Réalisé par Robert Zemeckis et Richard Williams (Animation) - Sortie US le 22 juin 1988 - Titre original : Who Framed Roger Rabbit ?
Scénario : Jeffrey Price et Peter S. Seaman.
Musique : Alan Silvestri.
Directeur de la photographie : Dean Cundey.
Avec Bob Hoskins (Eddie Valiant), Charles Fleischer (voix de Roger Rabbit), Christopher Lloyd (Judge Doom), Joanna Cassidy (Dolores), Alan Tilvern (R.K. Maroon), Stubby Kaye (Marvin Acme), ...
Durée : 104 mn.
Los Angeles, 1947. Humains et Toons cohabitent dans la capitale du cinéma. Détective privé fauché, Eddie Valiant est embauché par R.K. Maroon, patron de Maroon Cartoon pour enquêter sur les infidélités de Jessica Rabbit, la femme du toon vedette Roger Rabbit, ...
"I'm not bad. I'm just drawn that way."
Profitant du succès planétaire de RETOUR VERS LE FUTUR, Robert Zemeckis, passionné par les défis, réalise avec QUI VEUT LA PEAU DE ROGER RABBIT un double exploit. Celui de faire coexister de la manière la plus crédible qui soit des personnages de dessin animé et des acteurs en chair et en os dans des plans complexes et en mouvement. Mais aussi celui de rendre un double hommage au cinéma de l'âge d'or hollywoodien et aux génies de l'animation et du cartoon. Ce faisant, Zemeckis tisse des liens entre ces deux industries parallèles.
Commençons par éliminer le plus gros défaut de ROGER RABBIT : son scénario. Empruntant au film noir et à ses classiques (LE GRAND SOMMEIL, LE FAUCON MALTAIS), l'histoire, bien qu'efficace, manque d'originalité et les personnages, volontairement réduit à des stéréotypes, manquent presque tous de profondeur. Le résultat, trop mécanique, manque aussi de fluidité et de spontanéité. C'est à se demander pourquoi Robert Zemeckis et son habituel compagnon d'écriture Bob Gale n'y ont pas apporté leur contribution. Mais ce que ROGER RABBIT perd en substance dramatique, il le gagne sur la forme. Au prix d'une logistique incroyablement lourde et contraignante et d'un tournage à rallonge, Robert Zemeckis parvient à aboutir à une mise en scène incroyablement libre et spectaculaire. La jonction entre le monde réel et celui du monde des toons, effectuée via un astucieux simili plan séquence, permet de rendre crédibles les interactions entre toons et humains dès les premières minutes.
Amoureux du cinéma et de ses mécanismes, Robert Zemeckis fait de ROGER RABBIT une éloge à la poursuite du rêve et à la contamination du réel par la fiction. Œuvrant pour une liberté totale de sa caméra et de l'imagination, le cinéaste s'échine à abolir les frontières. Pour convaincre un public forcément sceptique, il choisit de faire de son héros un homme qui a perdu sa faculté à tolérer le rêve. C'est au rêveur d'autrefois, devenu aujourd'hui cynique et aigri, que Zemeckis s'adresse. Toujours dans l'optique d'abattre des cloisons, Zemeckis profite de ses nombreux morceaux de bravoure pour faire cohabiter personnages issus de Tex Avery, des cartoons Warner et de Disney, ainsi que quelques créations originales. Sont à marquer d'une pierre blanche le duel entre Daffy Duck et Donald et le gag (court mais à se pisser dessus) qui se permet de réunir les icônes Bugs Bunny et Mickey Mouse. Dernier élément de conviction massive : Jessica Rabbit. Un toon tellement séduisant de par ses formes "boombasticks" que les hommes et les toons se la disputent avec la même ténacité.
QUI VEUT LA PEAU DE ROGER RABBIT ouvre une voie. Après avoir passé une grande partie de sa jeune carrière à mêler sa passion pour raconter des histoires et son obsession à repousser les mécanismes narratifs, Robert Zemeckis va désormais s'attacher à révolutionner la technique se mettant en quête d'histoires "impossibles" à raconter. Conteur né, le cinéaste se découvre une âme de pionnier.
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