire" EVIL DEAD en seulement un quart d'heure, histoire d'assainir les bases, avant de repartir pour un nouveau tout de train fantôme en injectant une dose considérable d'humour et d'émotions et en approfondissant la mythologie du Necronomicon et des Deadites. 


Chaque plan, chaque mouvement de caméra, chaque effet est un défi lancé au spectateur par Sam Raimi. EVIL DEAD se voulait virtuose et grand guignolesque ? EVIL DEAD 2 l'est bien plus encore. Plus de sang, plus de créatures démoniaques (mention spéciale au corps décapité de la fiancée de Ash qui se jette sur ce dernier avec une tronçonneuse rutilante) et, surtout, plus d'enjeux dramatiques. Simple accessoire dont l'importance n'est découverte qu'à la toute fin du premier film, le Necronomicon se place ici au centre de l'intrigue et révèle une bonne partie de ses secrets jusqu'à un épilogue inattendu et prometteur. L'aspect survival horror "sale" et premier degré a définitivement glisse vers le fantastique pur et l'héroic fantasy mâtinée de comic book et de slapstick. Preuve en est, à titre d'exemple, le score de Joseph Lo Duca. Les violons stridents hérités du PSYCHOSE de Bernard Hermann et l'angoisse atonale du premier EVIL DEAD sont remplacés par une partition nettement plus ambitieuse qui mêle berceuse malsaine, plages d'action enlevées, mickey-mousing savoureux (pour la course-poursuite entre Ash et sa main coupée et possédée) et thèmes grandiloquents.


Le changement de ton le plus évident entre les deux volets tient néanmoins dans l'interprétation ahurissante de Bruce Campbell. Simple souffre-douleur et survivant, il vire super-héros tragique et malchanceux. Prêt à tout pour porter les délires de son complice Sam Raimi à l'écran, le comédien relève un défi physique insensé en plus d'assurer le show presque à lui tout seul pendant un bon tiers de film. Confronté à lui-même, Bruce Campbell se retrouve possédé, hurle son amour perdu, pète les plombs face au mobilier du chalet, se casse des assiettes sur la tête et se coupe la main à la tronçonneuse. Le peu de dialogues de ces séquences folles permet à Sam Raimi de laisser sa mise en scène s'exprimer sans réserves et de créer une véritable empathie pour ce héros hors du commun. Du cinéma pur.


Pièce maîtresse d'une filmographie d'entertainer virtuose, EVIL DEAD 2 est presque un condensé de la carrière de Sam Raimi. On peut en retrouver des éléments dans tous ses films suivants. Plus qu'un film, un manifeste !

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