Je n'ai jamais été capable de suivre un chemin sans savoir m'en détourner de temps à autre. Les lignes droites, très peu pour moi.
Ce matin, je me suis trouvé face à un mur de brumes qui m'a semblé presque vivant. Non, laissez-moi rectifier ce que je viens d'écrire. Cette brume était vivante. Cela ne fait pas l'ombre d'un doute. Son but, je l'ai vite compris n'était pas de me perdre mais de me diriger à l'endroit de son choix. Le jour s'est retiré. Le temps a suspendu sa course tragique et la route s'est évanouie sous mes pieds.
J'ai obéi à la brume et je l'ai suivi jusqu'à un cimetière.
La brume s'est dissipée devant moi comme un lever de rideau. Sans les "oh !" et les "ah !" d'un public bien élevé et confortablement assis. Les grilles face à moi étaient ouvertes. Je les ai franchie lentement, mais sans peur. Le métal rouillé, les herbes folles et l'état des pierres tombales sont la preuve que l'endroit a été abandonné bien avant le début de l'épidémie. Je me suis promené dans les allées, lisant respectueusement chacun des noms gravés sur le marbre ou la pierre. Certaines tombes, inévitablement, ont libérés depuis un certain moment déjà les morts qui y étaient retenus prisonnier. Les tombes les plus récentes.
Terre remuée, bois pourrie, couvercles de pierre renversés. Où sont partis les morts qui occupaient ce cimetière ? Ont-ils reçus leur quota de chair vivante ? Se sont-ils écroulés un peu plus loin, cédant finalement à la décomposition après avoir usé de leur dernières forces pour s'extraire de leur trou ?
Un seul d'entre eux a été laissé en arrière. Je l'ai découvert tout au bout de la cinquième allée que j'ai parcouru. Piégé à mi-chemin entre sa liberté et la terre consacrée. Semblable à une statue, immobile mais non mort. Après avoir forcé le couvercle de sapin de son cercueil, il s'est apparemment empalé sur le bois explosé et n'a pas pu se dégager.
Je me suis approché et j'ai posé un genou à terre. J'ai entaillé le bout de mon index droit et j'ai approché mon doigt sanguinolent de son visage, le laissant humer. Brusquement, la statue de chair séchée s'est remis en mouvement dans un horrible craquement. J'ai retiré mon doigt vivement et j'ai attendu qu'il tourne son faciès dans ma direction. Ses orbites étaient vides. Deux trous sombres désertés même par la vermine. J'ai sorti mon arme mais je n'ai pas tiré. J'ai fini par la ranger.
Après avoir aidé le zombie à se libérer de son trou, je l'ai regardé s'éloigner de sa démarche maladroite, lente. La brume s'est refermée autour de lui, comme si elle avait voulu l'avaler.
Avec le crépuscule, la brume a fini par disparaître. Je suis sorti du cimetière mais je ne me suis pas redirigé vers la route. Il me semble que je vais rester infidèle au chemin quelques temps encore. Une forêt s'offre à moi.
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