dimanche 5 juin 2011

LE CINEMA AMERICAIN DES ANNEES 80 #68 - TOP GUN

Réalisé par Tony Scott - Sortie US le 16 mai 1986.
Scénario : Ehud Yonay, Jim Cash & Jack Epps Jr.
Musique : Harold Faltermeyer.
Directeur de la photographie : Jeffrey L. Kimball.
Avec Tom Cruise (Lt. Pete "Maverick" Mitchell), Kelly McGillis (Charlotte "Charlie" Blackwood), Val Kilmer (Lt. Tom "Iceman" Kazansky), Anthony Edwards (Lt. Nick "Goose" Bradshaw), Meg Ryan (Carol Bradshaw), Tom Skerritt (Cmdr Mike "Viper" Metcalf), Michael Ironside (Lt Cmdr Rick "Jester" Heatherly), ...
Durée : 110 mn.

Le pilote de F-14, Pete "Maverick" Mitchell agace ses supérieurs par son attitude de tête brûlée et ses aptitudes hors pairs. Avec son meilleur ami, il est envoyé à l'école "Top Gun", ...


Incroyable succès au box-office et phénomène de mode produit par le désormais incontournable duo de producteurs Don Simpson/Jerry Bruckheimer et réalisé par Tony Scott, le frangin de Ridley, TOP GUN n'est pas à proprement parler un "bon" film. Avec son scénario prétexte cachant à peine une insupportable publicité pour les pilotes américains, son patriotisme de pacotille et un casting pourtant brillant ici en mode "tête à claque" roulant des mécaniques à tout bout de champ, il en est même très loin. Mais les qualités de TOP GUN, ce qui assure sa place dans la mémoire des cinéphiles, sont ailleurs. 


C'est d"abord une question de style. Parce que Tony Scott a beau filmer du vent, il le fait avec une classe et une maestria incroyable. Chaque plan transpire l'envie d'en mettre plein la vue. Avions et pilotes sont filmés avec amour et le soin apporté à la photographie laisse sans voix. C'est un festival de contre-jours iconiques, de filtres esthétisants et de mouvements de caméra spectaculaires. Sans oublier que Tony Scott n'oublie jamais de tirer parti du concours de l'aviation américaine. Ravis d'être montrés sous leur plus beau jour, ces derniers offrirent en effet leurs services avec enthousiasme à la production.


L'autre qualité de TOP GUN n'est apparu qu'avec le temps : son sous-texte profondément gay. Il est presque impossible d'affirmer qu'il s'agit d'un aspect conscient ou simplement involontaire. La virilité exacerbée mise en scène par Tony Scott devient-elle homosexualité refoulée à travers le prisme du temps ou bien est-ce le fruit d'une envie de subversion mûrement réfléchie par le cinéaste afin de se moquer du sérieux outrancier du scénario ? Les indices vont dans les deux sens. La mise en valeur de corps masculins musclés et bronzés, et le mélange entre amitié et rivalité de ces icônes "viriles" est une constante dans le cinéma d'action américain des années 80 et y percevoir une imagerie ouvertement gay est dû en grande partie à la récupérations de ces codes par la communauté homosexuelle. Le passage du temps et la subversion des modes sont à l'œuvre dans l'esprit du spectateur d'aujourd'hui. Pourtant, de nombreuses scènes, même à l'époque de la sortie du film, restent équivoques. Les séquences embuées se déroulant dans les vestiaires des pilotes dégagent une aura érotique indéniable. Et que dire du "fameux" match de volley-ball et ses moments de franche "camaraderie". Enfin, il y a la relation entre "Maverick" et "Goose" (je ne vous parle même pas de la moustache d'Anthony Edwards ...) dont l'amitié fusionnelle éclipse totalement leurs relations avec les femmes, ici limitées à de simples faire-valoir insipides. Troublant et amusant à la fois. Passer la projection à relever les détails qui font de TOP GUN un monument gay (involontaire ?) s'avère en réalité plus palpitant que l'histoire qui nous est racontée.


A vous de vous faire votre avis.

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